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Emeline Michel à Haïti en folie : L’odeur de ma terre

Photo: Collaboration spéciale

À l’occasion de ses 30 ans de carrière internationale, la diva de la musique haïtienne Emeline Michel vient clôturer le festival Haïti en folie ce dimanche au parc La Fontaine. Métro en a profité pour l’entretenir de sa première ville d’adoption, Montréal.

Quel rapport entretenez-vous avec Montréal? Que représente cette ville pour vous?
C’est ma ville d’accueil, c’est celle que j’ai rejointe lorsque j’ai quitté Haïti. Montréal est également le lieu où j’ai appris ma carrière musicale et où je me suis jointe à la défunte étiquette de disques Trafic, avec laquelle j’ai travaillé en compagnie de Luc De La Rochelière à l’époque de mon album Rhum et Flamme. J’ai appris la rigueur et, pour quelqu’un qui vient d’une île comme Haïti, c’est important, car parfois on donne des rendez-vous et on peut attendre toute une journée avant que la personne arrive… nous avons un autre rythme et une autre façon d’envisager les heures et les horaires.

À Montréal, j’ai pleinement réalisé ce qu’impliquait une carrière artistique sous toutes ses coutures. Je me suis rendu compte que l’art n’était pas seulement une partie de plaisir, mais également une responsabilité et un travail.

L’année 2018 marque vos 30 ans de carrière. Qu’avez-vous à raconter après 30 ans de musique?
Le monde ne nous permet pas de n’avoir rien à raconter. Les réalités d’aujourd’hui sont malheureusement similaires à ce qu’elles étaient il y a 30 ans. Quand j’ouvre la télévision, je réalise que cela explose encore de partout, il y aura donc toujours des choses à dire et à dénoncer. Après 30 ans, je pense être devenue plus prudente dans le message que je diffuse. Aujourd’hui, nos chansons sont encore plus exposées qu’avant, toute la planète est à l’écoute dès que nous sortons un nouveau titre.

Mais ma passion pour la musique est encore bien vivante. Le jour où le feu sera éteint, je m’en irai et je passerai à autre chose, c’est certain; je m’arrêterai de chanter, c’est sûr.

Est-ce que la musique peut changer le monde?
Absolument! On peut danser, bouger et s’amuser en écoutant de la musique, mais on reçoit aussi beaucoup de la musique. On reçoit des messages avec une luminosité qui est exceptionnelle. Oui, la musique peut changer les êtres humains et la planète en entier.

«Montréal, c’est une partie de ma famille musicale.» – Emeline Michel, chanteuse

Quelle est la plus grande leçon que la musique vous ait donnée?
La musique m’a permis de réaliser que nous étions, tout un chacun sur la terre, une seule entité face à la musique. Après avoir voyagé un peu partout, c’est la plus belle leçon que je retiens. Cette force me donne le goût de continuer et me fait réaliser le regard que je porte sur mon prochain.

Quelles sont les chansons essentielles de votre répertoire?
Inévitablement, la pièce L’odeur de ma terre: «Je te parle d’un pays qui n’est plus un paradis, mais où dansent les paysannes aux candeurs d’une courtisane…» Cette chanson est symbolique; ce texte, pour moi, résonne de façon positive. C’est la perle noire des Antilles que l’on veut retrouver. Avec toutes les épreuves qu’a traversées Haïti, cette chanson résonne pour les expatriés et pour les nostalgiques d’une époque dorée de l’île. Cette chanson incarne la douceur de vivre et résume un sentiment tragique et doux. Et puis, il y a la chanson Rhum et Flamme que j’ai récemment remise à mon répertoire. C’est d’ailleurs une chanson qui a été écrite à Montréal avec toute la clique des disques Traffic, c’est un rap.

Envisagez-vous de passer vos vieux jours en Haïti?
Je suis très impliqué dans la production, chez moi en Haïti. Je travaille et j’organise des ateliers avec les nouvelles voix et les nouveaux talents en chanson. En fait, oui, je me vois bien planter. Je me vois très bien planter en Haïti. C’est un peu le rêve qui prend forme en ce moment.

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