Lise Bissonnette: Onze ans et une Grande Bibliothèque plus tard
Nouveau site web, revue savante, ouvrage retraçant l’histoire de
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), invitée
d’honneur au Salon international du livre ancien et de l’estampe… Après
11 ans à la tête de BAnQ, Lise Bissonnette quittera le 21 juin après
une fin de mandat bien chargée.
Vous quittez après avoir présenté plusieurs projets. C’était important pour vous?
L’histoire de BAnQ, je trouvais cela très important d’en parler. C’est
une institution qui est mal connue au Québec. Les gens pensent à la
Grande Bibliothèque, mais ne font pas le lien avec Bibliothèque et
Archives nationales du Québec. La Grande Bibliothèque, ce n’est qu’un
des 11 établissements de BAnQ. Ce n’est pas qu’on n’en soit pas fier.
Mais du point de vue de tout ce que le personnel de BAnQ fait, c’est un
peu injuste.
Vous avez eu à naviguer à travers plusieurs fusions dans les dernières années. Et d’ailleurs l’ouvrage de Denis Goulet permet justement de retracer les origines de BAnQ.
Nous avons changé de nom quatre fois, il y a eu trois lois successives – 1998, 2002, 2006 – et nous avons entre autres lancé la Grande Bibliothèque et fait la fusion de la Grande Bibliothèque du Québec avec la Bibliothèque nationale du Québec et avec les Archives nationales. L’institution a probablement atteint sa forme finale, ce serait étonnant qu’on nous propose une autre fusion, et donc l’ouvrage de Denis Goulet est important pour rendre justice à tous, dans tout ce tourbillon. C’est un peu comme une biographie autorisée. Nous lui avons donné accès à toutes les personnes qu’il voulait rencontrer et nous avons travaillé avec lui.
Qu’aimeriez-vous particulièrement faire découvrir au grand public?
Je trouve que le grand public ne comprend pas assez le rôle patrimonial de l’institution. Et je ne parle pas uniquement du passé. L’institution a deux rôles très importants sur ce plan. L’un qui est de tout acquérir, rassembler et conserver, qui est énorme. Nous sommes responsables de l’ensemble des archives publiques et privées du territoire. Nous avons 9 centres d’archives et 30 centres agréés, qui sont des organismes privés qui gardent des archives et nous garantissons qu’ils ont les bonnes conditions pour le faire. C’est un travail de mémoire, et de conseils, extraordinaire. En plus de ça, nous restons en état de veille et nous cherchons à rassembler tout ce qui a été publié au Québec de la Nouvelle-France à nos jours, tout ce qui se publie à propos du Québec dans le monde. On ne parle pas seulement de livres, mais de disques, de cartes, de plans, de cartes postales…
La Grande Bibliothèque a quatre ans. Quel bilan faites-vous des dernières années?
Je vis actuellement une sorte d’enchantement. Il ne se passe pas une
journée sans que deux ou trois personnes viennent me voir avec des bons
mots. Je pense que les gens ont un peu besoin d’un conte de fée…
Il y a tout de même eu certains côtés négatifs, notamment les lamelles de verre qui tombaient…
L’incident peut paraître spectaculaire, mais il est mineur. C’est un
revêtement qui a craqué, la structure est parfaitement construite. On
nous a dit que le verre se consolidait avec le temps, et ça s’est
vérifié. L’année dernière, une seule lamelle est tombée.
Vous avez émis un regret concernant les heures d’ouverture…
Nous avons les heures d’ouverture parmi les meilleures de la planète.
Mais, plus on en a, plus on en veut. Sauf que cela coûte très cher, et
il faut être raisonnable. De par notre taille et notre présence partout
en province, nous somme l’institution culturelle la plus coûteuse pour
le gouvernement. C’est beaucoup de ressources publiques. Il faut être
solidaire des autres institutions culturelles.
Parmi les nouveautés, votre portail internet vient d’être modifié.
J’avais lancé le portail précédent deux mois avant l’ouverture de la Grande Bibliothèque, pour que la Grande Bibliothèque «virtuelle» soit ouverte avant le lieu physique. Depuis quatre ans, nous en avions mis tellement qu’il était devenu difficilement navigable. Personne ne s’y retrouvait. L’ergonomie a été revue. Nous sommes à la fois bibliothèque publique,
bibliothèque nationale et archives nationales. Ce que vous cherchez,
vous devez le trouver. Où ça se trouve, ça vous est égal. Avec les
contenus que nous avons, ce n’est pas un petit défi.
Avec l’internet, quel est le rôle de la bibliothèque maintenant?
Il y a 54 personnes ici à l’informatique et aux télécommunications. Nous mettons en réseau l’ensemble du Québec et l’ensemble des bibliothèques nationales de langue française. Peu de choses conviennent aussi bien aux bibliothèques qu’internet. C’est le rôle ancien des bibliothèques qui revient, le rôle de catalogage. Au début du 20e siècle, certaines bibliothèques avaient le rêve d’avoir tout ce qui se publie dans le monde. Et c’était possible. Cela a cessé de l’être au milieu du siècle, après la Deuxième Guerre mondiale, quand la production éditoriale a explosé. On avait perdu ce rêve, mais on est en train de le rattraper parce que les bibliothèques sont des endroits où on recodifie les savoirs qu’on trouve sur l’internet.
Il y a d’autres projets que vous auriez aimé réaliser?
Il y aurait d’autres bibliothèques spécialisées à créer. J’ai travaillé
un bout de temps sur un projet de bibliothèque des arts du spectacle.
Et les richesses du portail virtuel restent à découvrir. J’aurais aimé
travailler plus avec le milieu de l’éducation pour qu’il profite de ce
contenu.
Le nouveau portail virtuel de BAnQ:
www.banq.qc.ca