5e rang: Thriller rural
La nouvelle saga familiale 5e rang s’ouvre sur une découverte macabre dans l’apparente tranquillité du village de Valmont.
Sur une trame de cordes western discordantes, le monde de Marie-Luce (Maude Guérin) bascule lorsque les restes de son mari, Guy, sont découverts dans un fossé, non loin de la ferme porcine familiale.
La matriarche était pourtant habituée aux disparitions prolongées de son époux, qui aimait un peu trop l’alcool et les femmes. Au fil de l’enquête, sa mort subite déterre les rivalités d’une fratrie de cinq sœurs et d’autres secrets bien gardés des autres habitants du village.
«Marie-Luce est une femme forte qui tient sa ferme à bout de bras, et elle découvre tout au long des épisodes des secrets légués par son mari. La complexité de ses relations avec ses sœurs est également dévoilée. On se promène du drame au rire, mais c’est surtout à propos d’une femme qui tient à ses proches et à son gagne-pain coûte que coûte», raconte Maude Guérin.
Du reste de la distribution étoffée se distinguent de grosses pointures comme Luc Senay et Martine Francke, et aussi les prometteurs Maxime de Cotret et Simon Pigeon, qu’on voit moins souvent à l’écran.
«Près d’un étang ou dans une roulotte, on voyage dans le 5e rang, et je pense que les gens vont apprécier le fait que c’est une des seules séries d’ici qui parle de la région sous un angle contemporain.» – Maude Guérin, comédienne
Des personnages complexes
Pour leur troisième téléroman sur les ondes de Radio-Canada, les auteurs Sylvie Lussier et Pierre Poirier (4 et demi, L’auberge du chien noir) mêlent le drame psychologique au suspense. La forme de leur écriture brouille les cartes quant à l’identité du meurtrier de Guy.
Comme dans tout bon roman policier, tout le monde peut être coupable. «On ne cherche pas juste à savoir qui a tué. On s’attache aussi aux personnages qui vivent des choses intenses dès le départ. Ils ne sont pas unidimensionnels», raconte la comédienne Maude Guérin.
Avec les intentions de tous bien camouflées, la série ne se limite pas au classique whodunit.
«On ne visite pas vraiment le passé des personnages. L’intrigue policière est le fil rouge à partir duquel vont se déployer les destinées des personnages», explique André Béraud, directeur de la fiction et des longs métrages à Radio-Canada.
Par exemple, les «commères» du village, duo interprété par Roger La Rue et Michel Laperrière, semblent tempérer le drame ambiant avant de connaître des moments touchants plus tard dans la série, tandis que le soldat vétéran Réginald (Maxime de Cotret), à l’allure menaçante, se révèle un bon samaritain dès le premier épisode.
La campagne québécoise d’aujourd’hui
La région n’est plus la chasse gardée des Pays d’en haut. «On voulait donner un côté moderne et actuel à la campagne québécoise», note l’auteure Sylvie Lussier. Certains clins d’œil contemporains comme la visite d’un chef de restaurant huppé ou la présence d’un travailleur mexicain illustrent cette actualisation du terroir.
Pendant les 80 jours de tournage, l’équipe a presque toujours gravité autour de la ferme du crime à Saint-Chrysostome, qu’une des productrices, Joanne Forgues, a achetée.
«Seulement 3% des scènes ont été tournées en ville. On est devenus à cet endroit comme une famille nous aussi», avoue le réalisateur Francis Leclerc (Apparences, Les beaux malaises).
«On se sent comme chez soi, à force d’être là tout le temps en tournage. Ça amène toute une dimension intime, et je pense qu’on va le sentir à l’écran», ajoute Maude Guérin.
Onze épisodes seront présentés à l’automne, et 12 suivront à l’hiver. Selon les artisans, tout porte à croire qu’une seconde saison sera rapidement mise en route.