Cette semaine, Métro craque pour Des histoires inventées, Peur : Trump à la Maison Blanche…
1. Des histoires inventées
«La vie est imprévisible, et la plupart des films ont le malheur d’être prévisibles.» Sauf qu’il n’y a rien de prévisible dans le documentaire que consacre Jean-Marc E. Roy à l’homme qui prononce ces paroles. À ce grand «consommateur de paroles» lui-même, à ce cinéaste inclassable, iconoclaste et férocement indépendant qu’est André Forcier. Ces histoires inventées, ce sont toutes celles que l’homme a créées au cours de sa carrière (même s’il n’aime pas le mot). Celles que rejouent et revisitent ici tous ces grands acteurs qui, au fil du temps, ont «accepté de le suivre pour des pinottes». Celles que rendent si bien la direction photo d’Alexandre Lampron et le regard si original du documentariste. Placé dans ce cadre qui lui sied si bien, le cinéaste septuagénaire raconte, en se révélant juste ce qu’il faut, juste assez, ses doutes, ses fantômes, sa singularité et ses films, qui ont toujours été pour lui des «quêtes absolues d’absolu».
Absolument superbe. Natalia Wysocka
2. Peur : Trump à la Maison Blanche
Alors que les États-Unis – et le monde – sont depuis quelques jours à mi-course du mandat du président américain, la lecture de Peur, la version française du livre Fear, reste d’actualité. S’appuyant sur de longues entrevues et des sources très proches du pouvoir, le journaliste chevronné Bob Woodward – corévélateur du scandale du Watergate dans les années 1970 – raconte un Donald Trump à l’«ignorance relative» et aux «positions dangereuses» à qui on doit «réexpliquer en permanence», au fil des mois, des dossiers et à qui on subtilise des documents qu’on ne veut pas qu’il signe. Le pire? À son âge, «il ne reconnaîtra jamais qu’il a tort, jamais», dit un de ses conseillers. En librairie. Baptiste Barbe
3. Blackout
Il y a 50 ans, des étudiants noirs occupaient une partie de l’Université Concordia pour protester contre le refus de l’institution d’entendre leurs plaintes contre un professeur accusé de racisme. L’occupation, qui s’est conclue par une centaine d’arrestations, a marqué l’histoire des relations raciales au Canada, mais est largement oubliée par les Montréalais. Le Théâtre Tableau d’hôte revient sur ces événements avec une trame habilement construite basée sur des documents d’époque. Le propos demeure toutefois très actuel, comme les nombreux clins d’œil faits à SLAV le prouvent. Au théâtre D.B. Clarke de l’Université Concordia, jusqu’au 10 février. Benoit Valois-Nadeau
4. Lettre infinie, le nouvel album de M
Après les projets collectifs La B.O2 -M- et Lamomali, Matthieu Chedid renoue avec la chanson solo pour nous offrir un sixième album riche en exploration. Muni de sa guitare électrique, le chanteur français excelle dans le disco-funk avec Superchérie et Logique est ton écho, qui rappellent les rythmes accrocheurs de Daft Punk. (On aimerait en dire autant de ses ballades Massaï et L’autre paradis, qui peinent néanmoins à susciter l’émoi recherché.) Dans Billie, le chaleureux duo qu’il propose avec sa fille, le chanteur offre en revanche une conclusion touchante à cette offrande à l’éclectisme parfois déroutant. Charlotte Mercille
5. Avec un sourire, la révolution!
Alexandre Chartrand l’avoue dès le départ : son documentaire consacré au référendum sur l’indépendance de la Catalogne de 2017 prend parti pour ceux qui veulent faire de cette région de l’Espagne un pays. Difficile en effet de rester impartial en voyant la ténacité des militants indépendantistes catalans. Grâce à la caméra furtive du cinéaste, on assiste de l’intérieur à la montée des tensions entre Barcelone et Madrid, jusqu’à l’intervention brutale des forces espagnoles venues «rétablir la démocratie» en fermant les bureaux de vote. Une finale révoltante pour un documentaire inspiré. Présentement en salle. Benoit Valois-Nadeau
6. Le clone est triste
Dans un avenir proche, les
baby-boomers ont été bannis sur la face cachée de la Lune pour avoir saccagé une bonne partie de la planète. Tous, sauf un : le mystérieux Robert Douillette, qui utilise les organes de ses clones pour rester jeune! L’intrigue du nouveau spectacle du Théâtre du futur est peut-être farfelue, mais pas insignifiante pour autant. Par le biais d’une série de gags désopilants (on retiendra particulièrement le spectacle de danse moderne en hommage à Joël Le Bigot), Le clone est triste fait réfléchir sur les relations intergénérationnelles. On a aussi aimé la mise en scène minimaliste, mais inventive, et la musique signée Navet Confit et Philippe Prud’homme. Aux écuries jusqu’au 16 février. Benoit Valois-Nadeau
7. Fyre festival
Le documentaire de Netflix Le meilleur festival qui n’a jamais eu lieu (The greatest party that never happened) raconte l’histoire incroyable du Fyre Festival, cette fête grandiose promise aux riches millénariaux sur une île privée des Bahamas, qui s’est avérée être une des fraudes les plus spectaculaires de notre époque. Appuyé par des entrevues captivantes, le documentaire plonge dans cette spirale de mensonges qui a laissé des centaines de festivaliers sans abri et sans nourriture sur une île des Tropiques qui n’était pas prête pour les accueillir. On s’attache à plusieurs personnages, dont le dévoué Andy, prêt à tout (TOUT!!) pour sauver le Fyre. Une odyssée captivante qui passe aussi comme un avertissement contre les mirages des influenceurs. Alexis
Boulianne
Et on se désole pour
Les gens qui veulent emprunter nos DVD
Bon. Il y a du monde (allô Philippe Lemelin), qui ne comprend pas qu’il y a des affaires dans la vie qui ne se prêtent pas, comme par exemple tes DVD préférés d’Harry Potter (ou mes livres d’Harry Potter, c’est non aussi, ne vous essayez pas). Parce que, même si ton collègue est un Griffondor, pis qu’il te dit qu’il va en prendre soin, ça ne veut pas dire qu’il va te rapporter tes DVD rapidement, ou que tes DVD n’auront aucune grafigne, ou que la couverture va être encore propre ou qu’il va vraiment en prendre soin. Je t’aime bien Philippe, mais c’est non. Virginie Landry