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Louis-Jean Cormier, notre personnalité culturelle de l’année

Louis-Jean Cormier Photo: Denis Beaumont/Métro

Les 12 mois qui viennent de s’écouler ont été riches en instants marquants et en projets prenants pour le leader de Karkwa. En plus de s’être lancé en solo avec Le treizième étage, un disque encensé de tous bords tous côtés, Louis-Jean a réalisé l’album de la sensation Lisa LeBlanc et récolté un Félix en compagnie de ses comparses pour la deuxième édition des Douze hommes rapaillés. Choisi personnalité culturelle 2012 par l’équipe du Métro, cet inconditionnel de Gaston Miron jette un regard sur son année. Et sur celle des autres.

En septembre, vous avez fait paraître un premier album sous votre nom. Qu’est-ce que ça vous a apporté de plus beau?
Un sentiment d’accomplissement. Avec Karkwa, j’étais le membre d’un groupe, tout le monde s’entraidait. Je n’avais pas le sentiment de tenir un projet sur mes épaules. Alors qu’en solo, je l’ai. J’ai dû me compromettre, me laisser aller et, finalement, j’ai réussi à faire un disque qui se tient et que les gens aiment.

La réalisation de l’album de Lisa, ç’a aussi été un gros moment de votre année, n’est-ce pas?
Absolument. Lisa et moi, on avait des références communes et on savait où on voulait aller. Je savais qu’on tenait quelque chose de gros, mais j’ai été surpris de voir à quel point certains producteurs et gérants d’artistes n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Reste que l’équipe de [la maison de disques et de gérance] Bonsound, à qui je lève mon chapeau, a embarqué tête première… et ne s’est pas trompée!

Si vous aviez à nommer une personnalité 2012?
Ah! c’est gros! Ça ne peut pas être n’importe qui… Hmm, je dirais Philippe Falardeau. J’ai adoré Monsieur Lazhar. Quand j’ai vu ce film, j’ai pensé au cinéma d’André Forcier et… à La guerre des tuques! Ce gars-là est foncièrement québécois dans ce qu’il fait. Il a réussi à réaliser un film qui parle d’immigration et d’éducation, et pourtant… ça sent le Québec!

Quels sont les événements qui ont marqué la province et qui vous ont particulièrement touché?
Je pense qu’on ne peut tout simplement pas passer à côté des élections et de l’attentat contre Pauline Marois. C’est trop gros pour être vrai, trop irréel, et pourtant, ça s’est passé. Je citerais aussi tout ce qui s’en est suivi, notamment le spectacle auquel j’ai participé à la mémoire de Denis Blanchette…

Les événements qui vous ont marqué à l’international?
Tout ce qui s’est passé au cours du printemps arabe qui persiste, ce qui s’est passé en Syrie, ce qui est en train de se repasser dans la bande de Gaza. Et bien sûr, la tuerie de Newtown, qui est indescriptible. J’ai du mal à aborder ce sujet. Tout à l’heure, j’en entendais parler à la radio et je me suis pratiquement mis à pleurer. Je souhaite que nos dirigeants bataillent le plus fort possible pour qu’on puisse avoir un registre sain et fiable. Pour qu’on puisse mettre la main sur notre registre à nous et gérer ce qui se passe dans notre province.

De quoi n’a-t-on pas assez parlé cette année, selon vous?
De tellement de choses! Mais un sujet qui me touche beaucoup, dont on devrait parler encore et qu’on devrait remettre dans la face de tout le monde, d’après moi, ce sont les compressions en culture auxquelles a procédé monsieur Harper. C’est dégradant, c’est dégueulasse, ça me pue au nez. S’il y a une chose dans laquelle on devrait investir plus, toujours plus, c’est bien dans la culture. Couper là-dedans, c’est perdre de l’argent. Et je déteste, je hais certains spécialistes financiers qui vont faire des études pour prouver le contraire, parce que c’est un raisonnement simple comme bonjour. La culture, c’est payant. Voilà.

Et de quoi a-t-on trop parlé cette année?
Je trouve qu’on a beaucoup parlé de la situation étudiante, mais qu’on n’a peut-être pas assez parlé de ce qu’elle représentait à l’échelle globale. Et on a fait beaucoup trop de comparaisons avec les États-Unis et les provinces canadiennes pour justifier la hausse. Trop de comparaisons, ça ne sert ni ne mène à RIEN. Pourquoi on ne serait pas les premiers à instaurer la gratuité? Pourquoi on ne serait pas les premiers à faire quelque chose de débile?

Si vous deviez résumer 2012 au Québec en quelques mots?
Je citerais Miron : «Bêtes féroces de l’espoir».

Pour finir, qu’avez-vous appris de plus important dans les 12 derniers mois?
Plein de choses, mais le principal, je l’ai appris en travaillant avec Lisa LeBlanc. J’ai compris que la musique, ça se fait parfois en levant le majeur, avec une belle dose de je-m’en-foutisme. Auparavant, j’étais toujours crispé à l’idée d’essayer des choses. Depuis que j’ai collaboré avec elle, je me sens bien. Je me dis : «Détends-toi! Prends ça relaxe! Fais de la musique avec tes couilles et tu vas en bénéficier après.» Et ça marche! Vraiment! On dirait que j’ai découvert ma vraie nature!

Les coups de cœur de Louis-Jean

  • Un concert que vous avez vu et que vous garderez en mémoire? «Father John Misty, au Cabaret du Mile-End. Petit show, pas beaucoup de monde. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu quelqu’un chanter autant, aussi bien. Et Chilly Gonzales à POP Montréal. Un pianiste que j’adore, généreux et hyper talentueux!»
  • Une chanson qui a marqué votre année? «La journée qui s’en vient est flambant neuve, d’Avec pas d’casque. Pour ce qu’elle dit, pour le génie et la plume de Stéphane Lafleur et parce que ma fille la chante à tue-tête depuis des mois! Ça me met tout de suite de bonne humeur.»
  • Un livre que vous avez aimé? «Je suis un drôle de lecteur. Je vais plonger dans un livre tête première, puis, d’un geste brusque, je vais le laisser sur la table, je vais entrer en production de disque, et je ne le lirai pas pendant deux mois. C’est ce qui est arrivé avec Les piliers de la terre, de Ken Follett. Je suis encore en train de le lire et je l’ai commencé avant la production du Treizième étage! Cela dit, c’est très, très bon!»

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