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Des Montréalaises derrière Captain Marvel

Laurence Provost et Patricia Leblanc. Framestore, le deuxième studio d’effets visuels en importance à Montréal, s’est aussi installé à New York, à Los Angeles, à Chicago et à Pune. Photo: josie desmarais/métro

Brie Larson n’est pas la seule femme à jouer un rôle-clé dans le dernier-né de l’abondante filmographie Marvel. Métro a rencontré deux créatrices des effets visuels du seul long métrage de la franchise à mettre en vedette une superhéroïne.

Dans les bureaux lumineux  de Framestore situés dans le Mile End, les employées Laurence Provost et Patricia Leblanc­ ne sont pas étrangères aux films de superhéros. Elles ont toutes deux planché sur Deadpool 2, une autre facture visuelle de l’entreprise britannique, avant de plonger dans Captain Marvel.

«On avait déjà collaboré avec Marvel, mais c’était toujours en partenariat avec les autres bureaux, dont la maison mère à Londres», précise Patricia Leblanc, productrice déléguée. Cette fois-ci, l’équipe montréalaise signe pour la première fois une partie des effets visuels du film Captain Marvel sans l’aide des autres studios.

«Sur le plan de la parité, la compagnie reflète bien où Montréal se situe. Je crois que les femmes y ont toujours eu davantage leur place qu’ailleurs. Quand nous parlons, on prend le temps de nous écouter, et quand je pose des questions, les autres se montrent ouverts et heureux de m’expliquer.» – Patricia Leblanc

Brie Larson incarne la superhéroïne Carol Danvers­, alias Captain Marvel, qui tente de concilier son ancienne identité comme pilote des forces aériennes américaines et ses nouveaux pouvoirs de guerrière extraterrestre Kree. Son conflit intérieur coïncide avec une guerre intergalactique sur le point d’éclater entre les Kree et les Skrulls.

Chris Townsend, le superviseur en chef des effets visuels du film, a confié à Framestore Montréal la tâche de concevoir le vaisseau spatial Helion et les paysages de l’inquiétante planète Torfa, lieu où les guerriers Kree entrent en contact avec leurs rivaux Skrulls.

Laurence Provost faisait partie des artistes responsables du matte painting, une technique de peinture numérique utilisée pour créer les décors de Torfa.

À partir des scènes avec les acteurs, elle et ses collègues ont remplacé le fond vert du tournage par une toile composée d’objets en trois ou deux dimensions qui se veut la plus réaliste possible.

«En fonction du mouvement de la caméra, du budget et de la réalisation, le 2D, le 3D ou un mélange des deux sera privilégié», indique celle qui a suivi une technique en synthèse d’images numériques au Cégep du Vieux-Montréal.

«Je ne m’attendais pas du tout à travailler dans le milieu, mais j’ai profité du boom que connaît la métropole pour me trouver un emploi dans ce domaine et j’en suis tout de suite tombée amoureuse. La variété des projets ainsi que l’exploration, le débat et le processus créatif nécessaire pour arriver à une image ensemble me fascinent continuellement.» – Patricia Leblanc

«C’était important pour nous de créer un espace jamais vu auparavant. Comme c’est impossible de tourner pour représenter l’espace, on créait de nouvelles formes à partir de Terragen (un logiciel générateur de paysages) au lieu d’images déjà existantes. Grâce au programme, on pouvait reprendre le même rendu pour plusieurs caméras et séquences», décrit-elle.

Fait cocasse, l’équipe a ajouté sa touche montréalaise aux montagnes de Torfa en utilisant un photoscan d’un banc de neige en train de fondre au mois d’avril dernier. En accéléré, l’animation offre l’illusion que les pics sont vivants.

Montréal aux premières loges de l’industrie

Aux yeux des professionnelles, Captain Marvel représente une nouvelle occasion pour la métropole d’élargir son influence sur la scène internationale.

«Le film montre que c’est ici que ça se passe. Une production de cette envergure met Montréal sur la carte et je crois que ça va attirer encore plus d’artisans étrangers, car c’est un film qui sera vu un peu partout dans le monde», assure Patricia Leblanc.

Un vœu qui s’exauce déjà chez Framestore où plus de 49 nationalités se côtoient tous les jours. «La langue de travail reste le français, mais c’est un gros melting pot de cultures», observe Patricia Leblanc.

Avec des recettes de 455 M$ jusqu’à présent, Captain Marvel est la seconde plus grande ouverture de tous les temps pour Marvel.

En effet, l’industrie des effets visuels à Montréal ne cesse de bourgeonner. Le Québec s’est imposé comme un des cinq États les plus importants du monde dans le domaine, et, selon le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), le nombre de travailleurs a bondi de 2 700 à 3 800 entre 2016 et 2018, une hausse de 41% en 2 ans. Framestore ne fait pas exception, étant passé de 80 salariés à son ouverture en 2013 à 600 aujourd’hui.

Parmi ces employés, beaucoup de femmes occupent des postes de direction du côté du management, mais ce sont encore surtout des hommes qui supervisent la conception. Laurence Provost a également étudié dans des classes où il y avait plus d’hommes, mais elle dit ne jamais avoir été traitée différemment de ses pairs masculins.

«Ce n’est pas tout à fait égal, mais on va tranquillement commencer à avoir des femmes responsables de travail. C’est une question de temps, car ces postes demandent souvent plus d’expérience que les artistes femmes en ont pour le moment», explique­ Patricia Leblanc.

Cette dernière s’attaque maintenant à un autre film avec une femme de tête, Mulan, tandis que Laurence Provost œuvre à une télésérie adaptée des romans À la croisée­ des mondes.

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