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Quête de sens intersidérale

High Life de Claire Denis, avec Robert Pattinson. Photo: Entract Films

La réalisatrice Claire Denis explore l’espace sidéral et humain dans son fascinant nouveau film High Life.

Après les vampires de son troublant Trouble Every Day, la réputée cinéaste française se lance dans l’aventure la plus ambitieuse de sa carrière, suivant les péripéties de criminels cobayes envoyés hors du système solaire pour une mission bien spéciale.

«Ce n’est pas un film de genre pour autant, relativise la créatrice en entrevue. C’est un film de famille, de prison. C’est dans l’espace, mais ce n’est pas de la science-fiction.» Dès les premières secondes, le récit évoque le chef-d’œuvre d’Andreï Tarkovski Solaris. Puis, on pense à Stalker, 2001: A Space Odyssey, Alien, Under the Skin…

Comme dans ses puissants 35 rhums et Nénette et Boni, on y perçoit un hommage au cinéaste japonais Yasujiro Ozu, cette fois dans le cadre d’une singulière relation père-fille qui amène chaleur et réconfort à une œuvre au demeurant austère.

«Je crois qu’il y a toujours eu beaucoup d’amour dans mes films, même s’il y a de la solitude, rappelle celle qui fait des longs métrages depuis plus de deux décennies. Peut-être pour la première fois dans l’existence du père, la petite fille va lui donner la possibilité de vivre et d’être heureux.»

Le héros est campé par un Robert Pattinson qui s’affranchit encore davantage de son image de jeune premier de Twilight. «J’avais l’impression qu’on se connaissait déjà, explique Claire Denis. Dans les années 1930, les icônes de cinéma pouvaient prendre des risques. Maintenant, on leur dit qu’il faut capitaliser sur un succès et pas deux.»

Pattinson fait figure d’exception et il n’hésite pas à se perdre dans cette odyssée sensorielle, radicale et pleine de tabous, qui a secoué le public au dernier Festival international du film de Toronto. La narration sibylline déconstruit la temporalité pour y intégrer symboles et poésie. À tel point que le cinéphile y verra ce qu’il veut.

«J’ai pourtant pensé le film d’une manière absolument factuelle et concrète, explique la réalisatrice et scénariste. Une fois que le film est fait, je peux commencer à me dire : “C’est la condition humaine.” Mais au début, je pensais à une prison dans l’espace…»

Après avoir enchaîné Un beau soleil intérieur et High Life, la cinéaste septuagénaire n’est pas prête à s’assagir, ralentir ou se répéter, gardant bien vivant ce feu sacré dont elle finit pourtant par sentir la morsure.

«Je crois qu’il y a une quête, quelque chose de très étrange qui remue dans le cœur. Je ne sais pas pourquoi j’ai encore envie de souffrir en faisant des films. Car ça me fait souffrir et ça me fait peur», confie-t-elle.

«La meilleure métaphore qu’on puisse faire d’un voyage dans l’espace, c’est de réaliser un film. Parce que c’est plonger dans l’inconnu total.»

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