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Game of Thrones: la fin d’une série peut-elle démoraliser?

Game of Thrones, saison 8
Game of Thrones, saison 8 Photo: HBO
Rédaction - Relaxnews AFP

Dimanche soir, la chaîne américaine HBO a diffusé l’ultime épisode de Game of Thrones. Les fans arriveront-t-ils à faire leur deuil? L’arrêt d’une série peut-il réellement influer sur notre moral? Éclairage du psychologue Yann Leroux.

Les fans l’attendaient depuis longtemps et ça y est… c’est déjà fini. L’ultime saison de Game of Thrones s’achève l’épisode 6, diffusé dimanche soir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette dernière saison a suscité de fortes vagues d’émotions chez les téléspectateurs et téléspectatrices. Déçus par la tournure des événements, des fans ont récemment lancé une pétition sur Change.org (signée plus de 1 million de fois) pour exprimer leur «colère» et exiger une nouvelle version de la saison 8.

Les autres inconditionnels de la série cèderont probablement à la frustration, voire la tristesse, en voyant leurs personnages préférés déserter leur écran. Comment le parcours de vie d’une série télévisée peut déclencher des émotions aussi fortes? Le psychologue clinicien français Yann Leroux spécialisé dans les jeux vidéo et les mondes numériques répond à Relaxnews.

En 2015, une étude réalisée par des chercheurs de l’université du Texas a défrayé la chronique, en suggérant un lien éventuel entre le fait de binge-watcher [regarder plusieurs épisodes de série d’une traite] et la dépression. Les attitudes téléphages sont-elles réellement le signe d’une addiction et de dépression?
Il est facile d’être accro à une série et c’est une bonne chose, car cela n’a rien à voir avec une addiction à la drogue. Quant à la dépression, les études menées sur le sujet sont toutes corrélationnelles et il n’y a, du moins pour l’instant, aucune certitude sur le fait que binge-watcher favorise la dépression ou inversement ».

L’attachement des fans pour l’univers d’une série et ses personnages est toutefois bien réel. Est-ce dû à un phénomène d’identification ?
Assurément. Quand on regarde une série et qu’on l’apprécie, on s’attache vite aux personnages. Dans le cas de ‘Game of Thrones’, je dirais qu’il y a une certaine forme de masochisme car le principe est de s’attacher à des personnages qui ont de fortes chances de disparaître, au vu du nombre élevé de morts que l’on trouve dans cette série.

Plus généralement, cette amorce d’attachement rappelle les risques et les peurs que nous avons de perdre nos proches dans la vie réelle. Pour une personne en deuil oui qui a connu le deuil, le fait de voir des morts s’enchaîner dans les épisodes va réveiller des souvenirs ou des émotions, qu’elle va ensuite remettre en paroles en échangeant avec d’autres personnes qui ont regardé la série. C’est finalement un peu le même processus que dans une thérapie.

Au-delà du cas Game of Thrones, tout amateur de série a déjà éprouvé ce pincement au cœur en regardant le dernier épisode ou en apprenant que l’une de ses séries fétiches a été annulée. Les épisodes de déprime liés aux séries existent-ils ?
A ma connaissance, il n’y a jamais de cas en urgence psychiatrique à cause de Game of Thrones ou d’une autre série. Le sentiment de tristesse éprouvé à la fin d’une série est naturel dans la mesure où il correspond à un attachement. Mais on va vite passer à autre chose pour en faire un bon souvenir. Ceux qui traversent une passe compliquée le vivront peut-être davantage comme une mauvaise expérience. Mais ils trouveront sans aucun doute vite une autre série. Je pense que la logique du «au suivant !» est assez forte, même après Game of Thrones.

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