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Midsommar: rituels toxiques

Midsommar Photo: Csaba Aknay/A24

Après son traumatisant Hereditary, Ari Aster offre un nouveau cauchemar hallucinant avec Midsommar, un film inquiétant qui en hantera plus d’un.

En compagnie de Jordan Peele (Get Out, Us) et de Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse), Ari Aster est le porte-étendard de la nouvelle vague du film d’horreur américain. Celle qui pervertit avec un malin plaisir les codes du genre.

Ce fut le cas avec Hereditary, succès surprise de 2018, où le deuil et le chagrin prenaient la forme de métaphores destructrices chez une mère de famille. C’est également la douleur et la perte qui fragilisent une jeune femme (l’inoubliable Florence Pugh de Lady Macbeth) dans la glaçante introduction du malsain Midsommar.

«Ce sont des films que j’ai imaginés alors que je vivais différentes crises, avoue le cinéaste au bout du fil. C’est ma façon de réagir aux traumas, à la désolation. Ce sont des méditations qui se chargent des peurs existentielles.»

«J’ai grandi avec des films provocants, qui suscitent de nombreuses réactions. Ceux qui divisent et rendent inconfortables, obligeant le public à se regarder et à tracer leur propre ligne de moralité. J’ignore si Midsommar en fait partie, mais je crois qu’il s’inscrit dans cette mouvance de films qui me font le plus réagir.» Ari Aster, réalisateur et scénariste

Afin de fuir ses démons, l’héroïne n’hésite pas à accompagner son amoureux et ses amis dans un voyage en Suède, au cours duquel ils habiteront parmi les membres d’une mystérieuse communauté reculée. De quoi mettre à l’épreuve leur couple déjà chancelant…

«Eh oui, j’ai écrit un film de rupture alors que j’en vivais une, admet en riant son créateur trentenaire. Je voulais qu’on ressente ce sentiment catastrophique. Il y a quelque chose d’apocalyptique qui en ressort.»

Ce second long métrage s’apparente à une version revue et corrigée de The Wicker Man – l’opus culte de 1973, pas l’ignoble remake avec Nicolas Cage – par Ingmar Bergman. Un conte folklorique psychédélique dont la mise en scène virtuose asphyxie graduellement le spectateur sous le poids des fleurs et des mélodies suspectes de The Haxan Club. Le tout se déroulant en plein air, pendant le solstice d’été, ce qui ajoute à l’atmosphère onirique.

«L’obscurité est un outil utile pour faire peur, car tu peux cacher des choses dans le noir et les gens vont imaginer le reste, rappelle le réalisateur. Ici, l’objectif n’est pas tant d’effrayer que de perturber, d’offrir des crescendos de tension en jouant avec les attentes. Le mot d’ordre est la crainte, pas la peur.»

L’humour ne tarde pas à se mêler de la partie, agissant comme une lame de fond dans cette œuvre troublante et surréelle.

«Un film sans humour est un film gaspillé, maintient ce grand admirateur de Lars von Trier. J’ai toujours vu Midsommar comme une comédie noire, qui suit une trajectoire absurde jusqu’à sa finale surprenante. C’est sa perversité qui le rend hilarant. Derrière sa catharsis se trouve un film malicieux, comme ceux que je préfère.»

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