Au nom de la chanson québécoise
Il y a eu beaucoup de discussions, d’idées et d’émotions lors du Forum sur la chanson québécoise, qui s’est tenu hier et lundi au Centre PHI.
Pendant deux jours, artistes, diffuseurs, producteurs, associations et journalistes se sont penchés sur le thème de la chanson québécoise en mutation, dans le cadre d’un forum organisé par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) en collaboration avec la SODEC et le ministère de la Culture et des Communications.
Deux jours durant et le temps de cinq ateliers, divers membres du milieu ont débattu sur moult questions relatives à la chanson, un art fragilisé qui doit lutter en cette ère numérique qui est la nôtre. Hier après-midi, une synthèse de ces ateliers a permis de présenter des pistes de solution pour aider et soutenir la chanson québécoise et, surtout, ceux qui la créent.
Car la question du «vivre de son art» se révèle une option de moins en moins envisageable pour les auteurs, compositeurs, interprètes ou ceux qui sont les trois à la fois. «Je ne suis jamais arrivé à faire de mon travail un métier qui me permette de vivre», a rappelé lors de l’ouverture du Forum l’invité spécial Marc Chabot, essayiste, écrivain et professeur de cégep qui a aussi signé plus de 200 textes de chanson.
Signe des temps, d’après ce qu’énonçait le rapporteur, durant l’atelier sur la francité et la diversité, il a majoritairement été question d’exporter son art, plusieurs intervenants affirmant que, même pendant la création, il fallait déjà penser à l’extérieur des frontières québécoises. On a aussi parlé du décalage, du fossé même, qui existe entre les adolescents et leurs parents dans la manière de découvrir et de consommer la musique. Un thème également abordé dans l’atelier consacré à la chanson québécoise à l’ère numérique, auquel on a assisté et qui était animé par le journaliste Philippe Renaud.
Un atelier fort intéressant, durant lequel Alain Brunet, chroniqueur musique à La Presse, a fait remarquer que les quadragénaires, quinquagénaires et plus «reproduisent dans le monde numérique des comportements qui existaient dans le monde physique». Ainsi, selon lui, ils sont plus enclins à «acheter un album complet sur iTunes», chose que les ados, habitués à acheter à la pièce, sont moins portés à faire.
La désintégration de la copie physique, l’offre extrêmement (trop?) élevée de spectacles à Montréal, le manque de salles intermédiaires, l’identité de la chanson québécoise… les thématiques abordées ont été très variées. Et les opinions aussi.
À la suite des propositions et du compte rendu, plusieurs participants ont pris le micro pour exprimer leurs craintes, leurs espoirs, voire leurs frustrations. Certains déplorant par exemple que le milieu ne se réunisse pas plus fréquemment. D’autres rappelant que chanson québécoise et musique sont deux éléments bien distincts. La plupart soulignant l’importance de s’unir tous ensemble pour garder la chanson, présente et passée, bien vivante.
En guise de conclusion, Yvan Gauthier, président-directeur général du CALQ, a affirmé que le Forum «n’avait pas l’intention d’aller plus loin que l’expression d’un point de vue». «Il faut se donner la chance de réfléchir, de laisser tomber les émotions et de voir l’intérêt collectif de travailler ensemble.»
Quelques pistes suggérées durant le forum
- Créer un site internet qui réunirait la mémoire de la chanson québécoise.
- Développer les résidences en chanson.
- Offrir des réductions sur le prix des billets de spectacles de chanson aux personnes à faible revenu.
- Présenter les spectacles de chanson dans des lieux appropriés.
- Enseigner la chanson plus tôt dans les écoles.