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We are Wolves: Eldorado rock

We Are Wolves
Alexander Ortiz et Vincent Lévesque, membres de We are Wolves Photo: Chantal Lévesque/Métro

We are Wolves se font loups et lobos sur leur nouveau EP La main de Dieu, mini-album qui contient des chansons uniquement en français et en espagnol.

Si le trio rock montréalais a souvent parsemé des paroles dans la langue de Tremblay et de Neruda sur ses albums précédents, jamais il n’avait abandonné complètement l’anglais comme il le fait sur cet opus de cinq chansons.

«Étrangement, ça me ne semblait pas naturel [d’écrire en espagnol], explique Alexander Ortiz, chanteur et guitariste du groupe, qui est d’origine colombienne. C’est un autre timbre de voix, une autre façon d’être. Et un autre état d’esprit. Le langage finit par te définir en tant que personne. J’avais déjà de la difficulté à écrire en français. En espagnol, tout ce qui me venait, c’était ma relation avec ma famille. Ce n’était pas nécessairement quelque chose que je voulais exploiter.»

Un EP semblait donc le format idéal pour se tremper le pied et oser.

«C’était aussi un défi qu’on s’est lancé, ajoute Alexander Ortiz. Ça fait tellement longtemps qu’on joue de la musique, pourquoi on n’essaie pas de jouer des tounes en français ou en espagnol? L’idée d’un EP nous correspondait bien. On se commet, mais pas trop. Ce n’est pas comme un album qui nous a pris un an à faire. C’est une façon de tester le terrain et de voir que c’est possible.»

«On a essayé de rapprocher le band de notre culture d’origine, soutient de son côté Vincent Lévesque, qui officie aux claviers. On est francophones, Alex est latino…C’est aussi une maturité qui vient après avoir voyagé partout dans le monde et fait plein d’affaires. Pourquoi ne plonger là-dedans?»

«Peu importe la langue, on parle tout le temps de la même affaire dans le fond : l’amour, la mort, la vie, la célébration, l’excès, l’absurdité.» –Alexander Ortiz, chanteur de We are Wolves, à propos des thèmes «légers» abordés par le groupe.

Terre promise

Ce détour vers les langues latines n’est pas étranger non plus au succès remporté par le groupe lors des dernières années en Amérique du Sud, notamment grâce à Paloma, pièce au refrain en espagnol présente sur son troisième album, Invisible violence (2009).

Après le Mexique et le Chili, le groupe a récemment effectué une essoufflante (altitude oblige) minitournée en Équateur. La main de Dieu sera également distribué en Amérique latine sous l’étiquette Buena Onda.

Alors qu’on a parfois l’impression que la scène rock nord-américaine se cherche, c’est tout le contraire au Sud.

«On dirait que là-bas, le rock est encore possible, estime Alexander Ortiz. Du moins, plus qu’ici en Amérique du Nord, où c’est juste la pop, le R&B et le rap qui dominent. Là-bas, les p’tits culs ont encore envie d’entendre du rock et des gros riffs distortionnés.»

Un public tout indiqué pour le son «cold wave latino» (ce sont leurs mots) de We are Wolves, où les accents new wave et les guitares abrasives abondent.

«Plus aigu, plus intense, définitif», proclament-ils sur la pièce titre du EP. Un moyen de décrire leur son, qui abandonne certaines sonorités plus pop entendues sur leur dernier album Wrong?

«Je pense que c’est un peu le son d’origine du band qui est revenu au galop, observe Vincent Lévesque. Pendant longtemps, on était enfermé dans une idée de la pop. Peu importe ce que We are Wolves va faire, ce ne sera jamais si pop que ça.  Je pense qu’il y a eu une espèce d’abandon de vouloir toujours chercher ce côté pop. On s’est donné cette liberté consciemment sur le EP.»

«Tu te cherches, tu te découvres et tu te cherches encore, résume Alexander Ortiz à propos de l’évolution musicale du groupe. On a simplement appris à accepter certaines affaires et à en laisser d’autres de côté. C’est l’apprentissage. Apprendre à jouer, c’est aussi être capable de faire deux notes pendant quatre minutes et l’accepter, plutôt que de vouloir mettre des notes partout et complexifier les choses.»

Dur, dur de durer?

Formé en 2000, We are Wolves fait figure de vétéran au sein de la confrérie du rock’n roll.

Au début du millénaire, le trio a fait partie de la vague montréalaise qui a déferlé sur la scène indie rock mondiale. Presque 20 ans plus tard, les gars sont pratiquement les seuls survivants de cette époque.

«Apparemment oui, on est le seul band qui dure. Il reste nous autres, Arcade Fire… et Wolf Parade qui font un come-back de temps en temps», rigole Vincent Lévesque.

Quel est leur secret?

«On a notre façon à nous d’être dans la musique, soutient Alexander Ortiz. Il y a beaucoup de monde qui s’essouffle et qui finit par se dissiper au travers de disputes d’égo ou de trop nombreux projets. Peut-être qu’ils avaient trop d’attentes. Nous, on n’avait aucune attente. C’est étonnement que ç’a ait marché et que ça marche encore.»

La main de Dieu

We are Wolves

Disponible vendredi

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