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Gala de l’ADISQ: surprises et valeurs sûres

Béatrice Martin, alias Cœur de pirate, a remporté deux prix hier. Photo: Pablo Ortiz/Métro

Alexandra Stréliski et Cœur de pirate ont été les grandes gagnantes du 41e Gala de l’ADISQ, présenté hier à la salle Wilfrid-Pelletier lors d’une soirée qui a récompensé les valeurs sûres d’hier et d’aujourd’hui.

Alexandra Stréliski

La pianiste Stréliski, avec son sublime deuxième album Inscape, a raflé les deux prix pour lesquels elle était en lice, à savoir Auteure ou compositrice de l’année et Révélation de l’année.

À cela s’ajoute le Félix pour l’album instrumental de l’année remporté mercredi dernier au Premier gala de l’ADISQ. Trois récompenses pour un album né d’un burn-out, qui a finalement été vendu à plus de 40 000 exemplaires.

«Ben non, voyons donc, a lancé la sympathique musicienne, qui ne feignait pas la surprise en allant chercher son trophée. Je suis partie de loin, d’une partie très sombre de ma vie. Je veux dire aux gens qui vivent des moments difficiles que le brouillard peut se dissiper et qu’il ne faut pas hésiter à chercher de l’aide.»

Cœur de pirate a, quant à elle, mis la main sur les prix de l’Album pop de l’année et de l’Interprète féminine de l’année.

«Je ne m’y attendais pas. Est-ce qu’on est dans ma timeline?, a demandé la chanteuse, presque sonnée par sa victoire à titre d’Interprète de l’année. Je suis juste contente d’être là. Je veux remercier ma fille, je fais tout ça pour elle.»

Valeurs sûres

Michel Rivard

Avec des prix remis à Ginette Reno, à Michel Rivard et à Florent Vollant, on aurait pu parfois se croire en 1990, mais ce 41e gala a également fait une belle place à la jeunesse comme en témoigne le numéro d’ouverture mettant en vedette de gros canons du rap keb: Loud, Fouki, Sarahmée, Souldia et Koriass.

Koriass

Une belle reconnaissance pour un style qui était absent des galas il n’y a pas si longtemps.

Loud a coiffé la montée du rap au Québec en allant cueillir en toute fin de gala le prix de l’Interprète masculin de l’année. Il a aussi remporté, selon ses propres dires, le titre de l’interprète le plus confortable de l’année, en montant sur scène vêtu de son plus beau suit en coton ouaté, son «Hochelag’ tuxedo», comme il l’a dit lui-même.

Était-ce un clin d’œil à Bleu Jeans Bleu et à son hit Coton ouaté, qui a raflé le prix du Groupe de l’année? L’histoire ne le dit pas. 

Parlant de confort, Louis-José Houde était pleinement à son aise à l’animation, lui qui était à la barre de l’événement pour une 14e année consécutive (!).

L’humoriste a maintenu le rythme d’un gala qui s’est malheureusement parfois un peu étiré, laissant peu de place aux gagnants et à leurs remerciements. 

LJH a déridé le public à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il a souligné la fulgurante progression «géographique» du rappeur Fouki lors de la dernière année, lui qui est passé «de la rangée O, siège 41, à la rangée EE» parmi les nommés du gala.

Houde s’est également payé la tête de l’auteur de Gayé en énumérant sa liste de demandes pour sa loge en tournée: plateau de fruits et de grignotines (voilà qui vient briser le mythe du rappeur), citron et miel pour les cordes vocales «mais aussi 3 paquets de 25 cigarettes», 6 Gatorade bleus et évidemment «14 g d’herbe légale forte en THC».

Si le rire était assuré à l’animation, on a également pu compter sur Pierre Lapointe pour brasser la cage. Venu présenter le Félix de l’album pop de l’année, le lion imberbe a rugi en dénonçant l’état précaire dans lequel la transition numérique laisse le milieu culturel.

«On se fait voler par des multinationales qui viennent faire des affaires au Canada et qui sont exemptes d’impôts, a-t-il lancé en raillant la plateforme Spotify, qui ne lui a remis que 500$ pour le million d’écoutes de son classique Je déteste ma vie. Les géants du web doivent payer des impôts et participer à la création de nouveau contenu canadien. Il en va de notre survie culturelle.»

«Ça fait 20 ans qu’on dit que le web va nous mettre dans la merde et on n’a presque rien fait. Aujourd’hui, nous sommes tous dans la merde: musique, médias, taxi, hôtellerie.»


Pierre Lapointe, chanteur, dénonçant l’influence des géants du web sur l’industrie musicale

Soir de première

Pour la première fois de son histoire, l’industrie musicale québécoise a décerné un Félix à l’artiste autochtone de l’année. Il était tout naturel que l’honneur de présenter ce prix revienne à la poétesse innue Joséphine Bacon et à Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec.

Il était tout aussi mérité que ce premier trophée revienne à Florent Vollant, pilier de la musique innue depuis les années de Kashtin. «En ce moment historique, on est tous gagnants, a-t-il dit en montant sur scène avec les autres nommés. Merci de nous avoir fait cette place. Soyez sans crainte, on va la prendre.»

 

Le, la ou les gagnants sont…

• Album de l’année – Adulte contemporain
À jamais, Ginette Reno

• Album de l’année – Rap
Le sens des paroles, Alaclair Ensemble

• Album de l’année – Folk
Après, Fred Pellerin

• Album de l’année – Pop
En cas de tempête, ce jardin sera fermé, Cœur de pirate

• Révélation de l’année
Alexandra Stréliski

• Spectacle de l’année – Auteur-compositeur-interprète
L’origine de mes espèces, Michel Rivard

• Auteur ou compositeur de l’année Alexandra Stréliski

• Groupe ou duo de l’année Bleu Jeans Bleu

• Artiste autochtone de l’année Florent Vollant

• Interprète féminine de l’année Cœur de pirate

• Interprète masculin de l’année Loud

• Chanson de l’année Des p’tits bouts de toi, Roxane Bruneau

 

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