7e Ciel: on craque pour «Folk n’ Roll Vol. 1:Tales Of Isolation», «Alice»…
Les journalistes de Métro vous présentent leurs sept coups de cœur culturels de la semaine, dont l’album Folk n’ Roll Vol. 1: Tales Of Isolation, le dessin animé Moi, Barnabé à Annecy et le film Alice.
Folk n’ Roll Vol. 1: Tales Of Isolation
Au cours de Folk n’ Roll Vol. 1: Tales Of Isolation, ce magnifique album conçu en à peine une semaine, le doué J.S. Ondara se met dans la peau d’un travailleur non essentiel qui a perdu son emploi (Pulled Out Of The Market), d’un locataire incapable de payer son loyer (Mr. Landlord) et d’amoureux en distanciation sociale regardant Tiger King, le phénomène télé du confinement (From Six Feet Away). Dans ces «récits d’isolement», il raconte aussi le parcours de vie d’une grand-mère décédée de la COVID-19 (Ballad of Nana Doline) et chante a capella sous la douche (Shower Song). Sa guitare acoustique et son harmonica traduisent à merveille les sentiments qu’il décrit, comme l’ennui (Isolation Boredom Syndrome) et la déprime (Isolation Depression Syndrome). Mais c’est d’abord sa sublime voix en or qui touche droit au cœur, surtout lorsque l’artiste d’origine kenyane établi à Minneapolis, ville où George Floyd a été assassiné, dénonce l’hypocrisie de certains militants sur la percutante et pertinente Pyramid Justice.
Marie-Lise Rousseau
Moi, Barnabé à Annecy
Un des avantages de la pandémie (il faut bien qu’il y en ait!) est que de grands festivals internationaux ont désormais lieu en ligne, ce qui rend leur programmation accessible ici. C’est le cas du festival d’Annecy, plus important rassemblement du cinéma d’animation. Voilà l’occasion de voir en primeur et en compétition officielle le splendide et touchant court métrage en stop-motion Moi, Barnabé du Montréalais Jean-François Lévesque portant sur la surprenante épiphanie d’un prêtre affligé et alcoolique.
Du 15 au 30 juin au annecy.org
Marie-Lise Rousseau
Alice
Alice, François et Jules mènent une vie de famille heureuse dans leur modeste appartement parisien. Du moins, en apparence. Un jour, le banquier d’Alice lui annonce que son logement sera saisi en raison d’une dette qui ne cesse de grossir. Sous le choc, elle apprend que son mari déserteur les a ruinés en prostituées. Elle surmontera les épreuves une à une pour retourner la situation à son avantage. Un très beau film de Josephine Mackerras sur la résilience, la liberté et l’amitié.
Au cinemaduparc.com
Amélie Revert
Deviens-tu c’que t’as voulu?
On l’appréciait pour sa plume, mais on découvre maintenant ses talents d’intervieweur. Le journaliste culturel Dominic Tardif propose avec son balado Deviens-tu c’que t’as voulu? de longs entretiens avec des personnalités pour qui il a une affection particulière comme Bruno Blanchet ou Christiane Charette . Si le concept ne réinvente pas la roue, l’émission permet tout de même de prendre son temps et d’apprécier le parcours de généreux invités qui n’hésitent pas à livrer anecdotes et confidences.
Au devienstu.com
Benoit Valois-Nadeau
La trajectoire des confettis
Prix des libraires 2020, le premier roman de Marie-Ève Thuot est une précieuse découverte. On se délecte de chaque phrase des quelque 600 pages de ce récit dans lequel les histoires d’une famille montréalaise – racontées sur plusieurs générations avec une brillante écriture – s’entremêlent, s’étirent, se recoupent entre amour, sexualité, normes sociales, vérités et mensonges. On s’attache à chaque personnage, dont l’autrice décrit avec une grande sensibilité et sans jugement les traits de caractère et convictions.
Aux éditions Les Herbes rouges
Amélie Revert
Faire la morale aux robots
Pour mieux comprendre les enjeux éthiques soulevés par l’intelligence artificielle – comme le refus d’Ottawa cette semaine d’aller de l’avant avec l’application de contacts de personnes contaminées par la COVID-19 développée par Mila –, ce court essai est incontournable. Le philosophe et chercheur Martin Gilbert y vulgarise remarquablement les relations humains-robots à l’aide d’exemples éclairants. Ce faisant, il soulève des questions crève-cœur, comme celle-ci: devant deux accidents inévitables, qui la voiture autonome devra-t-elle épargner en priorité, le vieillard ou l’enfant? Le médecin ou le sans-abri? Il propose également des pistes de solution afin de programmer des algorithmes représentatifs de la diversité.
Aux éditions Atelier 10
Marie-Lise Rousseau
Douglas
Comment revenir sur scène après Nanette, spectacle triomphal et bouleversant cri du cœur dans lequel l’humoriste australienne se livrait sans filtre? En prenant les 15 premières minutes de ce nouveau stand-up pour détailler le contenu de l’heure à venir. Le public est on ne peut plus averti: on rira des Américains, on racontera une anecdote survenue au parc à chien (Douglas est d’ailleurs le nom de son chien… entre autres!), on parlera de patriarcat, d’autisme, du mouvement anti-vaccin et on fera une blague sur Louis C.K. désopilante et franchement brillante, Hannah Gadsby remplit sa promesse et c’est délicieusement efficace.
Sur Netflix
Marie-Lise Rousseau
Et on se désole pour…
La fin du Voir
Il n’y pas si longtemps, Montréal comptait quatre (oui, quatre!) magazines culturels gratuits: le Ici, le Mirror, le Hour et le Voir. Le dernier des Mohicans a rendu l’âme la semaine dernière, affaibli depuis longtemps par la fuite des revenus publicitaires et achevé par la crise sanitaire. La fin du Voir marque la fin d’une époque, mais aussi une immense perte pour les milieux culturel et médiatique, qui cherchent toujours à survivre dans un écosystème numérique sans pitié. Merci à l’équipe du Voir d’avoir pris le pouls pendant 34 ans du milieu culturel montréalais à coup de Unes mémorables, d’entrevues marquantes et de recommandations toujours justes.
Benoit Valois-Nadeau