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Samian se laisse prendre au jeu dans Roche papier ciseaux

Photo: Filmoption international

Le rappeur algonquin Samian fait ses premiers pas au cinéma dans Roche papier ciseaux, premier long métrage de Yan Lanouette Turgeon, qui sera présenté en ouverture des 31es Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ). Un film-chorale à la croisée des chemins entre l’univers des frères Coen et celui d’Alejandro González Iñárritu, dont le scénario a convaincu Samian de… se laisser prendre au jeu.

Roche, papier, ciseaux. C’est à partir du nom de ce jeu d’enfants que Yan Lanouette Turgeon et son coscénariste, André Gulluni, ont élaboré le scénario de leur premier long métrage. Un processus «à l’envers», qui a démarré en 2005, explique le réalisateur. «Au début, on n’avait que le titre, et on voulait faire trois courts métrages sensiblement indépendants les uns des autres. On était paresseux, on voulait que ça aille vite, avoue-t-il. Mais on s’est un peu peinturés dans un coin, et on a réalisé que ça prenait plus que ça pour faire un long métrage!»

Néanmoins, l’idée de trois histoires parallèles qui finissent par se croiser est demeurée – le réalisateur révèle d’ailleurs s’être inspiré du canevas du Amores Perros, d’Iñárritu. On suit donc Boucane (Samian), un jeune autochtone qui veut refaire sa vie à Montréal et embarque avec Norm (Roger Léger), un ancien caïd forcé d’effectuer des tâches pas très nettes pour son ancien patron. En parallèle, on rencontre Lorenzo (Remo Girone), un immigrant italien qui, afin d’amasser l’argent nécessaire pour accomplir les dernières volontés de sa femme mourante (Victoria Zinny), accepte l’offre du bras droit du chef des Triades chinoises (Frédéric Chau). Et finalement, on croise Vincent (Roy Dupuis), un ex-médecin marié en voie de devenir papa, lui aussi sous le joug des Triades chinoises qui ont jadis payé ses dettes de jeu. Un soir d’éclipse, les destins des trois hommes se croisent pour leur donner une chance de sortir de la spirale infernale du jeu – quel qu’il soit.

«Boucane, Lorenzo et Vincent ont beau être un autochtone, un Italien et un Québécois, on ne s’en rend même pas vraiment compte; ce sont surtout trois humains au destin malheureux, fait remarquer Samian. On n’entre pas dans les stéréotypes. Et ça m’a plu : si Yan m’avait demandé de mettre des plumes ou de danser autour d’un feu, ça m’aurait pas mal moins tenté!»

Cela dit, si le jeune homme a accepté le rôle, c’est surtout en raison de son aspect un peu hollywoodien, inhabituel au Québec selon lui : «Je payerais pour aller voir ce genre de film… et là, je joue dedans!»

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Il faut dire que le cinéma n’avait jamais fait partie des plans de carrière du rappeur, qui lancera son troisième album l’automne prochain. Mais sa rencontre avec Yan Lanouette Turgeon ayant coïncidé avec les balbutiements du scénario de Roche papier ciseaux, le cinéaste s’est fortement inspiré de lui pour imaginer le personnage de Boucane. Si bien qu’à la fin, le réalisateur se serait «senti malhonnête de l’offrir à quelqu’un d’autre». «C’était un peu épeurant, pour un premier long métrage, de faire appel à un comédien non expérimenté, avoue-t-il. Mais en faisant des essais, j’ai constaté qu’il était très naturel, qu’il n’avait peut-être pas le bagage des autres comédiens, mais qu’il avait une présence.»

Samian avoue qu’il a d’abord été un peu réticent, mais qu’il a lu le scénario «par respect» puisque le personnage avait été écrit pour lui. «Et je suis tombé en amour, lance-t-il. J’ai compris pourquoi on avait pensé à moi. C’est un peu ma vie. Il a fallu que je revienne à 24-25 ans, à l’époque où je suis parti à Montréal pour faire de la musique, alors que je vais avoir 30 ans cette année. Il fallait que je rajeunisse; j’ai perdu 30 lb, je me suis laissé pousser les cheveux… Et donc, pour moi, c’est simple : je ne joue pas… je “suis” à l’écran.»

Pour le reste de la distribution, Lanouette Turgeon a choisi des interprètes ici – Roy Dupuis, Fanny Mallette, Louis Champagne, notamment – et d’ailleurs. Le réalisateur a en effet traversé l’Atlantique pour dégoter son Lorenzo en la personne de Remo Girone, acteur très connu en Italie, et dans la foulée, offrir à la femme de ce dernier, la comédienne Victoria Zinny, le rôle de l’épouse de Lorenzo.

Le choix de Girone, le réalisateur ne l’a pas regretté : «Tu imagines un personnage pendant huit ans, et à un moment donné, tu tombes sur quelqu’un comme Remo, qui a un timbre de voix, une posture, une espèce d’énergie… Et tu te dis wow! C’est tellement ÇA!»

Rappelons que Roche papier ciseaux ouvrira les prochains RVCQ. Enthousiaste, Yan Lanouette Turgeon? Le mot est faible : «Si, quand j’ai fini l’INIS en 2003, le diable m’avait proposé de réaliser un long métrage qui serait présenté en ouverture des RVCQ en échange de mon âme… c’est sûr que j’aurais accepté!»

Roche papier ciseaux
Aux RVCQ le 21 février à 19 h
En salle dès le 22 février

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