Les musées de Montréal préparent activement leur réouverture
Plusieurs musées de Montréal sont dans une course contre la montre afin de réussir à ouvrir de nouveau leurs portes à des clients dès la semaine prochaine tout en respectant les exigences de la santé publique, alors que cette décision de Québec en a pris plusieurs «par surprise».
Après plusieurs mois de fermeture dans le contexte de la deuxième vague du coronavirus, les musées pourront rouvrir leurs portes dès le 8 février partout dans la province, a confirmé mardi soir le premier ministre du Québec, François Legault. Toutes ces institutions, qui ont dans bien des cas misé sur un virage numérique pour survivre à la pandémie, n’ouvriront cependant pas leurs portes au même moment.
«On se réjouit que les musées puissent rouvrir […] Je pense que ça va faire du bien à beaucoup de monde de pouvoir aller voir du beau», a d’ailleurs réagi mercredi matin la mairesse de Montréal, en séance du comité exécutif. «Quand on passe à travers une période difficile, ça fait du bien [d’aller dans un musée]», a-t-elle renchéri.
Espace pour la vie se prépare
À Montréal, une des premières institutions qui accueillera de nouveau des clients dans ses installations intérieures est l’Espace pour la vie. Ainsi, dès lundi, les Montréalais pourront de nouveau avoir accès au Biodôme, au Planétarium, de même qu’aux serres du Jardin botanique, dont les sentiers sont déjà accessibles. L’Insectarium, pour sa part, est toujours en travaux.
Le complexe appliquera toutefois des règles sanitaires strictes. Notamment, un maximum de 25 visiteurs aux 30 minutes pourront rentrer dans les installations d’Espace pour la vie, explique à Métro sa directrice à l’exploitation, Julie Jodoin. «Ça permet d’assurer un flot d’entrées continu tout en assurant le respect de la distanciation», Mme Jodoin, qui invite d’ailleurs les Montréalais à «réserver leurs billets en ligne» avant de se déplacer sur place.
«Nos équipes sont à pied d’œuvre pour rappeler les effectifs. Je pense que les employés sont contents de pouvoir retourner travailler», ajoute celle qui dit avoir accueilli avec «surprise» l’annonce de M. Legault, mardi.
«Ça nous a pris par surprise»
Un sentiment que partage la directrice générale du musée Pointe-à-Callière, dans le Vieux-Montréal, Anne Élisabeth Thibault. «Ça nous a pris par surprise. On est contents pour le musée, pour le personnel, mais aussi pour les citoyens, pour qui le contact avec la culture sera bénéfique», se réjouit-elle au bout du fil. La cité d’archéologie et d’histoire de Montréal accueillera de nouveau des clients le 11 février.
Mme Thibault accueille d’ailleurs ce défi à bras ouverts. «Il faut dire qu’on a eu une bonne pratique en 2020 avec l’été alors qu’il n’y a eu aucun cas dans les musées», souligne-t-elle. L’institution, qui a réussi à conserver tous ses employés grâce à des mesures d’aide du gouvernement fédéral, présentera d’ailleurs de nouvelles expositions dédiées aux familles tout en conservant l’accès à ses expositions permanentes, indique sa directrice générale.
Le MAC ouvert «très bientôt»
Le Musée d’art contemporain (MAC) annoncera pour sa part «très bientôt» la date de sa réouverture, qui pourrait se concrétiser «la semaine prochaine», indique à Métro le directeur général et conservateur en chef du MAC, John Zeppetelli.
«On a besoin d’un lieu comme les musées en ce moment, surtout avec toutes les restrictions qu’on vit actuellement», estime-t-il. Les Montréalais pourront d’ailleurs accéder à toutes les salles du MAC, précise M. Zeppetelli, qui ajoute que le musée entend donner une place de choix aux oeuvres québécoises cette année.
Par courriel, le Musée McCord indique qu’il ouvrira ses portes le 11 février, se disant lui aussi «très heureux» de la décision de Québec. Même date pour le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), qui présentera quatre expositions, dont Riopelle : à la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones. Les visiteurs devront réserver leurs billets en ligne.
Le Centre Phi et la Fondation Phi pour l’art contemporain prévoient pour leur part ouvrir leurs portes le 24 février, le temps de préparer leurs expositions physiques et de s’adapter aux règles sanitaires, indique-t-on à Métro.
«Il n’y a rien de plus triste qu’une salle emplie d’œuvres, mais qui ne peut pas ouvrir.» -John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC
«Fermé jusqu’à nouvel ordre»
Le Centre des sciences de Montréal continue pour sa part de miser sur sa programmation numérique.
«Étant donné la nature hautement interactive de nos expositions et de notre clientèle majoritairement scolaire et familiale, le Centre des sciences a pris la décision de rester fermé jusqu’à nouvel ordre», indique un porte-parole, Jean-Philippe Rochette.
Des impacts financiers
Dans les derniers mois, les musées de la province ont subi des pertes colossales. L’an dernier, une première enquête de la Société des musées du Québec a fait état de pertes de 20 M$ pour ceux-ci entre le mois de mars et la mi-juin, en revenus autonomes, tirés notamment de la billetterie et de la location de salles. Une nouvelle enquête est actuellement en cours.
«Sur le plan financier, c’est très difficile», confie Mme Thibault. Cette dernière indique que le musée Pointe-à-Callière a accusé des pertes de revenus d’au moins 70% en 2020, par rapport à l’année précédente. La directrice générale reconnaît par ailleurs qu’une troisième fermeture pourrait durement frapper les musées. Elle préfère toutefois éviter cette «logique d’inquiétude», quitte à «s’adapter aux imprévus».
«On est vraiment dans une logique d’offrir le meilleur de nous-mêmes au public montréalais», conclut-elle, optimiste.