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Pour «Laurel Canyon», suivez le guide Arman Méliès

Pour «Laurel Canyon», suivez le guide Arman Méliès
Laurel Canyon, quartier des collines de Los Angeles, toile de fond d’un album hypnotique d’Arman Méliès. Photo: Collaboration spéciale Modulor Records

Jim Morrison, David Crosby, Joni Mitchell: ces artistes phares ont fréquenté le même endroit dans les années 1960-70, Laurel Canyon, quartier des collines de Los Angeles, toile de fond d’un album hypnotique d’Arman Méliès.

«Il y a des périodes d’apogée qui ne s’expliquent pas: Paris dans les années 1930, la Renaissance en Italie et Los Angeles entre 1965-1975», lançait David Crosby —pilier des Byrds puis de Crosby, Stills, Nash & Young, quatuor étiqueté comme les Beatles américains— dans Laurel Canyon, documentaire américain d’Alison Ellwood.

«J’ai réalisé que certaines de mes influences majeures avaient habité à cet endroit au même moment, je voulais dans cet album qu’il y ait une sorte de souffle de cette époque, avec une idée d’utopie, de monde à changer», explique à l’AFP Arman Méliès. Mission accomplie avec Laurel Canyon, album à la belle pochette ornée de hiboux, qui sort ce vendredi (Royal Bourbon/Bellevue Music).

L’auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste surdoué (qui travailla avec Alain Bashung sur  Bleu Pétrole) y déploie un folk-rock épique et débride enfin sa voix, ici toute en majesté. C’est à ce jour son plus beau disque, en près de 20 ans de carrière.

«Envers du décor»

«J’ai pu par moments m’effacer sur le chant, je m’interdisais des choses. Là j’avais envie vraiment de me libérer et j’ai découvert un registre plus vaste que celui que je pensais avoir: je peux incarner mes chansons, être sur le devant de la scène, c’est jubilatoire», acquiesce le quadragénaire stylé, entre petite boucle d’oreille, cheveux mi-longs et mains tatouées.

Arman Méliès —nom de scène mixant les patronymes du célèbre sculpteur et du magicien du 7e art— a bâti son disque comme «une galerie de portraits de personnages haut en couleurs, prêts à tout, y compris à se cramer pour lever haut leur art». Jim Morrison croise ainsi l’esprit de Jack London ou Homère au fil des textes.

L’artiste n’embellit pas le tableau de cette galaxie de talents et évoque aussi ces moments où «tout ça part en poussière, en lutte d’ego ou lutte pour la survie puisque certains comme Crosby tombent dans l’héroïne, deviennent des fantômes d’eux-mêmes». «C’est triste mais ultra-romanesque, je voulais que l’envers du décor soit présent dans toutes le chansons, qu’on voit tous ces artistes inspirés, qui veulent réinventer la société, et le côté plus sombre, plus mélancolique, qui me parle aussi».

«Fantasme d’un collectif»

Il y a quelques années, à la question du magazine Rolling Stone —Quel conseil auriez-vous aimé recevoir dans votre jeunesse ?— David Crosby répondait «c’est simple: ne prends pas de drogues dures, jamais. Ne prends pas de cocaïne, ne prends pas de speed, ne prends pas d’héro».

En plaçant sur sa carte —Méliès est cartographe de formation— Neil Young, Joni Mitchell («une musicienne à l’œuvre complètement dingue»), les Eagles ou encore Jackson Browne, le chanteur aborde son «fantasme d’un collectif de musiciens». «Ce que je n’ai jamais vraiment connu, moi qui aurais voulu faire partie d’un groupe démocratique comme Radiohead, où d’une scène dans un petit périmètre de Paris».

Il convoque tout de même sur l’entêtant Météores un membre de sa communauté musicale, Hubert-Félix Thiéfaine. «Ca fait plusieurs années que je travaille sur ses disques, j’ai eu envie de lui demander d’être sur le mien, c’est vraiment une figure qui marche par rapport aux thématiques du disque, entre utopie et désenchantement».

L’enchantement devrait être en revanche au rendez-vous quand les concerts reprendront, avec des titres comme Avalon, Une Promesse ou Laurel Canyon, gorgés d’intensité.

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