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Le cinéma allemand montre ses nouveaux visages

Le cinéma allemand montre ses nouveaux visages
La sélection présente notamment un documentaire consacré à la délicate intégration de jeunes élèves d'origine étrangère, «Mr Bachmann and His Class». Photo: Collaboration spéciale Madonnen Film

Amour sous algorithmes ou dénonciation de la gentrification : loin des intrigues sombres et chargées d’histoire, deux comédies présentées à la Berlinale incarnent un cinéma allemand qui vit avec son temps.

Avec cinq films en lice –sur les quinze du concours principal-, la patrie de Fritz Lang et Wim Wenders avait rarement été mise autant à l’honneur dans ce festival où sa dernière récompense remonte à Head-On du réalisateur Fatih Akin, Ours d’or de la Berlinale 2004.

La sélection présente notamment un documentaire consacré à la délicate intégration de jeunes élèves d’origine étrangère (Mr Bachmann and His Class), l’adaptation d’un roman d’apprentissage dans le Berlin des années 20 (Fabian-Going to the Dogs) et une histoire d’amour teintée de poésie (What Do We See When We Look at the Sky?).

S’y ajoutent deux comédies qui frappent par la légèreté de la narration, autour de sujets contemporains et universels.

Dans I’m your man, la réalisatrice Maria Schrader, révélée par le succès mondial de la série à succès Unorthodox, diffusée sur Netflix, dépeint l’amour sous algorithmes entre un robot à apparence humaine (joué par Dan Stevens, Downton Abbey, La Belle et la Bête) et une chercheuse célibataire endurcie (Maren Eggert, Marseille).

L’androïde, aidé par son intelligence artificielle, est censé s’adapter aux goûts et désirs de sa partenaire et devenir ainsi son compagnon idéal. Sauf que l’irrationalité des humains rend parfois les relations sociales difficilement intelligibles pour une machine.

Berlin pour décor

«J’ai été attirée par la simplicité de la mise en scène », a expliqué à la presse Maria Schrader, dont les précédents opus portaient sur des sujets plus dramatiques. L’adaptation du récit Unorthodox, sur la communauté juive ultra-orthodoxe, lui a valu un prestigieux Emmy Award en 2020.

«C’est comme si un garçon rencontrait une fille. Mais en fait, c’est une fille qui rencontre un garçon et c’est un garçon robot», résume l’actrice de 55 ans, repassée derrière la caméra pour ce troisième long-métrage. Tourné à Berlin l’été dernier, la capitale allemande y apparaît comme le lieu de tous les possibles.

Autre film, même décor: dans Next door, Berlin constitue le sujet principal d’une comédie sarcastique décrivant la gentrification galopante de la ville. En découlent des tensions entre habitants de longue date et nouveaux venus attirés par une métropole dynamique et bon marché.

Pour son premier long-métrage, l’acteur Daniel Brühl (Joyeux Noël, La Vengeance dans la peau, Rush) se met lui-même en scène dans une sorte d’autobiographie où un néo-berlinois installé dans un quartier bobo se voit confronté à ses contradictions et travers.

«Je suis un homme vaniteux et narcissique, mais je ne suis pas aussi horrible que le type qu’on voit dans le film», se défend le réalisateur de 42 ans dans une interview à l’AFP.

Il revendique l’inspiration du cinéma des frères Coen et leurs antihéros souvent solitaires.

Séries à succès

Ces films sont la preuve d’un renouveau du cinéma allemand, plus léger et épousant des genres divers comme la science-fiction, les thrillers ou les comédies romantiques, estime le critique de cinéma Scott Roxborough, du Hollywood Reporter.

Toni Erdmann, film de l’Allemande Maren Ade récompensé en 2016 par le Prix de la Critique au festival de Cannes, creusait déjà la veine de l’humour grinçant.

«Ce ne sont plus de longs plans mettant en scène le vide affectif ou de gens qui discutent de philosophie», estime le critique en allusion aux stéréotypes du cinéma germanique.

«C’est une nouvelle génération de réalisateurs allemands qui arrive et qui est prête à faire les choses un peu différemment, de manière passionnante et pas seulement politiquement correcte», ajoute-t-il.
Ces films de festival peuvent-ils également faire des succès populaires, à l’image des réussites récentes de plusieurs séries germaniques ?

Babylon Berlin, Dark, Berlin 56, Deutschland 83/86/89, Dogs of Berlin ou Unorthodox ont récemment remis l’Allemagne en haut de l’affiche.

Au cinéma, ses derniers grands succès plongeaient encore dans l’histoire du pays : la Guerre-froide et son héritage pour La Vie des autres (2006) ou Good Bye, Lenin! (2003) qui révéla d’ailleurs l’acteur…Daniel Brühl.

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