L’industrie de la musique se prend de passion pour les vidéoclips animés
Ils ne sont pas nouveaux, mais ils sont particulièrement en vogue depuis le début de la pandémie. Les vidéoclips animés reviennent en force grâce à des artistes tels que The Weeknd, Juice WRLD, Billie Eilish et les Foo Fighters. Décryptage.
Après avoir succombé à l’appel du bistouri dans le clip officiel de Save Your Tears, The Weeknd cherche à créer la femme parfaite dans le visuel accompagnant la reprise du morceau avec Ariana Grande. Il y confectionne une poupée humanoïde ressemblant étrangement à la chanteuse américaine, sous le coup de crayon précis et rétro de Jack Brown. Une touche vintage qui semble plaire aux fans des deux artistes: le visuel accompagnant Save Your Tears (Remix) a amassé plus de 19 millions de vues depuis sa sortie le 23 avril dernier.
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The Weeknd est l’un des nombreux musiciens à avoir récemment opté pour une vidéo animée au lieu d’un clip les mettant en scène en chair et en os. Autrefois privilégiée pour les vidéos promotionnelles reprenant les paroles d’un morceau, l’animation ne cesse de séduire des artistes comme Katy Perry, Tove Lo et le regretté Juice WRLD pour leurs derniers vidéoclips officiels.
Dua Lipa s’est ainsi associée avec le studio d’animation londonien The Mill pour plonger ses fans dans le visuel cartoonesque de Hallucinate, tandis que Billie Eilish a fait appel à Chop Studio pour la vidéo accompagnant le mélancolique my future. Si les deux vidéos contrastent par leur univers visuel, ils ont tous les deux rencontré un véritable succès auprès de leur public. À tel point que la chanteuse britannique Dua Lipa a dévoilé une compilation de visuels animés pour la sortie de son album de remix Club Future Nostalgia.
Aussi pratiques que nostalgiques
Il faut dire que les vidéoclips animés sont particulièrement commodes à l’heure où réunir une équipe technique pour produire un clip traditionnel peut s’avérer particulièrement compliqué d’un point de vue logistique. La rappeuse américaine Ashnikko en a fait les frais pour le visuel accompagnant son dernier morceau avec Grimes, Cry. La pandémie et la grossesse de l’artiste canadienne ont poussé Ashnikko à revoir ses plans et à privilégier l’animation avec l’aide du vidéaste Mike Anderson. Un mal pour un bien selon l’artiste.
«Je pense qu’en raison des contraintes liées à sa grossesse et à la quarantaine, nous avons dû réaliser un clip animé, mais je pense aussi que le vidéoclip animé convient à nos deux musiques. Nous avons tous les deux ce genre de personnage de bande dessinée, de roman graphique, que nous avons construit autour de notre musique, donc je pense que ça marche», a-t-elle confié au magazine Paper. Les chiffres semblent lui donner raison: le clip de Cry a été visionné plus de 7,5 millions de fois sur YouTube depuis sa sortie en juin.
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Les visuels animés ne sont-ils donc que des solutions d’appoint avant le retour des vidéoclips d’antan aux productions dignes des plus grands blockbusters? Certains mélomanes espèrent le contraire.
«Un petit côté positif des mesures de distanciation sociale? Nous avons le droit à des vidéos musicales animées vraiment amusantes, captivantes et créatives, ce qui, espérons-le, signifie que les animateurs décrochent davantage de contrats de cette nature. La nostalgie que procure l’animation est également très réconfortante, à mon sens», a écrit la journaliste américaine Erica Russell sur Twitter.
Et ce n’est pas la science qui dira le contraire: nombre d’études ont montré que la nostalgie est un moyen efficace de lutter contre le stress et l’anxiété. Il semblerait que l’animation dans les clips musicaux a encore de beaux jours devant soi.