La vie après After Earth selon Will et Jaden Smith
Les Invités spéciaux de Métro nous parlent de la relation père-fils, des filles et de Jada, de Justin Bieber et du hip-hop, ainsi que de la vie après After Earth.
«Will est arrivé», nous avertit un assistant. Sans blague. Son rire – si familier après 100 épisodes de Fresh Prince – résonne dans la salle de tournage d’Hollywood où nous avons rendez-vous. Même s’il est l’une des stars les plus riches de la planète, avec une fortune estimée à 200 M$, il se présente encore comme quelqu’un d’insouciant qui aime rire de ses propres blagues.
Son fils, Jaden, sérieux et affable, suit ses traces. Devenu une tête d’affiche à part entière après Le Karaté Kid, l’adolescent de 14 ans joue aux côtés de son père dans After Earth, dont l’action se déroule au début du quatrième millénaire. Dans ce film, la jeune recrue qu’il incarne brave les dangers d’une planète peuplée de créatures sauvages afin de sauver son père blessé, interprété par Will Smith.
Le message écologique du long métrage fait d’eux les Invités spéciaux tout indiqués pour notre édition du Jour de la Terre. Dans une entrevue intimiste d’une heure, ils ont évoqué leur collaboration professionnelle, la manière de sauver la planète et, c’était inévitable, la vie avec maman. La semaine où a eu lieu l’entrevue, Jada Pinkett Smith a publié une missive sur Facebook afin de clarifier certains propos qu’elle avait tenus précédemment au sujet de sa «relation libre» avec Will, la qualifiant cette fois de «relation mature».
Smith a abordé le sujet du mieux qu’il a pu, embarrassé par le fait que son fils se trouvait alors à ses côtés.
Vous travaillez ensemble, vous vivez sous le même toit – mais sur l’internet, j’ai vu des vidéos de Jaden en train de faire du skateboard et de parler des filles…
Jaden : Mouais, mouais.
Donc, je me demandais…
Will : Un instant. [À Jaden :]
Tu causes de filles comme ça beaucoup sur le Net?
Jaden : Dans des entrevues, papa. Je parle de filles dans des entrevues. Je ne suis pas en ligne en train de dire : «Eh les filles, salut!» [Il fait mine de se prendre en photo.] Tweet!
Will, à quel point êtes-vous au courant de ce que fait Jaden?
Will : Je ne sais pas grand-chose de ce qu’il fait! C’est ce que je veux qu’il pense. [Rires] J’ai un groupe d’Hommes en noir qui suivent le dossier.
Jaden : Moi, j’ai réalisé une chose : peu importe ce que je fais ou comment je le fais, il sait ce qui se passe.
Will : [Rires]
Comment sais-tu qu’il sait?
Jaden : Je sais tout simplement qu’il sait. [Les deux éclatent de rire.]
Will : Une fois, Jaden était avec un de ses amis. Ils étaient assis et discutaient. J’ai traversé la pièce où ils se trouvaient, leur ai dit bonjour, puis suis sorti avant de m’arrêter une seconde; et j’ai alors entendu son ami dire : «Mon vieux, je te le dis, il le sait! Il le sait!» [Les deux rient aux éclats.]
Quand as-tu été puni pour la dernière fois, Jaden?
Will : Nous ne punissons pas nos enfants. Pour nous, ils sont responsables de ce qu’ils font. L’idée est de leur donner en bas âge le plus de contrôle possible sur leur vie. Le concept de punition est un peu trop négatif pour nous. Quand ils font certaines choses – et Jaden est fort capable à cet égard –, je leur dis qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent tant qu’ils sont capables de m’expliquer en quoi c’était la bonne chose à faire pour leur développement.
Jaden : Ça marche très bien.
La plupart des adolescents ne sont cependant pas portés à l’introspection. Jaden, est-ce qu’il t’arrive de te poser de grandes questions à propos de tes comportements et d’agir en conséquence?
Jaden : Oui. Les autres jeunes vont à des fêtes, et parfois je me dis : «Mais qu’est-ce que je fais là?» Et souvent, je m’en vais. Il y a des choses que je n’aime pas faire que les autres aiment faire. Tout le monde pense que, comme je joue dans des films, je vais à des soirées. J’aime faire la fête, mais pas dans des partys d’adolescents typiques.
Es-tu en train de passer à côté de la bonne vieille enfance américaine?
Jaden : Pas du tout. Je sors et je fais du skate tous les soirs. Je me tiens avec des gens, je fais du skate, j’en rencontre d’autres, je fais du skate jusque chez eux.
Will : [À Jaden :] Que considères-tu être le but et la raison? Tu ne sors pas pour aller faire la fête : quel est le but? quelle est la raison? Qu’est-ce que tu fais?
Jaden : Ce n’est pas comme si je ne voulais pas sortir parce que je devais étudier pour aller au collège; je n’en ai tout simplement pas envie. S’ils font jouer de la house, ça peut peut-être m’intéresser, mais si c’est du Waka Flocka Flame…
Tu n’aimes pas ce qui est commun.
Jaden : Exactement.
Will, comment et quand vous et Jada avez décidé que Jaden pouvait mener comme un grand une carrière cinématographique?
Will : Il n’y a aucun moyen de savoir si un jeune est prêt. Vous avez une impression, vous connaissez vos enfants, mais tant que la chose ne devient pas une réalité pour eux, vous ne pouvez pas vraiment le savoir. Mais nous nous sommes dit que, comme nos enfants choisissaient de se diriger vers un domaine où nous connaissons du succès, nous pourrions au moins leur donner de bons conseils.
Vous avez dit «choisissaient», mais ont-ils choisi ce domaine? Jaden, on te voit sur les tapis rouges depuis que tu es bébé.
Jaden : Mais il ne s’agissait pas pour nous de fouler les tapis rouges pour nous faire voir, mais de fouler les tapis rouges parce que nous avions des billets gratuits.
Will : [Rires] C’était alors notre vie. La famille a un film, alors tout le monde y va.
Jaden : En fait, tout a commencé quand notre mère a dû aller à une première et qu’elle n’a pas voulu nous laisser à quelqu’un; elle nous a donc amenés. Puis, de fil en aiguille, on est allés aux premières parce qu’on jouait dans les films.
Jaden, ta musique est psychédélique. C’est assez éloigné des rythmes réconfortants de ton père. Est-ce que cette différence est consciemment cultivée?
Jaden : Les gens me répètent déjà que je lui ressemble, que je parle et que je marche comme lui; si en plus il fallait que je chante comme lui, on nous dirait : «Faites donc une tournée Fresh Prince.»
Fresh Prince et Fresh Prince Jr. – j’irais voir la tournée, moi.
Jaden : J’ai voulu faire quelque chose de complètement différent parce que, si j’étais arrivé avec une chanson où, des verres fumées sur les yeux, entouré de filles dans une voiture qui descend la Pacific Coast Highway, je chantais : «Yeah! Yeah!», on aurait dit : «Voilà qui est dans l’ordre des choses.» À la place, je suis arrivé avec la vidéo de The Coolest, et les gens se sont écriés : «Wow! La caméra filme à l’envers!»
Will, la musique de Jaden vous parle-t-elle?
Will : À 14 ans, son esprit est beaucoup plus profond et plus complexe que le mien à son âge. Sur le plan lyrique, ce qu’il réussit à faire et ce qu’il crée – et la façon dont il conçoit les choses – va bien au-delà de ce que je pouvais faire à 14 ans.
Ou même plus tard : la chanson Miami ne raconte pas une histoire bien compliquée.
Will : C’est vrai. Poétiquement, ce qu’il fait est déjà plus avancé que tout ce que j’ai fait musicalement. Ma force, ce sont les idées. Et la structure d’un album. J’ai vite su comment concevoir un disque pour qu’il réponde aux différentes attentes de ceux qui vont l’écouter.
Jaden : C’est ce que tu sais le mieux faire. Tu pourrais te présenter sur n’importe quelle scène et dire : «Quand je dis hip, vous dites hop» et tout le monde suivrait. Si je montais sur scène, je dirais : «Bon, je vais vous lire un sonnet de Shakespeare vraiment vite; prêts?» [Les deux rient.]
La partie la plus amusante pour moi, c’est la musique, le son vieille école de la musique qu’on trouve dans certaines de mes chansons. C’est autre chose que ce que fait mon père. Nous sommes différents, mais aussi similaires de certaines façons.
L’ADN.
Will : C’est mon sang. Souviens-toi d’où tu viens.
Jaden, produirais-tu un album de ton père?
Jaden : Quoi, s’il me disait : «OK Jaden, je suis sérieux, je veux faire un album…»
Will : Si j’étais sérieux?
Jaden : Je veux dire, tu as des films à faire, des entreprises que tu veux lancer… Tu es un homme occupé.
Will : Je vois ce que c’est.
Jaden est peut-être trop sérieux pour vous, Will.
Will : Je sais, je sais. Il est très sérieux et très déterminé. Il y a en lui une très rare combinaison de talent, d’ardeur, de volonté et de moyens. Et trrrrès, très rarement ces choses se retrouvent ensemble et convergent au bon moment. J’ai hâte de voir ce qu’il va faire de tout ça.
Jaden, que se passera-t-il quand tu arriveras à 18 ans et que Will te chassera du nid familial?
Jaden : Nous travaillerons probablement ensemble jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite, et il ne prendra vraisemblablement pas sa retraite.
Will : [Rires] Non, nous en avons parlé : il songe à devenir un mineur émancipé.
Jaden : Ce sont des idées qui me traversent l’esprit.
Un film a été fait sur quelque chose de cet ordre : ça raconte l’histoire d’une fille qui décide de divorcer d’avec ses parents.
Jaden : Vraiment!
Loue-le, ça te donnera peut-être des idées.
Will : [Rires] Non, ce n’est pas comme ça. Ce que je veux, c’est qu’il ait le plus de liberté possible s’il est prêt à se montrer responsable. Ces deux concepts sont inextricablement liés l’un à l’autre. Étant un jeune homme très responsable, il a le droit de jouir d’un maximum de liberté. [À Jaden :] J’ai dit : «inextricablement», tu m’entends? Que quelqu’un fasse une recherche sur «inextricable» dans Google pour Jaden.
Justin Bieber, qui est votre ami, défraie régulièrement la chronique. Avez-vous eu l’occasion de lui parler
depuis six mois?
Will : Je lui parle une fois par semaine. Justin souffre du fait d’être un adulte immature dans les médias et le monde environnant. Il ne fait rien de ce qu’un jeune de 19 ans doit vouloir faire et a besoin de faire pour devenir un homme. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est très difficile, et Justin le vit mieux sur une scène mondiale que 95 % des gens qui disent des bêtises sur son compte.
Justin Bieber est sur Twitter. Jaden, tu es sur Twitter. Et vous Will, qu’est-ce qui se passe?
Jaden : Il n’a pas de compte. En général, les gens sont sur Twitter. Lui, non. Il aime Facebook.
Will : Plus de 44 millions de personnes me suivent sur Facebook. Je ne sais pas combien de personnes te suivent sur Twitter.
Jaden : Je savais que tu allais dire ça.
Will : Je ne sais pas combien de gens te suivent. Combien?
Jaden : Quatre millions.
Will : Quatre millions. Eh bien.
Jaden : J’ai l’impression que, sur Facebook, les gens suivent un peu n’importe qui au hasard.
Will : [Il éclate de rire.]
Jada est sur Facebook.
Will : Oh!
Jaden : Oh!
Will et Jaden : Ohhhhhh!
Will : Oh, maman est là-dessus!
Jaden : Ma mère est sur Facebook!
Est-ce qu’elle sait que les gens peuvent lire ce qu’elle y publie?
[Les deux rient très fort.]
Jaden : Elle dirait…
Will : Elle convoquerait une réunion familiale.
Will et Jaden : [Imitant Jada :] «Je publie ça sur Facebook!»
Jaden : [Poursuivant l’imitation :] «Je ne me préoccupe pas de ce que les gens diront. Si on nous blâme pour ça, ça reste quand même la pure vérité.» Très bien, maman. Puis ensuite à son gérant au téléphone : «Je ne me préoccupe pas de ce qu’ils vont dire, je publie ça sur Facebook.» Je crois qu’elle devrait écrire un livre.
Will : Jada est très sérieuse et opiniâtre, et elle aime Facebook parce qu’il s’agit du seul endroit où elle a l’impression que tout ce qui vient d’elle est accepté.
Dans ses messages, il lui arrive de prendre une généralité et de la défaire pour en tirer une vérité. Elle a récemment publié un message à votre sujet disant que vous aviez une «relation mature».
Will : Une «relation mature». [Il baisse les yeux.]
Voulez-vous ajouter quelque chose?
Will : Elle a révélé certaines vérités assez lourdes. [Il s’arrête un moment.] Et je crois que les cinq minutes qu’il nous reste ne seront pas suffisantes pour couvrir le sujet. [Rires]
OK, on termine alors sur le Jour de la Terre?
Will : Oui, s’il vous plaît! Le Jour de la Terre!