Soutenez

A Dangerous Method: le cinéma sur le divan

Jessica Émond-Ferrat - Métro

Même si ses films ont souvent exploré des thèmes qui évoquent la psychanalyse – ExistenZ, Spider… –  David Cronenberg ne se considère pas comme un «obsédé de Freud».

«Il y a des réalisateurs, comme Bernardo Bertolucci par exemple, qui utilisent la méthodologie psychanalytique pour tourner leurs films, souligne-t-il. Il y a aussi les artistes réalis­­tes, comme Dali, pour qui l’interprétation freudienne des rêves fait partie de l’art. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir cette façon de faire… Cela dit, n’importe qui ayant grandi durant le 20e siècle est influencé par Freud, qu’il en soit conscient ou non. La façon dont on pense, le conscient, le subconscient, l’ego, c’est forgé par les théories de Sigmund Freud.»

Dans A Dangerous Me­thod, le cinéaste canadien se concentre sur trois fi­gures marquantes de la psychanalyse :?Freud (Viggo Mortensen), mais aussi Carl Jung (Michael Fassbender) et Sabina Spielrein (Keira Knightley). «J’ai fait des films d’époque avant – Butterfly, Spider, Naked Lunch –, mais c’est la première fois que je tourne une œuvre basée sur des personnages historiques, souligne-t-il. Mais au final, j’ai tourné de la même façon que d’habitude.»

Le scénario de A Dangerous Method met en lu­miè­re la façon dont une jeune femme souffrant d’hystérie, Sabina Spielrein, rend tendues les relations professionnelles entre Carl Jung, dont elle a été la patiente et la maîtresse, et Sigmund Freud.

«Il y a plus de 10 ans, j’avais lu que Ralph Fiennes, avec qui j’avais travaillé sur Spider, jouait Carl Jung dans une pièce de Christopher Hampton à Londres, se souvient Cronenberg.  Je n’avais jamais entendu parler de Sabina Spielrein; ç’a été mon premier contact avec son histoire. J’ai appelé Christopher pour lui dire que j’étais intéressé à faire un film à partir de sa pièce, et c’est là qu’il m’a dit que ça avait d’abord été un scénario de film destiné à Julia Roberts.»

De l’avis du réalisateur, A Dangerous Method est très réaliste, notamment dans sa façon de représenter l’hystérie. «Il existe des photographies, des films… Jung a aussi pris des notes très détaillées des symptômes de Sabina», dit-il.

C’est aussi dans un souci de réalisme qu’il a choisi Michael Fassbender et Viggo Mortensen – avec lequel il avait déjà travaillé à deux reprises – pour interpréter les deux grandes figures de la psychanalyse. «Dans l’imaginaire collectif, on les voit vieux, avec l’air de grands-pères… Mais dans la littérature de l’époque, Freud est décrit comme  beau, masculin, charismatique, charmant… Comme il a 50 ans et non 80 quand on le voit dans le film, on ne pouvait pas faire un casting traditionnel», explique Da­vid Cronenberg. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les acteurs ont dû «oublier toutes leurs recherches une fois sur le plateau», raconte-t-il.

«Michael Fassbender ne pouvait pas jouer l’iconique Carl Jung, puisqu’à l’époque, il n’était pas une icône, mais un jeune docteur ambitieux qui essayait de se faire un chemin dans la vie, fait-il remarquer. L’acteur doit donc oublier tous ces éléments historiques qu’il a absorbés et essayer de devenir quelqu’un de vrai devant la caméra.»

A Dangerous Method

En salle le 13 janvier

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.