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«Madama Butterfly»: le Japon à la Place des Arts

La scène de la Salle Wilfrid-Pelletier se transforme en maison nippone de la fin du 19e siècle. Photo: Vivien Gaumand

L’un des plus célèbres et des plus joués opéras au monde, Madama Butterfly du tout aussi célèbre Puccini, est présenté par l’Opéra de Montréal jusqu’au 16 mai à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts qui prend pour l’occasion des airs nippons.

Pour les néophytes, Madama Butterfly raconte l’histoire tragique de la jeune Cio-Cio-San, surnommée Butterfly, qui devient l’épouse de Pinkerton, un lieutenant américain déployé à Nagasaki. Ce dernier ne prend pas le mariage très au sérieux, ayant l’intention de convoler en justes noces avec une autre femme lorsqu’il sera de retour aux États-Unis. Mais la pauvre Butterfly, complètement éprise et aveuglée d’amour, attend qu’il revienne durant des années avec le fils qu’elle a eu de cette union. Le retour de son époux au Japon provoquera sa perte.

Cet opéra en trois actes (ou deux, dans la version initiale) est ici précédé d’un prologue, une liberté créative de la metteuse en scène Stéphanie Havey. On y voit Kate, l’épouse américaine de Pinkerton, avec le fils de Butterfly. Les deux personnages, muets, consultent un parchemin qui raconte l’histoire de Cio-Cio-San, qu’ils voient ensuite se déployer sous leurs yeux. Cet ajout, quoique poétique, n’est pas nécessaire, d’autant plus que d’autres initiatives auraient pu être prises pour moderniser un peu l’œuvre sans dénaturer l’histoire.

Cela dit, la scénographie est jolie et drôlement efficace. L’ensemble de l’opéra, qui dure près de trois heures, incluant un entracte, se déroule dans la maison de Cio-Cio-San, qui se modifie légèrement au fil des mouvements des shojis, ces panneaux qui divisent les pièces des maisons traditionnelles japonaises. S’ajoutent des projections et des effets de lumière, qui nous transportent entre le jour et la nuit, entre l’hiver et le printemps. C’est très réussi.

Joyce El-Khoury incarne Cio-Cio-San. Photo: Vivien Gaumand

Toutefois, c’est bien sûr l’interprète de Butterfly qui porte le spectacle. La soprano Joyce El-Khoury a non seulement une voix puissante et magnifique, mise en valeur notamment durant le célèbre passage Un bel dì, vedremo, mais aussi un certain talent pour le jeu, ce qui confère une profondeur à son personnage tantôt ridiculement heureux, tantôt tragiquement déprimé.

Matthew White, le ténor qui incarne Pinkerton, Hugo Laporte, le baryton qui joue le consul américain, Éric Thériault, le ténor dans la peau de l’entremetteur appelé Goro, ainsi que Lauren Segal, la mezzo-soprano qui interprète Suzuki, la bonne de Cio-Cio-San, brillent également dans cet opéra dirigé par le chef d’orchestre Pedro Halffter.

Vous remarquerez qu’il n’y a pas de noms japonais dans la distribution. C’est bien là la magie du théâtre: des Montréalais.es chantent en italien une idylle qui se déroule au Japon avec un Américain! Il faut passer outre ces inconformités pour profiter de Madama Butterfly, comme de bien d’autres opéras, et se laisser emporter par la magie.

Madama Butterfly est présenté jusqu’au 16 mai.
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