Karim Diouf: en solo sur le monde
Jovial, détendu et fébrile tout à la fois, Karim Diouf résume son premier album solo en disant qu’il a fait de «la musique, tout simplement», qu’on la dise world, pop ou reggae, pourvu que, par ses rythmes, elle soit universelle.
Fort du succès qu’il a connu avec son frère Élage Diouf et auprès de groupes québécois comme Loco Locass et Les Colocs, le compositeur présente Adouna dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique.
«C’est le style que les gens lui associent qui donne le qualificatif musical à l’artiste, alors selon moi ça ne veut pas dire grand-chose. Tous les musiciens vont puiser dans ce qui se fait ailleurs pour enrichir leur musique.» Karim Diouf ne se demande pas, lorsqu’il compose, s’il est plus pop que world. Mais il reconnaît que sa rencontre avec le Québec, qui s’est conclue pour lui par une adoption fortuite, lui a procuré des expériences plus pop. «Ce que je sais, c’est que moi, je fais ma propre musique.»
Avant tout, le Québec l’a ouvert sur le monde, précise-t-il. Pour ce premier projet solo, Karim Diouf a voulu combiner les deux univers qui sont les siens. Une partie de l’album a d’ailleurs été conçue dans son Sénégal natal, où l’a suivi le réalisateur Marc Bell. Avant d’arriver au Québec, ce frère Diouf baignait déjà dans la musique, et notamment dans l’univers des percussions. La composition ne lui était pas non plus étrangère, lui qui mettait sa créativité à profit pour faire de la musique «écologique». L’écologie n’a d’ailleurs jamais été bien loin de sa démarche. Dans La vie en vert, qu’on peut entendre sur Adouna, Karim Diouf la chante. «Quand je retourne en Afrique, je vois les rives où je jouais au soccer, qui s’étendaient sur 100 m, réduites à 20 m», explique-t-il, se désolant des accords de Copenhague qu’il dit fondés d’abord et avant tout sur l’économie.
En réalisant Adouna, Karim Diouf n’a pas eu de mal à faire le pont entre ses deux cultures. Ce que le Sénégal et le Québec ont fondamentalement en commun? «La téranga, l’hospitalité, répond-il sans hésiter. J’ai visité plusieurs pays où je ne restais pas plus longtemps que nécessaire, parce que tu t’y sens hors de chez toi. Au Québec, si tu ne fais pas attention, tu oublies que tu viens d’ailleurs.»
L’album, principalement en wolof, la langue maternelle du chanteur, comporte aussi des passages en anglais et en français. Un morceau complet, Pour prouver que j’existe, coécrit avec Mathieu Laliberté, est dans la langue de Molière. C’est autour des rythmes que Karim Diouf tisse d’abord son œuvre, et la langue n’est qu’un maillon de son travail de création. Sa collaboration avec le Cirque du Soleil pour la tournée de Délirium lui en a fait prendre conscience encore davantage. «Le Cirque réunit des gens qui viennent de tous les horizons et incite les spectateurs à apprécier la musique, sans se soucier des paroles. Ce sont des onomatopées, il n’y a rien à y comprendre.»
Nuits d’Afrique
Les 27es Nuits d’Afrique jouent la carte de la diversité des genres.
- Dans la série de concerts «Grands événements», la rockeuse algérienne Hasna el Becharia, avec sa voix grave et androgyne, aura l’honneur d’ouvrir le festival mercredi soir.
- Dans la série de concerts nocturnes «Étoiles Nuits d’Afrique», Boogat, chanteur québécois d’origine latine, se produira à trois reprises – notamment ce samedi avec le Balkan Beat Box au National – et offrira sa musique, un métissage de hip-hop, d’électronique et de groove latin.
- La célébrité Angélique Kidjo, Béninoise qui a collaboré avec Santana et Alicia Keys et qui cette année est marraine du festival, offrira un concert gratuit sur la scène Loto-Québec le vendredi 19 juillet.
Adouna
En magasin dès aujourd’hui
Karim Diouf
Au Cabaret du Mile-End
Mercredi à 20 h 30