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Thomas Fersen: le virage du farfadet

Photo: Mathieu Zazzo

Avec son neuvième album, l’iconoclaste Thomas Fersen prend un virage musical assez marqué, tout en demeurant un narrateur hors pair.

Il avait presque terminé l’enregistrement de son nouveau chapitre musical et les choses allaient bon train, lorsque le farfadet de la chanson française a été happé par la foudre. En fait, ce fut plutôt un coup de foudre pour un artiste jusque-là inconnu au bataillon : Slow Joe. Un crooner vagabond de Goa, en Inde, que le musicien Cédric de la Chapelle a découvert là-bas avant de revenir en France avec des enregistrements a capella et de plaquer des musiques sur ceux-ci en compagnie de son orchestre The Ginger Accident.

Magie! C’est en écoutant une compile sur laquelle se retrouvait une chanson de Slow Joe et du Ginger que le charme a opéré. «J’ai tout de suite eu envie de tout refaire et c’est ce qui s’est passé (…) Lorsque j’ai ensuite écouté l’album, j’ai trouvé qu’il y avait un son de groupe, une cohésion, plein d’idées, beaucoup d’énergie et j’ai voulu travailler avec eux», raconte l’artiste au sujet de son virage musical rock sixties émaillé de cuivres et de chœurs depuis la Bretagne, où il vit désormais.

Des mœurs
Ce qui l’a conduit à écrire des chansons sur certaines mœurs locales, notamment un certain penchant pour les soirées arrosées d’orge fermentée qui se terminent parfois en rixe (la boxe à l’anglo-saxonne). Et, allez savoir, de constater que «les dames préfèrent les méchants/Les méchants sont plus alléchants» (Les femmes préfèrent).

Vrai qu’elles préfèrent les mauvais garçons, Thomas? «Ce qui me plaisait dans l’histoire, c’était d’associer les deux phrases avec méchants et alléchants. Je pense que les gangsters, les vilains, les gens qui choisissent une vie différente de soi, eh bien, ça peut fasciner! Cependant, on n’a pas forcément envie de les fréquenter, à part au cinéma», rigole l’artiste plutôt fin renard qui évite le «piège».

Et lui qui fréquentait une Québécoise à un moment, voit-il une grande différence entre les membres du beau sexe des deux côtés de la grande mare? «Il y a déjà tellement de différences entre deux femmes qu’il n’est pas nécessaire de voyager. Même avec la même femme, en l’espace d’une heure, il y a beaucoup de changements», s’amuse le chanteur, qui est venu 23 fois au Québec en 20 ans.

Une coutume avec laquelle il se désole d’avoir rompu cette année. Mais, l’habitué du boui-boui Patati Patata compte bien se reprendre en 2014 avec une équipe de musiciens qui remplacera le Ginger Accident. Ce qui lui permettra d’être enfin libre de ses gestes et de savourer un succulent burger en regardant passer la faune bigarrée du boulevard Saint-Laurent entre deux spectacles.

Marginal solitaire
À 68 ans, Joe était un marginal solitaire, ex-toxico et amoureux éploré, qui vivait sur une île au large de Goa, en Inde, en distillant ici et là son blues aux notes graves.

En 2007, le jeune Lyonnais Cédric de la Chapelle se rend en Inde et le rencontre par hasard. Charmé, il enregistre sa voix et compose des musiques pour chacune des chansons, puis forme le Ginger Accident.

Résultat? L’album Sunny Side Up. On invite ensuite en France Slow Joe, un sans-papiers qui n’a encore aucune existence légale nulle part, et hop! il chante sur scène pour la première fois aux Trans Musicales de Rennes, en décembre 2009. Depuis, le buzz continue.

Thomas Fersen & The Ginger Accident
En magasin dès mardi

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