Au nom du fils: crise de foi
Pendant que le débat sur la laïcité fait rage au Québec, le film belge Au nom du fils, de Vincent Lannoo, s’attaque avec humour à l’hypocrisie de l’Église, à son intolérance et à son intégrisme. Retour sur la situation.
Comment une femme (Astrid Whettnal) qui a toujours eu la foi et qui anime une émission sur les ondes de Radio Espoir Chrétien en vient-elle à remettre en question – avec violence de surcroît – ses croyances et les fondements de sa foi?
Cette illumination, Vincent Lannoo l’a déjà eue… mais de façon plus sereine. Un jour, il a pourtant senti le besoin d’y revenir. «Des affaires de pédophilie se sont passées en Belgique et ce qui m’ennuyait, c’était le silence de l’Église et le silence judiciaire, explique le cinéaste, rencontré pendant le Festival du nouveau cinéma. Ça m’avait énervé. Et quand il y a un truc qui m’énerve, j’ai très envie d’en faire une comédie, d’en rire et de me moquer de ce qui se passe.»
Il le fait en multipliant les surprises («je déteste l’idée que le spectateur s’ennuie») et en utilisant la forme du pamphlet, qui répond au désir constant de provoquer. «Mais cette provocation est importante, explique le metteur en scène. Elle crée l’écoute.» Chaplin s’en est servie pour Le dictateur, Lars von Trier aussi et, évidemment, Molière.
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«Ce qui est bizarre, c’est qu’on se rend compte finalement que Molière avait des libertés que l’on n’a peut-être pas, développe le réalisateur. C’est marrant, en démocratie, on devrait avoir beaucoup plus de liberté qu’à l’époque de Louis XIV, qui n’était pas réputé pour être un grand démocrate. Eh bien, ce n’est pas si simple… Par exemple, j’ai eu la liberté de faire le film, mais les distributeurs et les gens ont tellement peur de le montrer.» Selon Vincent Lannoo, Au nom du fils n’a pris l’affiche que dans une seule salle en Belgique.
Il s’attend toutefois à plus au Québec. «Au FNC, ça marche très fort. Et je pense que cette période sombre, obscurantiste qui s’est quand même terminée très tard ici, n’y est pas pour rien. Je vois que les jeunes aiment le film, et la génération précédente aussi. Ça, c’est peut-être plus surprenant.»
Du renfort québécois
Pour scénariser Au nom du fils, Vincent Lannoo a reçu l’aide de Philippe Falardeau, qu’il a rencontré au Festival des films du monde il y a une dizaine d’années. Sa conjointe a même effectué le montage de Congorama et de C’est pas moi, je le jure!
«Au moment où j’ai eu l’idée de ce film, je me suis dit qu’il y avait un gars qui serait sur la même longueur d’onde, qui a le même type d’humour que moi et qui en plus est un génie, se rappelle le cinéaste. Je lui ai demandé et il m’a dit oui. On s’est isolés pendant 10 jours à la montagne, dans un chalet dans les Alpes et on s’est beaucoup amusés.»
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Au nom du fils
En salle dès vendredi