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Questions en rafale avec l’auteure Marjolaine Deschênes

Photo: collaboration spéciale

Marjolaine Deschênes est écri­vaine, enseignante et chercheu­re. Elle a écrit quatre recueils de poésie. Fleurs au fusil est son premier roman.

En une phrase, de quoi traite votre dernier livre?
Je reprendrai une des phrases que j’ai écrites sur la quatriè­me de couverture. Inscrit dans un romantisme à la fois sincère et très ironique (au sens ancien d’eironeia), «Fleurs au fusil explore le désir de création, de renouveau et de persistance, allie élégance et cruauté, délires lyriques et philosophiques, violence et beauté.»

Que lisez-vous présentement?
Ces jours-ci, en vrac et sur différents sujets : Georges Bataille, Paul Ricœur, Friedrich Hegel, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Jacques Colette, Maurice Merleau-Ponty. C’est circonstanciel… je lis normalement bien plus de femmes que ça!

Qui sont vos trois auteurs incontournables?
Tiens, la preuve. Pour ces dernières années, je dois mes lectures les plus fortes à Giulia Sissa, Geneviève Fraisse, Françoise Héritier, Carol Gilligan, Judith Butler, Annemie Halsema, Adrienne Rich, Annie Ernaux, Catherine Mavrikakis, Nancy Huston, Geneviève Amyot, Vincent Delecroix et Paul Ricœur, entre autres.

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture?
Très jeune, la lecture et probablement l’ennui, l’insatisfaction. Le besoin de trouver des rythmes qui donneraient forme à de nombreux affects. Plus tard (et aujourd’hui), le plaisir du dialogisme, de la distanciation, de l’esthétisation et de la stylisation.

Chaque écrivain a des routines d’écriture qui lui sont propres, quelles sont les vôtres?
Je n’aime guère la routine, et je ne m’en impose surtout pas en écriture. Cela ne veut pas dire que je n’observe aucune contrainte ou discipline, loin de là. Je suis ordonnée dans mon désordre, qui est en somme temporel, surtout en début de projet. Les premiers jets sont à la main, gestes incarnés.

En tant qu’auteure, quelle est votre plus grande peur?
Il y a longtemps, j’ai eu peur d’être lue, puis de ne pas l’être. Là, je n’ai plus peur de rien, me semble-t-il.

Quel livre auriez-vous aimez écrire?
Philosophie de la volonté (tome 1 : Le volontaire et l’involontaire) de Paul Ricœur, 1950. Une somme de savoir et d’analyses extrêmement riches et fines du comportement humain (émotion, habitude, hésitation, projet, décision, choix, attention, action, effort, consentement, caractère, inconscient, existence). J’aimerais avoir en ma possession, immédiatement, le savoir et la compréhension du monde dont disposait Ricœur à la fin de sa vie (2005). Il connaissait tout de la pensée contemporaine, de tous les champs des sciences humaines, y compris en littérature. De lui, j’aimerais aussi avoir écrit La métaphore vive (1975), Temps et récit (3 tomes, 1983-1985), Soi-même comme un autre (1991), Parcours de la reconnaissance (2004), etc. Mais bon… comprendre Ricœur, c’est déjà comprendre beaucoup de choses. C’est déjà mieux comprendre notre époque, les êtres humains d’aujourd’hui.

Quel est votre pire défaut en tant qu’auteure?
Je fume… encore plus quand j’écris.

De quoi êtes-vous le plus fière en tant qu’auteure?
De mon premier roman, Fleurs au fusil. De mon récent livre de poésie, Comme autant de haches. Des trois bourses de mi-carrière que j’ai reçues du CALQ et du CAC entre 2010 et 2012; la reconnaissance des pairs est signifiante et encourageante pour moi. D’avoir trouvé place chez des éditeurs avec qui je partage certaines valeurs importantes : La Peuplade et le Noroît. Je suis aussi fière de ne céder ni la facilité, ni à la mode. Bref, de me rester fidèle.

Que préférez-vous dans l’écriture? Qu’aimez-vous le moins?
Je préfère la réécriture avancée, vers la fin du projet. J’atteins là un stade exaltant où le rythme a enfin trouvé sa forme et sa voie, et cette forme et cette voie me portent. C’est une période extraordinaire et pourtant exigeante sur plusieurs plans, qui demande beaucoup d’attention et de soin.

Fleur au fusilFleurs au fusil
La peuplade

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