Suivre l’étoile entre Dakar, Turin et New York
Des étoiles, premier long métrage de la réalisatrice franco-sénégalaise Dyana Gaye, suit la trajectoire de trois jeunes gens entre Dakar, Turin et New York. La cinéaste a parlé à Métro.
C’est la comédie musicale qui vous a attirée vers le cinéma, et sans en être une, Des étoiles accorde une grande place à la musique…
Des étoiles n’est pas une comédie musicale au sens strict, comme mon film Un transport en commun, mais j’écris tous mes films en musique. Je suis partie des Concertos pour violon de Bach, parce que je trouvais que la structure de la musique classique invitait au mouvement, qui est le thème du film. Et il y a toujours du jazz, mon genre de prédilection. Au final, j’obtiens une bande originale imaginaire. Une fois que ma co-scénariste Cécile Vargaftig et moi avons terminé d’écrire, j’ai transmis cette playlist à mon compositeur, qui, à partir de là, peut travailler à la musique originale. Procéder de cette manière m’aide à trouver l’arc du film, la couleur, l’humeur.
Des étoiles est un film-chorale qui se penche sur trois personnages: Sophie, qui quitte Dakar vers Turin pour y rejoindre son mari Abdoulaye; ce dernier, qui a déjà quitté l’Italie pour New York; puis Thierno, cousin américain de Sophie, qui revient avec sa mère sur la terre de ses ancêtres, au Sénégal… lequel a été le point de départ du scénario?
Au départ, j’avais surtout très envie de travailler avec des personnages féminins, ce que je n’avais pas vraiment fait dans mes courts métrages. Je suis donc partie du personnage de Sophie et de celui de sa tante, deux générations qui se font écho, deux femmes d’une même famille qui ne se croisent pas, mais dont les trajectoires résonnent l’une avec l’autre. L’idée de faire aller Sophie vers Turin est arrivée assez vite. Ma mère est à moitié italienne, et c’est une région que je connais bien. J’ai pu observer ces dernières années une forte immigration de femmes qui vivent seules, qui ne sont pas venues dans un processus de regroupement familial, mais qui ont décidé de prendre leur destin en main. Et pour ce qui est de sa tante et de son cousin, c’était aussi important pour moi de montrer qu’en 2015, on ne fait pas uniquement le trajet du Sud vers le Nord, qu’il y a des Américains qui décident de retourner sur la terre de leurs ancêtres, d’aller apprendre de leurs racines.
«Il y avait une espèce d’évidence que le titre devait tendre vers quelque chose en rapport avec les éléments, que ces personnages qui n’allaient jamais se rencontrer étaient tous séparés par des océans mais réunis par le ciel, qu’ils formaient une constellation.» – Dyana Gaye, expliquant le choix du titre de son film Des étoiles, qui fait aussi écho à la chanson qu’on entend dans le générique, Les étoiles de Melody Gardot
Selon vos dires, Des étoiles n’est pas un film sur l’immigration…
Effectivement, le sujet est plutôt la jeunesse en mouvement, et le quotidien de ces personnages. Il n’y a pas d’intrigue dans ce film, on suit ces personnages sur un temps donné. Ce qui m’intéressait, c’était d’être au plus près d’eux, de leurs sentiments face à l’adversité et aux bonnes choses qui leur arrivent. Et j’aime bien qu’il y ait un peu d’humour, ne pas tirer trop vers le dramatique. Et j’avais envie que leurs trajectoires ne se ressemblent pas, celle d’Aboulaye est incertaine, celle de Sophie est plus lumineuse… Même si au final on ne sait pas ce qui va leur arriver dans l’avenir.
Le film est tourné dans des lieux différents, dans des langues différentes… Un casse-tête pour une réalisatrice?
La vraie complexité était que la distribution de chaque pays était différente, puisqu’aucun personnage ne se croise d’un pays à l’autre… Il fallait donc que je reprenne depuis le début à chaque segment de tournage. C’est comme si j’avais tourné trois courts métrages, et que j’en avais fait un seul et même film au montage.
Des étoiles
En salle dès vendredi