Erik West Millette: l’homme qui recueillait les murmures des trains
Erik West Millette est passionné par les trains depuis qu’il est tout petit. En solo, il a parcouru la planète au fil des rails, recueillant des sons et des souvenirs qu’il utilise dans ses compositions. Sa prochaine destination? La place des Festivals, dès vendredi, à bord du West Trainz.
Erik West Millette a du millage derrière lui. Au propre et en musique. Musicien multidisciplinaire, il a collaboré à plus de 200 enregistrements et produit ou composé plus de 50 albums. Compositeur de musique de film et de théâtre, il a remporté en 2013 le Jutra de la Meilleure musique originale pour Camion, de Rafaël Ouellet. Et il a parcouru tant de chemin à bord de trains sur les cinq continents depuis 20 ans, recueillant les murmures de moteurs comme les voix des haut-parleurs, qu’il a récemment lancé un livre et album double intitulé West Trainz, où ses musiques plongent l’auditeur autant dans l’ambiance du Trans-Sahara Express que dans celle de la New York Central Station.
«J’aime beaucoup les effets de transe provoqués par la rythmique des trains, affirme West Millette. Les espèces de paysages mélodiques qui se promènent. Ça me met dans un état de quiétude, de bonheur tranquille.»
Avant de repartir au loin, le compositeur entamera dès demain un nouveau voyage, tous les soirs pendant le Festival de Jazz. Ils seront cinq musiciens – incluant West Millette – en plus d’un directeur technique, à parcourir les rues Jeanne-Mance et Sainte-Catherine sur cinq chariots et à aller à la rencontre du public. Leurs chansons, instrumentales durant leurs déplacements ou qui «swingent», quand ils s’arrêteront temporairement, sont toutes inspirées de la thématique ferroviaire. Elles sont issues des disques West Trainz ou des «pièces traditionnelles de l’univers des trains; des chansons country, funk, soul, qui sont liées à mon prochain projet».
Les chariots sont conçus pour aller autant sur des rails que sur la rue. Ils sont autonomes, énergiquement parlant. Des sculptures y font office de système de son. Et les musiciens y jouent de vrais instruments, en plus d’instruments inventés, qui sont faits avec des artefacts ferroviaires qui ont été récupérés et transformés. «J’ai même des spots de train dans lesquels j’ai installé des haut-parleurs. Chaque sculpture est inspirée du monde poétique du rail et l’espèce de locomotive motrice électrique, elle, est à la fois un système de son et un petit stage pour les invités spéciaux», détaille Erik West Millette. Le tout devrait loger dans un conteneur, qui servira de loge et de garage, en vue de tournées à venir, en Louisiane et à Berlin, notamment.
«Voir comment les gens plus fortunés et moins fortunés cohabitent dans une espèce de microcosme en mouvement, je trouve ça fascinant. C’est un des dénominateurs communs des trains de passagers, partout dans le monde.» – Erik West Millette
Le West Trainz aura aussi prochainement une version en salle, sous la forme d’un spectacle multimédia, un «road movie ferroviaire», à venir en 2016.
«J’ai aussi l’idée, à un moment donné, de parcourir le Québec sur les rails et d’aller dans plein de villages pour rencontrer les gens et militer de façon poétique, mais aussi sociale… Pour moi, le train, c’est l’avenir du transport en commun», lance l’amical et passionné musicien, qui a des projets plein la tête.
Les chariots musicaux du West Trainz / Christina Alonso/collaboration spéciale
West Trainz
Sur la place des Festivals à 17h
Dès vendredi et jusqu’au 5 juillet