World Press Photo: Dureté (et beauté) du monde
Le World Press Photo, qui récompense les meilleures photos professionnelles du monde entier, est de retour à Montréal. Secouant, troublant et déstabilisant, ce rendez-vous rappelle chaque année les horreurs qu’a subies la planète et présente des photos de facture impeccable dans de nombreuses catégories. Jérôme Sessini, lauréat de deux prix cette année et invité d’honneur, a commenté certaines photos à l’occasion de l’inauguration, mardi.
Jon et Alex
Cette photo du Danois Mads Nissen, pour Scanpix et Panos Pictures, est la lauréate du World Press Photo de l’année 2014. On y voit un moment de la vie intime d’un couple gai à Saint-Pétersbourg alors que le quotidien des lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres devient de plus en plus difficile en Russie. (Photo: Mads Nissen, Danemark, Scanpix et Panos Pictures)
Opération Mare Nostrum
«C’est une photo de guerre, une conséquence directe de la guerre», commente le photographe Jérôme Sessini, invité d’honneur du World Press Photo cette année. Cette image, prise par l’Italien Massimo Sestini, montre des réfugiés, entassés à 25 km de la côte libyenne, avant leur sauvetage par une frégate italienne de l’opération Mare Nostrum. En un an, cette opération a permis de sauver plus de 150 000 personnes, dont au moins le quart était constitué de réfugiés syriens. «On ne voit plus ce qui se passe en Syrie, c’est devenu très dangereux d’y aller, mais on voit les gens qui fuient, poursuit M. Sessini. Et le prochain endroit d’où les gens fuiront, ce sera la Libye.» (Photo: Massimo Sestini, Italie)
Ce qu’il reste
D’après Jérôme Sessini, le numérique a permis l’essor de photographes de pays émergents comme Sarker Protick, du Bangladesh, qui a réalisé une série de photos de ses grands-parents. «Ce qui est important, c’est que les photos parlent au public plutôt que de parler de l’auteur», poursuit M. Sessini. (Photo: Sarker Protick, Bangladesh)
Laurinda
Laurinda joue avec sa robe en attendant l’autobus à Moree, en Nouvelle-Galles-du-Sud. Son portrait a été capté par Raphaela Rosella pour Oculi. Laurinda est kamilaroi, une nation autochtone d’Australie. Dans ce pays, plusieurs communautés défavorisées doivent composer avec la pauvreté, le racisme et la violence, entre autres problèmes. (Photo: Raphaela Rosella, Australie, Oculi)
Dernier combat pour Maïdan
Un prêtre orthodoxe bénit un manifestant à Kiev. «C’était le 20 février 2014, la journée la plus violente des manifestations. Il y a eu 70 morts. Cela a conduit au départ du président de l’Ukraine», se rappelle Jérôme Sessini, de Magnum Photos, qui a pris cette photo pour le journal belge De Standaard après avoir passé près de 3 heures sur les barricades avec les manifestants. M. Sessini a aussi gagné un prix cette année au World Press Photo pour ses clichés – dont certains, très durs, montrent des cadavres – qui témoignent de l’écrasement du vol MH17 en Ukraine. «Il ne faut pas voir les photos comme étant dérangeantes. C’est la réalité qui est dérangeante. Je ne fais que la transmettre», affirme le photographe français. (Photo: Jérôme Sessini, France, Magnum pour De Standaard)
Suceurs d’esprit par Anand Varma. États-Unis, pour National Geographic Magazine
Des spores de champignons prennent le contrôle d’une fourmi. Ce que l’Américain Anand Varma fait connaître pour le compte du National Geographic Magazine est «aussi important que l’illustration de la guerre en Ukraine», rappelle Jérôme Sessini. (Photo: Anand Varma, États-Unis, pour National Geographic Magazine)
World Press Photo
– Au Marché Bonsecours, jusqu’au 27 septembre
– Le photographe Jérôme Sessini donnera une conférence gratuite ce soir à 18h30 au Centre Phi.