Shakey Graves, comme un seul homme
Vous ne connaissez pas encore Shakey Graves? Ça tombe bien. Le jeune musicien originaire d’Austin débarque à Montréal dans une semaine, et c’est sur scène qu’il convient de découvrir ses talents de guitariste et de chanteur.
Blues, country, folk, rock, Americana: de nombreux qualificatifs ont été accolés au style inclassable d’Alejandro Rose-Garcia, mieux connu sous le nom de Shakey Graves. Depuis Roll the Bones, son premier album paru en 2011, conçu essentiellement seul et joué de la même façon sur scène, sa réputation d’homme-orchestre épatant lui a valu un bassin de fans toujours grandissant. Et après un passage ayant attiré les foules à Osheaga en août dernier, lundi prochain, il revient à Montréal pour y donner son premier concert «à lui» en salle, cette fois avec les pièces de son second opus, And the War Came, paru il y a un an.
«J’adore Montréal, et ce qui est beau du Québec, c’est qu’il existe cette culture unique, francophone et anglophone, et donc quand j’y viens, c’est un peu comme conquérir un nouveau territoire, lance l’artiste, que Métro a joint au téléphone au cours de sa tournée. Quand j’ai donné un concert à Québec, en avril dernier, je ne savais pas du tout si quelqu’un allait se pointer – mais beaucoup de gens sont venus. Je ne savais pas si mes blagues étranges avaient du sens pour tous ces francophones dans la salle, mais à bien y penser, elles n’en ont pas plus pour les anglos!» Entretien avec une étoile montante qui ne se prend pas pour autant au sérieux.
Avec And the War Came, vous avez inclus d’autres musiciens à votre disque et à votre spectacle, alors que vous aviez commencé votre carrière complètement seul. Préférez-vous l’une ou l’autre des formules?
Ça dépend des chansons. Jouer seul, ça peut être très puissant, et je crois que plusieurs de mes pièces sont meilleures quand je les fais de cette manière. Mais il y en a aussi qui sonnent bien mieux avec le groupe. Il faut que je m’habitue à jouer avec d’autres. Je ne pourrai toutefois pas emmener tous mes musiciens à Montréal, donc je jouerai parfois seul, parfois avec mon batteur!
Le premier contact des gens avec votre musique se passe souvent dans vos concerts: avez-vous cela en tête quand vous vous produisez? Que vous êtes en train de vous bâtir un public, en quelque sorte?
Oui, c’est important de penser au public. Il faut dire que, quand on est sur la route pendant longtemps et qu’on joue tous les jours, ça peut devenir routinier, donc il arrive que j’expérimente de nouveaux trucs en spectacle. Mais il faut se souvenir qu’il y a sûrement des gens dans la salle qui n’ont encore jamais vu le concert; alors il faut se retenir et ne pas devenir trop bizarre! Mais il y a des moments où on se laisse aller sans savoir où ça va nous mener. Tout est dans l’équilibre!
«J’ai hâte d’avoir enfin le temps d’avoir une vie, mais j’adore être en tournée. On s’améliore chaque jour, c’est une période très active pour un musicien. Ça va donc me rendre un peu fou d’arrêter, et c’est là qu’enregistrer un nouvel album va me servir de soupape!» – Shakey Graves, qui offre présentement les derniers spectacles de sa tournée
Après cette tournée, vous allez «vous enfermer pour écrire votre nouveau disque». Avez-vous déjà une idée de la direction que cela prendra?
Ça sera certainement différent des deux premiers. Quand j’écrivais And the War Came, j’en parlais souvent comme d’un tournant, mais je crois que c’était une espèce de vœu pieux, je le disais pour que ça devienne vrai. Mais en fait, And the War Came est une suite logique à Roll the Bones. Seulement, il y a des trucs auxquels je n’avais pas touché dans le premier et vers lesquels je me suis tourné dans le second, et avec le troisième, j’ai l’intention de fouiller encore plus profondément les territoires que je n’ai pas encore explorés. Essentiellement, j’essaie toujours de capter une énergie brute, et c’est un gros défi parce que, si c’est trop léché, ce n’est pas bon, et si c’est trop décousu, c’est mauvais aussi!
Quel est le plus beau compliment qu’on vous ait fait au sujet de votre musique?
J’ai reçu une lettre un jour d’un gars qui me racontait comment lui et son meilleur ami avaient toujours fait de la musique ensemble, jusqu’à ce que son ami perde la vie dans un accident de voiture. Il avait alors complètement arrêté de jouer, et n’avait pas l’intention de recommencer. Puis, un jour, il est tombé sur mes chansons, et ça l’a incité à recommencer à jouer, ç’a été comme une guérison, m’a-t-il dit. Disons qu’on peut difficilement recevoir un compliment plus grandiose que celui-là.
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Shakey Graves
Au Théâtre Corona
Le 9 novembre à 20h