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Basia Bulat: La force des coeurs brisés

Photo: Josie Desmarais/Métro

La Montréalaise d’adoption Basia Bulat parle de rupture et de peine d’amour avec le sourire sur son quatrième album, Good Advice, un opus à saveur pop pour lequel elle entamera une tournée à Montréal en lumière jeudi prochain.

Son quatrième album a beau s’intituler Good Advice, Basia Bulat n’y offre pas réellement de conseils pour les cœurs brisés – parce que, comme elle le dit dans la chanson-titre : «Tes bons conseils, je les fuis, je ne les ai pas demandés, je ne les veux pas.»

Néanmoins, quiconque a déjà vécu une peine d’amour se reconnaîtra et trouvera réconfort dans ses pièces, qui retracent les étapes – pas toujours glorieuses – d’une rupture douloureuse. «Ça fait partie du boulot d’un artiste de trouver une façon de parler aux gens, de connecter avec eux, croit la Montréalaise d’adoption. En particulier si on est timide comme moi; il y a des choses que j’ai de la difficulté à exprimer autrement que dans une chanson. C’est une manière de me comprendre moi-même, mais mon travail, c’est de faire en sorte que ça ne soit pas seulement à propos de moi, que les gens aient l’espace nécessaire pour s’identifier à ce que je chante.»

Et s’il y a un sujet universel, c’est bien l’amour, qu’il soit trouvé ou perdu, et la chanteuse l’aborde avec solidité et un brin de sarcasme. «Il y a beaucoup de voix féminines sur l’album, et ce n’est pas pour rien; les chansons sont écrites d’un point de vue de femme, fait remarquer Basia Bulat. Je crois qu’il y a une tendance dans la culture générale à ce que des sujets traditionnellement masculins – la guerre, ce genre de trucs – soient vus comme les sujets épiques, alors que ceux qui sont davantage associés aux femmes, tout ce qui est dans le domaine de l’émotion, des sentiments, sont considérés comme moindres. Alors que l’histoire émotionnelle de quelqu’un peut lui paraître aussi immense que l’odyssée! Alors j’avais envie qu’une force émane de tout cet album – de la pochette, des paroles, des chœurs de femmes.»

Mais c’est avec un homme, Jim James, du groupe américain My Morning Jacket, que l’artiste a fait équipe pour la réalisation de son disque. À un moment où, de son propre aveu, elle avait particulièrement envie de partir «loin de tout», Basia est descendue jusqu’à Louisville, au Kentucky, pour travailler avec celui qui était devenu un bon ami au fil de rencontres fortuites. «Je savais que ça serait plaisant, mais en plus, j’adore sa musique et sa conception de la vie, décrit-elle. Il a une façon d’injecter un certain humour à des sujets très émotionnels, donc je savais qu’il pourrait apporter une certaine magie à mes pièces. Une de ses forces, c’est que d’un côté, il n’a pas peur d’essayer des trucs étranges et de repousser les limites, mais que de l’autre, il connaît la scène et l’importance que la production d’une chanson ne noie pas la personne qui chante.»

«La pop est reconnue pour sa simplicité, ses limites en termes de structure et de forme. Ce qui m’intéressait, c’était de jouer avec cette forme pour que les chansons ne soient pas unidimensionnelles, que chacune d’entre elles ouvre une porte sur quelques mondes.» -Basia Bulat

Et l’idée de Louisville, en soi, plaisait à la musicienne. «La plupart des gens qui vont enregistrer leur album pop aux États-Unis vont à New York ou à Los Angeles, fait-elle remarquer. Mais j’avais envie que mon album sorte des sentiers battus, qu’il ne soit pas commercial. Et l’ambiance de Louisville était parfaite pour ça. Dans un État qui, à ma connaissance, est plutôt conservateur, cette ville est magique, très accueillante, très libre. Ç’a teinté le disque.»

Et après une dizaine d’années de carrière, quatre albums, deux nominations au prix Polaris, quel «bon conseil» la Basia d’aujourd’hui donnerait-elle à celle d’il y a 10 ans? «Probablement de suivre mon instinct et de ne pas être si dure avec moi-même, rigole-t-elle. Aujourd’hui, je peux dire sans m’excuser que j’ai réussi à devenir musicienne – même si j’ai plus envie de dire que j’ai réussi à duper tout le monde! Depuis le début, je n’ai jamais eu de plan. Mon premier album, je n’avais aucune idée que quelqu’un l’entendrait un jour. Je n’ai pas de stratégie, je ne prévois rien. La vie est longue et on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, mais ce que je sais, chaque fois que j’ai songé à m’éloigner de la musique, la musique a trouvé une façon de me ramener à elle.»

Good Advice
Disponible dès vendredi

Basia Bulat à Montréal en lumière
Au Club Soda jeudi à 20 h

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