Kendrick Lamar, roi des Grammy
Le rappeur Kendrick Lamar a dominé la 58e soirée des Grammy en remportant cinq prix, alors que le 1989 de Taylor Swift a été sacré Album de l’année, lundi à Los Angeles.
Kendrick Lamar, qui était parti favori avec 11 nominations – un record n’ayant été surpassé que par Michael Jackson et les 12 nominations de Thriller en 1984 – est finalement reparti avec cinq trophées, notamment tous ceux des catégories rap. Celui du Meilleur album rap lui a d’ailleurs été remis par son compatriote de Compton, Ice Cube, et le fils de celui-ci, O’Shea Jackson Jr. Le jeune homme de 28 ans a aussi raflé ceux de la Meilleure performance rap et de la Meilleure chanson rap pour Alright, ainsi que de la Meilleure collaboration rap/chantée pour These Walls. La collaboration de Lamar avec Taylor Swift pour Bad Blood leur a aussi valu le prix du Meilleur vidéoclip, catégorie dans laquelle il était aussi en compétition pour son vidéoclip d’Alright.
Swift a toutefois coiffé Lamar au poteau dans la catégorie du Meilleur album de l’année pour 1989, aussi couronné Album pop vocal de l’année. Sur ses sept nominations, la jeune femme de 26 ans en aura remporté trois, puisque c’est sans surprise le Uptown Funk de Mark Ronson et Bruno Mars qui a été sacré Enregistrement de l’année.
Alors que Tony Bennett remportait son 18e Grammy, celui du Meilleur album pop vocal traditionnel, pour The Silver Lining : The Songs of Jerome Kern, Ed Sheeran, qui était jusqu’ici toujours reparti bredouille des Grammy, a été honoré pour la première fois, repartant avec les trophées de la Meilleure performance pop solo et de la Chanson de l’année pour Thinking Out Loud. «Je veux remercier mes parents, qui traversent l’océan pour assister à chaque gala et qui, chaque fois que je perds, me disent : “Oh… Eh bien, peut-être l’an prochain!”» s’est souvenu le rouquin britannique.
Ô! Canada!
Le Torontois The Weeknd, qui, avec ses sept nominations, partait à égalité avec Taylor Swift, a finalement dû se contenter du prix d’Album de musique urbaine contemporaine de l’année (Beauty Behind the Madness) et de Meilleure performance R&B pour Earned It (Fifty Shades of Grey).
Drake, cité cinq fois, a eu moins de chance et a fini la soirée bredouille. Justin Bieber (dont l’album Purpose ne sera éligible que l’an prochain), qui a pris part à la pièce Where Are Ü Now de Skrillex et Diplo, a été couronné avec eux du prix du Meilleur enregistrement dance.
«Nous devons faire en sorte de rendre toute chose accessible à chaque personne qui a un handicap.» -Stevie Wonder, après avoir annoncé le gagnant du trophée de la chanson de l’année, écrit en braille sur son papier, et rigolé en tournant la feuille vers le public : «Vous ne pouvez pas le lire, vous ne lisez pas le braille. Na-na-na-na!»
Des performances sans éclat
Le numéro d’ouverture plutôt convenu de Taylor Swift avait donné le ton: ironiquement, au sein de cette grand-messe de la musique, les performances musicales n’ont pour la plupart pas levé du tout. Il aura fallu attendre que Kendrick Lamar, qui y est allé vers la moitié du gala d’une audacieuse interprétation de The Blacker the Berry et d’Alright, mette le feu aux planches (littéralement) pour que la foule se réveille. Notons aussi le joyeux et étrange hommage offert par Alice Cooper, Joe Perry et Johnny Depp, qui a eu le mérite de secouer un peu le public.
Les deux numéros les plus attendus de la soirée ont donné lieu à des résultats très différents. Celui d’Adele, gâché sans doute par un problème technique, était carrément gênant tant la voix de la chanteuse sonnait faux par moments, alors que l’hommage d’une Lady Gaga androgyne à David Bowie a fait mouche, même si les succès se défilaient à vitesse grand V en nous laissant à peine souffler. N’empêche que cet hommage énergique, théâtral et visuellement impressionnant en était un à l’image du regretté Bowie.