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Un pont entre deux mondes: Démocratie directe

Photo: Chantal Levesque

Après Le porteur d’eau, chaleureusement acclamé dans de nombreux pays, le documentariste Pascal Gélinas présentera Un pont entre deux mondes à l’occasion des Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ), qui se déroulent jusqu’au 27 février.

Bien que conçu pour qu’on puisse le voir sans avoir regardé précédemment Le porteur d’eau (2006), Un pont entre deux mondes, le nouveau documentaire de Pascal Gélinas, n’en constitue pas moins une sorte de suite.

Le premier film montrait les efforts déployés par le Québécois Gilles Raymond pour acheminer l’eau potable vers 36 villages de la région de Florès, en Indonésie; le second montre comment ce même humaniste camusien a mis en place le programme Otonomi. Ce dernier permet de consentir des prêts d’honneur de 2 200 $ qui permettent à des paysans, autant musulmans que catholiques, de s’acheter un lopin de terre, d’y cultiver du gingembre et, petit à petit, de sortir de la pauvreté.

À travers son regard complice, le fils du grand homme de théâtre Gratien Gélinas nous explique comment s’est construit un réseau de solidarité entre le Québec et Florès, grâce aux initiatives de Gilles Raymond. Un homme qui s’est fait connaître par ses luttes pour la survie économique et sociale de régions du Québec menacées de fermeture.

«Il a toujours eu cette propension à s’investir sans réserve dans la défense du bien commun, souvent au détriment de son confort. Pour lui, ce n’est pas de l’héroïsme, mais quelque chose de naturel», précise Pascal au sujet de son ami depuis plus de 30 ans qui, après avoir œuvré dans les Caraïbes, a choisi de s’installer en Indonésie il y
a 17 ans.

Et s’il est parti là-bas, ce n’était certainement pas pour se la couler douce au soleil.

«Gilles avait une vision assez claire de la façon d’aider les gens à sortir de la pauvreté. Elle est née lorsqu’il a rencontré des touristes qui avaient accepté de prêter de l’argent, sur une période de sept ans, à des paysans démunis avec, pour seule garantie, la promesse qu’ils les rembourseraient. La solidarité humaine existe. C’est le message essentiel du film. Combien de fois nous a-t-on dit que telle ou telle chose est infaisable, parce que nous sommes dans le néolibéralisme jusqu’au cou, alors qu’il y a tellement d’initiatives qui nous surprennent?» poursuit le cinéaste en se demandant si lui, dans son petit confort quotidien, accepterait, par exemple, d’accueillir des réfugiés.

Est-ce que la démarche de Gilles a heurté des intérêts locaux? «Tous ceux qui soutenaient l’ancien gouverneur de la région, notamment les contractants qui voulaient faire du fric – une histoire de corruption qu’on connaît bien ici – et qui se faisaient couper l’herbe sous le pied par un gars venu de nulle part capable de créer des consensus au sein des populations villageoises», dit Gélinas, ajoutant que Gilles Raymond a souvent été menacé d’expulsion.

«Les médias nous montrent beaucoup de catastrophes, mais s’il y avait un canal de bonnes nouvelles, nous aurions peut-être un autre son de cloche. Il faut s’appuyer sur les personnes qui veulent se solidariser et créer une planète meilleure. Moi, je voudrais être un reporter du bonheur.» – Pascal Gélinas, réalisateur d’Un pont entre deux mondes

Aujourd’hui, un nouveau gouverneur est en poste et il est devenu l’allié des villageois. Ce qui a aussi permis à notre humaniste au look baba cool de se réinventer une vie avec une mère de quatre enfants, qui lui en a donné deux autres.

Heureux et serein, Gilles Raymond souhaite finir ses jours sur son île indonésienne, tout en rêvant de faire un voyage de pêche à la dure au Québec avec sa marmaille, s’il en a un jour les moyens.

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