TLMEP: Pierre Lapointe «en tabarnak» contre Radio-Canada
Pierre Lapointe a livré un vibrant plaidoyer pour que la diversité culturelle soit mieux représentée dans les médias, notamment à Radio-Canada, dimanche soir sur le plateau de Tout le monde en parle.
L’auteur-compositeur-interprète s’est exprimé avec passion et sans détour. «Il y a une espèce de culture du vide à la télévision. Vous êtes une des rares émissions à faire exception, et Radio-Canada se déculpabilise de ça, a-t-il lancé d’un ton révolté. J’en ai plein le cul de voir toujours les mêmes faces à la télé, et j’en fais partie.»
À titre d’exemple, le chanteur, qui vient de publier le livre jeunesse Le tragique destin de Pépito avec Catherine Lepage, a déploré que cette dernière ne soit pas invitée avec lui sur le plateau, à heure de grande écoute. «Radio-Canada devrait remplir son mandat: diffuser de la culture diversifiée», a-t-il déclaré avec agitation.
Le sujet a été abordé quand l’animateur Guy A Lepage l’a questionné sur la fin de l’émission culturelle Stéréo Pop, qu’il a animée avec Claudine Provost pendant une demi-saison. L’artiste a affirmé qu’il était «en tabarnak» contre les contraintes l’obligeant à toujours inviter des artistes qu’il a qualifiés de «A», c’est-à-dire des artistes grand public. «Ça fait de la télé aseptisée», a-t-il dénoncé.
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Après ce coup de gueule, il a précisé qu’il n’est pas un élitiste. «Je veux que tout le monde se mélange, et ça ne se passe pas assez à mon goût.»
Ainsi, Pierre Lapointe ne voit pas de contradiction entre sa participation à la populaire émission La Voix et ses autres activités artistiques plus underground. D’ailleurs, au sujet de la gagnante de la dernière saison, sa protégée Stéphanie Saint-Jean, il a dit: «Elle n’essaie pas d’être cute. Elle s’en sacre. Elle est totalement intègre, là-dessus on est pareils.»
Quand l’artiste s’est fait parler de ses «habits bizarroïdes», il a déclaré son amour pour les arts. «Les arts, à une certaine période de ma vie, m’ont sauvé. Avec les arts, j’ai réalisé qu’il y avait des gens qui, par la création, rendaient l’être humain beau.»
«J’ai réalisé plus tard que j’étais marginal. Dans la mi-vingtaine, j’ai réalisé que je ne pensais pas comme les autres.»
Légaliser ou pas le cannabis
Dans un autre segment de l’émission, la médecin Marie-Eve Morin, spécialisée en dépendances, a dit s’inquiéter de la volonté du gouvernement fédéral de légaliser le cannabis l’an prochain. «Ça pourrait fonctionner, mais pas dans un an. Il faudrait faire des études sur la consommation récréative, sur la conduite automobile», a-t-elle expliqué.
Pour sa part, le militant pro-légalisation Marc-Boris St-Maurice voit cette nouvelle d’un bon œil. Selon lui, cela ferait «moins d’argent dans les poches des Hell’s Angels» et plus pour le gouvernement. «Ça couperait l’herbe sous le pied du crime organisé.»
«J’aimerais que cet argent aide les toxicomanes et finance les soins de santé, parce que fumer du pot va engendrer des problèmes de santé tout comme fumer la cigarette», a renchéri la Dre Morin, qui reconnaît que le cannabis est moins dangereux que d’autres drogues comme les opiacés.
«On a surestimé pendant des années les effets de la marijuana pour encourager la prohibition», a soutenu M. St-Maurice. Nuancée, la médecin a répliqué que de nombreuses personnes développent des troubles anxieux ou dépressifs liés à leur consommation, notamment les adolescents. «Chez les ados, il y a le syndrome amotivationnel, que j’appelle le “bof syndrome”. Plus rien ne les dérange, et après on se demande pourquoi il y a autant de décrochage scolaire, a-t-elle affirmé, précisant que tous les décrocheurs ne sont pas dépendants à la marijuana. Le cerveau se développe jusqu’à l’âge de 25 ans. À quel âge va-t-on rendre ça légal? Pas à 16 ans j’espère.»
«J’invite Justin Trudeau à passer une journée dans mon bureau avec les adolescents qui développent des troubles anxieux et dépressifs [à cause de leur consommation].» – Marie-Eve Morin, médecin spécialisée en dépendances
Ni la Dre Morin ni M. St-Maurice se sont montrés enchantés par l’idée que la SAQ vende du pot dans ses succursales. Selon ce dernier, l’expertise développée dans les dispensaires devrait plutôt être mise à contribution pour ouvrir des boutiques spécialisées.
Marc-Boris St-Maurice s’est d’ailleurs inscrit au registre des lobbyistes pour militer en faveur des dispensaires, qui fournissent de la marijuana médicale à des patients. «On est dans un vide juridique. Selon la loi, on est illégal, on a une épée de Damoclès au-dessus de notre tête. Mais on a des critères très sévères pour aider les malades.»