Le Festival Trad ne prend pas une ride à Ahuntsic
C’est plus fringant que jamais que le Festival Trad Montréal célébrera son 30e anniversaire du 31 août au 4 septembre dans Ahuntsic.
En effet, en 2021, le festival d’arts traditionnels (qui met en valeur musique, danse, chanson, conte et plus encore) est entré dans une nouvelle ère de son histoire en faisant rimer trad et avant-garde — et pas que littéralement, on s’entend!
Les deux nouvelles personnes qui se partagent la direction artistique cette année y sont pour beaucoup. «Le festival a été remodelé l’année passée pour amener de nouvelles valeurs, des valeurs qui s’alignent avec les nôtres», raconte en entrevue Samuel Royer-Legault, moitié du tandem qu’il forme avec Marjolène Forest. En deux mots: relève et féminisme.
À leurs yeux, il était primordial de mettre l’accent sur les artistes en émergence — «qui n’ont pas toujours suffisamment de place, à qui on ne fait pas toujours assez confiance alors qu’ils le méritent beaucoup», affirme le codirecteur de 24 ans — ainsi que sur les femmes, en veillant à les représenter le plus possible dans le festival. «Notre ratio n’est pas 50-50, mais on n’est pas loin. EspaceTrad [l’organisme qui chapeaute l’événement], Marjo et moi, on a voulu le plus possible mettre de l’avant les femmes.»
Un musicien parmi tant d’autres
Ne nous laissons pas berner par son jeune âge : Samuel Royer-Legault est certainement bien placé pour tenir les rênes de la programmation du Festival Trad Montréal. Multi-instrumentiste, le résident de Villeray joue de la guitare, du banjo, de la mandoline, en plus d’apprendre le violon — pour ajouter un archet à son arc (s’cusez-la)! — et de chanter.
Nombre de ses amitiés s’enracinent dans cette communauté qui lui tient à cœur et qui occupe une immense place dans sa vie.
Étonnamment, il ne préméditait pas de se retrouver à la barre du festival, qu’il a en fait véritablement découvert l’an passé, nous confie-t-il. Il connaissait l’importance d’EspaceTrad à Ahuntsic, et à Montréal plus largement, mais c’est le tournant emprunté par le Festival Trad qui l’a rendu beaucoup plus attrayant à ses yeux.
Comment le festival enrichit-il d’ailleurs le quartier, à son avis? «Dans un quartier, avoir un festival de musique traditionnelle, c’est quelque chose! C’est un privilège qui n’est pas accessible à toutes les villes et encore moins à tous les quartiers, relève le passionné de trad. On peut découvrir des trucs très modernes. Il y a une beauté dans la découverte. Et ça rend la culture super accessible.»
Le festival est l’occasion de goûter diverses «saveurs», tel que le décrit joliment Samuel, de la musique trad: celles du Québec, de l’Irlande, de l’Écosse, des Maritimes, de la Nouvelle-Angleterre. Si les artistes de la relève rayonneront, ils ne porteront pas pour autant ombrage aux artistes de renom, tels que Little Misty, Marie-Pierre Daigle, Tousk ou David Brunelle.
Les festivaliers et festivalières vibreront également au rythme de la danse (qui fait un retour remarqué avec La Veillée de danse du Festival) ainsi que des multiples ateliers et rencontres (dont certaines 100% au féminin).
Le comédien et auteur Fabien Cloutier, digne ambassadeur du Festival Trad Montréal, vous convie à la fête et, ainsi, à façonner ce public qui voit «le trad non pas comme quelque chose de passéiste, mais de résolument moderne, tourné vers l’avenir. Ce n’est pas parce qu’on regarde derrière de temps en temps qu’on ne sait pas où on s’en va. […] La musique traditionnelle, c’est changeant, ça continue à évoluer».
Au fil de ses 30 éditions, le Festival Trad Montréal, né à l’initiative de Gilles Garand, a attiré plus de 2700 artistes du Québec, du Canada, des États-Unis et d’Europe, qui ont tous et toutes contribué à forger sa renommée.
Festival Trad Montréal, du 31 août au 4 septembre, à la Maison de la culture Ahuntsic et au parc Ahuntsic
5 coups de cœur de Samuel
La R’voyure: «Un collectif de gigue de Montréal qui fait un spectacle sur la scène La Bolduc. J’adore la gigue!»
Cassie & Maggie: «Un duo de femmes de Nouvelle-Écosse de trad folk que j’écoute depuis des années. C’est l’un des bands que je tenais vraiment à avoir quand j’ai commencé le travail avec Marjo.»
Bon Débarras: «Un groupe bien connu au Québec, dont fait notamment partie Véronique Plasse.»
Lila L’Bon Temps: «Super bon band! Ce sont trois filles qui réarrangent à leur sauce des chansons traditionnelles que tout le monde connaît, comme Il était un petit navire ou V’la l’bon vent. Leur interaction avec le public est super personnelle et unique. Je les ai découvertes au Festival de la gibelotte de Sorel-Tracy.»
Casey and Molly: «Deux femmes de Boston, au Massachusetts, qui jouent du violon et du violoncelle. Une autre saveur de la musique trad, celle de la Nouvelle-Angleterre. Ça fait presque musique de chambre.»