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Les cultures créoles réchaufferont octobre

Pierre-Roland Bain, fondateur du KEPKAA et du Mois du créole à Montréal, au côté de la coordinatrice Ophélia
Pierre-Roland Bain, fondateur du KEPKAA et du Mois du créole à Montréal, au côté d’Ophélia Riga-Manéré, coordinatrice de l’événement Photo: Caroline Bertrand

En octobre, le Mois du créole à Montréal célèbre et met en valeur les cultures créoles par une foule d’activités visant à rassembler les peuples, et tous les créolophones notamment, dans la tolérance et l’amitié. Un spectacle haut en couleur lancera les festivités samedi prochain, au collège Ahuntsic.  

Ce mois de célébrations, qui en est à sa 21e édition, a été instauré par le KEPKAA, acronyme en créole du Comité international pour la promotion du créole et l’alphabétisation. C’est dans le local de l’organisme à but non lucratif, sis dans le Plateau Mont-Royal, que nous a accueillie son fondateur, Pierre-Roland Bain. 

Ce dernier se souvient qu’avant la fondation du Mois du créole à Montréal en octobre 2002, il y avait bien la Journée internationale du créole, mais c’est tout. Le Mois du créole était bel et bien le premier du genre au Québec.  

Et ç’a fait tache d’huile, raconte-t-il : les États-Unis, Haïti, la Martinique, la Guadeloupe, Paris, l’île de la Réunion et l’île Maurice célèbrent tous aujourd’hui le Mois du créole. 

«Je ne leur avais pas parlé pour leur dire : “Adoptez le Mois du créole.” Ce sont eux qui l’ont décidé », précise M. Bain, qui a applaudi leur initiative.  

«C’est un grand honneur pour Montréal », affirme-t-il en mettant l’accent sur l’importance de la ville dans le nom de l’évènement. « Je suis fier que le Mois du créole ait été une source d’inspiration pour beaucoup de groupes, voire de pays. Ç’a fait sonner Montréal à l’extérieur.»  

La Foire du livre Québec-Caraïbes-Océan Indien  

Le Mois du créole est un hommage à la langue, à la culture et aux arts créoles, qui, aux yeux de Pierre-Roland Bain, «possèdent une force extraordinaire pour rapprocher les gens».  

L’une des plus grandes fiertés de M. Bain à l’égard de l’actuelle programmation est certainement la Foire du livre Québec-Caraïbes-Océan Indien (9 octobre), qu’il inaugure cette année et qui vise à « relier écrivain.e.s, maisons d’édition et lecteur.trice.s » dans la métropole. 

Pierre-Roland Bain, dans la librairie du KEPKAA.
Pierre-Roland Bain, dans la librairie du KEPKAA. Photo : Caroline Bertrand

Comment quelqu’un peut devenir une bonne personne, s’améliorer? Tout ça se trouve dans les livres. On ne doit jamais abandonner la lecture, les livres. Le livre a un rôle important : c’est de combattre l’ignorance. Je crois en les livres pour changer le comportement des gens.

Pierre-Roland Bain, fondateur du Mois du créole à Montréal

M. Bain, qui souhaite pérennité à la Foire, espère qu’elle contribue à rapprocher les Québecois.e.s autour de ces valeurs et qu’elle transmette le goût de la lecture aux jeunes. D’ailleurs, la petite librairie du KEPKAA, située dans ses bureaux, propose romans, ouvrages pédagogiques, essais et livres jeunesse en français, mais aussi en créole « que les jeunes ne retrouveraient pas ailleurs », souligne M. Bain, en nous montrant des classiques de Molière, de Racine ou de Shakespeare traduits en créole. 

La Foire du livre Québec-Caraïbes-Océan Indien organisera aussi la table ronde intitulée « A-t-on le droit d’employer le mot “nègre” [au Québec]? », délicat thème dont discuteront la journaliste Vanessa Destiné, le sociologie Frédéric Boisrond, le poète Joël Des Rosiers, l’éditrice Natania Étienne et la vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Myrlande Pierre. 

Aux yeux de Pierre-Roland Bain, la Foire permet de « planter un arbre pour la société québécoise, pour le patrimoine culturel immatériel ».  

«On espère qu’il va grandir», poursuit-il, invitant les maisons d’édition, les auteurs et les autrices à venir exposer. «Que tout le monde va contribuer pour le faire grandir. C’est important pour le Québec et d’autres peuples. Il faut s’unir. C’est à ça que je rêve.»  

Arts et culture au premier plan 

Outre la Foire, une trentaine d’activités s’échelonneront sur le mois : concerts (notamment de la chanteuse Rebecca Jean, porte-parole cette année), soirée de poésie, conférences, tables rondes, lancements de livres et d’albums, exposition de tableaux, cours d’initiation à la langue créole pour les jeunes, etc. 

Une conférence en l’honneur d’un auteur phare de la culture créole et du réalisme merveilleux, Jacques Stéphen Alexis, qui aurait eu 100 ans cette année, sera offerte par un professeur d’université new-yorkaise (23 octobre).  

Soulignons également la visioconférence sur le mieux-être de la femme afro-caribéenne (15 octobre) ainsi que celle sur les bonnes raisons de manger moins de viande avec des recettes véganes créoles (19 octobre). 

Aujourd’hui, le fondateur du KEPKAA est fier que l’organisme soit toujours bien ancré dans la communauté, et poursuive sa mission de valoriser les cultures créoles.  

« Pour moi, savoir lire et écrire, c’est beaucoup, confie Pierre-Roland Bain. Au début, je ne savais pas écrire en créole, on m’a enseigné, jeune, seulement en français : le créole n’était pas autorisé. Devenu adule, j’ai fait mes démarches pour l’apprendre. Et ç’a été une forme de libération. Je me sens plus léger, je respire mieux. Je suis privilégié pour ça. »  

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