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Les sons des Îles-de-la-Madeleine berceront Verdun

Charles Montambault, créateur de l'installation sonore Les Madelinéennes, au parc des Madelinots
Charles Montambault, créateur de l’installation sonore « Les Madelinéennes », au parc des Madelinots, à Verdun. Photo: Josie Desmarais/Métro

Dans le tout petit parc des Madelinots, dans Verdun, sis à la jonction des rues LaSalle et Wellington, s’entremêlent les sons de bus, de camions, de voitures, de klaxons et de passants. Le printemps prochain, à la fonte des neiges, des sons fort différents s’y fusionneront du matin au soir: ceux des Îles-de-la-Madeleine.  

Intitulée Les Madelinéennes, l’installation sonore est une invitation à la contemplation et à la méditation, nous dit en entrevue son cocréateur Charles Montambault, du studio multimédia Paysages. Son but premier? Procurer de l’apaisement et du bien-être à ceux et celles qui flâneront au parc ou le traverseront.  

Les sons des Îles se fonderont subtilement à ceux de la ville afin de « nous connecter à notre environnement, comme le fait un bain de nature », sans être au premier plan, illustre-t-il, assis sur l’un des bancs aux couleurs vives du parc rappelant celles des maisons madeliniennes.  

Pour moi, écouter un environnement sonore, c’est une forme de méditation. Au lieu de laisser aller mes pensées, je “médite” en écoutant seulement ce qui se passe autour de moi.

Charles Montambault, cocréateur de l’installation sonore Les Madelinéennes

«Je veux que les gens qui traversent le parc se disent: “Je me sens bien ici, même si je ne sais pas pourquoi”», poursuit l’artiste, qui a réalisé le projet en étroite collaboration avec l’arrondissement.  

Charles Montambault sur le littoral des Îles-de-la-Madeleine. Photo fournie par Charles Montambault

À l’assaut des falaises 

Vagues sur les berges, vent fort faisant virevolter le sable, bruisser les feuillages ou claquer les pans de maisons, chants de goélands, de cormorans et autres oiseaux aquatiques, etc. : lors de son premier séjour aux Îles-de-la-Madeleine il y a quelques années, avant même de savoir qu’elles lui inspireraient une installation, Charles a capté les sons de l’archipel au gré de ses déambulations… allant jusqu’à braver une falaise de sable afin d’enregistrer une horde de cormorans. 

Des oiseaux «difficiles à enregistrer parce qu’ils ne sont pas très bruyants. En plus, ils sont gênés», précise-t-il. 

Imaginez un peu la scène (insolite): après avoir repéré la bonne falaise, il s’y est rendu, non sans avoir préalablement traversé un champ, s’est étendu le plus loin possible du bord «pour ne pas que ça craque», étirant sa perche au maximum, guidé par les oiseaux, «plus volubiles» tôt en journée.  

«J’étais ben motivé», rigole Charles. Grâce à sa témérité, l’on entendra donc des cormorans à Verdun. 

L’héritage des Îles à Verdun  

Lorsque Charles a déménagé à Verdun, il s’est d’emblée senti aux Îles. «C’est peut-être le vent frais du fleuve tout près, la convivialité des gens. Il y a un même feeling.» 

Il a alors appris que le quartier abrite la plus grosse communauté madelinienne à l’extérieur des Îles-de-la-Madeleine. «Il y a eu une grosse vague d’immigration due à l’emploi au début des années 1900, et ça n’a jamais vraiment arrêté», explique-t-il. 

Tout en appelant au calme, Les Madelinéennes met en lumière l’héritage des Îles dans le quartier.  

Charles Montambault, créateur de l’installation sonore Les Madelinéennes, rue Wellington, à Verdun. Photo : Josie Desmarais/Métro

Je voulais passer par l’affectif au lieu d’aller dans l’historique, car pour moi, une ambiance, c’est un climat affectif. Je voulais transmettre ce que j’ai vécu par une ambiance sonore.

Charles Montambault, cocréateur de l’installation sonore Les Madelinéennes 

Le créateur y voit aussi une invitation à les visiter pendant qu’il est encore temps, puisqu’elles s’érodent progressivement. Et l’ouragan Fiona, qui a ravagé les berges et endommagé bien des maisons de l’archipel samedi dernier, n’a pas aidé. D’ailleurs, les tempêtes qui frappent l’archipel du golfe du Saint-Laurent sont de plus en plus âpres, en raison des changements climatiques. 

Au parc des Madelinots, les platebandes, dont la forme évoque les falaises, sont garnies l’été d’espèces herbacées poussant aux Îles. Le Mouvement social madelinot se trouve juste à côté. 

C’est sans compter le resto à déjeuner à la thématique madelinienne Chez Jackie et France — dont le menu a d’ailleurs inspiré le titre de l’installation. L’ex-enseignant de français au secondaire (dont les parents s’appellent… Jacqueline et François, ça ne s’invente pas) a été charmé par ce mot, «Madelinéennes», «qui n’en est pas vraiment un». 

Plus d’artistes pour l’été prochain 

Charles Montambault, qui constate un engouement croissant pour la musique d’ambiance depuis quelques années, chérit déjà l’espoir d’organiser des événements l’été prochain avec des artistes sonores au parc des Madelinots. «J’irais même plus loin que la musique, observe-t-il, avec le ralentissement de la COVID, on dirait que toute l’esthétique du contemplatif, de l’art méditatif ressort de plus en plus dans le populaire. J’espère y contribuer. »  

Et montrer que l’art numérique n’est pas que l’apanage du spectaculaire, en se mettant au service de l’introspectif. 

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