«Bienvenue chez les cheaps»: économes à l’extrême
Le téléspectateur veut savoir, mais il veut surtout voir. Ça explique en partie la grande popularité des séries de type true crime mettant en scène de grands crimes et des enquêtes enlevantes pour les dévoiler. Ça explique aussi, d’une certaine façon, les très nombreuses séries documentaires sur les chaînes spécialisées avec tous les sujets possibles et imaginables.
L’important, pour qu’une série documentaire trouve son public, c’est d’y faire participer du «vrai» monde. Donc, pas de fiction et peu de mise en scène. On va plutôt exposer un univers, niché ou pas, avec ses artisans.
Pensez à une profession ou à un passe-temps, et il y a fort probablement dans les archives câblées une série documentaire qui s’y intéresse. La plus récente, c’est Bienvenue chez les cheaps, à Canal Vie.
On y suit le quotidien de six personnes utilisant des méthodes parfois extrêmes afin d’économiser des sous. Ces «gratteux», comme les appelle l’émission, nous exposent ici le déchétarisme (dumpster diving), l’autosuffisance, le couponing, l’approche zéro déchet, le troc et la négociation.
C’est pertinent, à l’ère des réductions pour la préservation, d’observer les solutions de rechange à notre société de consommation. Même que, passivement devant nos télés, la réflexion peut s’amorcer en épiant ces modes de vie extrêmes.
Manque de matériel
Bienvenue chez les cheaps, malgré un titre qui sous-entend un ton moqueur, expose des façons d’approcher la consommation qui, sans prétendre avoir la meilleure solution, favorisent un changement collectif majeur.
Le hic, c’est qu’on n’a manifestement pas assez de matériel pour une saison complète, et la série en souffre grandement. Malgré les six sujets en alternance, il y a énormément de redites et on étire inutilement les segments et les entrevues. Ainsi, on se fait répéter très souvent qu’acheter usagé, c’est le plus efficace, tout somme cuisiner à la maison.
C’est d’ailleurs le défaut de plusieurs de nos chaînes spécialisées: il y a trop de temps d’antenne à meubler.
Évidemment, ce ne sont pas de mauvais conseils, mais la répétition affecte la cohésion de la série, et on se retrouve devant plusieurs petits reportages plutôt qu’en présence d’une grande ligne directrice.
Les cheaps de la série, sans jugement, ne sont pas des sujets télévisuels particulièrement riches. Leurs conseils sont intéressants, assurément, mais ça ne fait pas vraiment de la bonne télévision. On meuble du temps d’antenne, malheureusement.
Est-ce qu’on évite l’émission pour autant? Non, mais c’est loin d’être un rendez-vous. Disons que vous allez peut-être vous coincer les pieds devant si vous tombez sur elle en surfant d’une chaîne à une autre, mais ça ne risque pas d’affecter le temps que vous allouez aux séries enlevantes.
C’est d’ailleurs le défaut de plusieurs de nos chaînes spécialisées: il y a trop de temps d’antenne à meubler. Ce n’est pas forcément de la mauvaise télévision, mais c’est difficile ici de parler d’un projet inspiré ou inspirant, malgré les intentions évidentes d’offrir des solutions aux gens.
Il faudrait peut-être prendre du recul et mettre un frein à ces projets documentaires du «petit quotidien».
Finalement, on a vite fait le tour de sujets qui, en quelques minutes seulement, pourraient nous résumer l’essentiel d’une grande incursion étalée sur plusieurs épisodes.
Être efficace, c’est aussi être économe.