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Opinion – Mes inquiétudes par rapport à Final Fantasy XVI

Final Fantasy XVI entre engouement et frayeurs

Il y a à peine deux jours, Square Enix révélait en grande pompe, lors du showcase PlayStation 5, le nouveau volet de sa série phare, Final Fantasy XVI. Personnellement, je n’y croyais pas. Non seulement avec le Final Fantasy VII Remake en route, mais également avec le XIV et le XI (oui il est toujours actif), je ne voyais pas l’éditeur japonais annoncer un nouveau jeu numéroté. Je me suis trompé. Même si je pense qu’ils l’ont montré trop tôt comme d’habitude. Final Fantasy VII Remake a été montré pour la première fois en 2015, pour une sortie en 2020 ; Kingdom Hearts III, en 2013 pour une sortie en 2019. Mais ce n’est pas ma seule inquiétude, loin de là.

Après avoir passé au crible la bande annonce de Final Fantasy XVI et m’être renseigné sur le projet, je suis inquiet. Pour plusieurs raisons que je vais détailler ici.

Creative Business Unit III

Crédit : Square Enix

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est la ressemblance, en termes de direction artistique, avec Final Fantasy XIV. Rien d’étonnant à cela puisqu’il s’agit peu ou proue de la même équipe, la Creative Business Unit III, à la tête du projet. C’est là d’ailleurs que les choses commencent à se gâter. En tant que producteur, on retrouve Naoki Yoshida, un intéressant personnage. Certains le portent aux nues en tant que sauveur de Final Fantasy XIV grâce à la version A Realm Reborn qui a connu le succès qu’on connait ; mais d’autres, comme des collègues par exemple d’après des sources proches du studios, voient en lui un arriviste aux dents longues, n’hésitant pas à bonifier son CV pour se faire mousser. En effet, Yoshida à un rapport spécial avec la vérité. Il se présente souvent en disant qu’il a commencé sa carrière à Hudson Soft sur la populaire série de JRPG, inédite en occident, Tengai Makyô (ou Far East of Eden), sur PC Engine, sauf qu’il s’agissait en fait d’une « skin » Tengai Makyô pour un jeu Bomberman. La différence est de taille. Ça me fait penser à Keiji Inafune qui se présente comme le créateur de Megaman ou Hajime Tabata, le « sauveur » de Final Fantasy XV.

Plus proche de nous, il suffit de se rendre sur différents subreddit pour voir que le bonhomme ne tient pas toujours parole dans ses messages à la communauté, notamment en ce qui concerne les tricheurs ; certains lui reprochent également d’avoir pillé la franchise pour arriver à ses fins (les différentes collaborations de Final Fantasy XIV avec le reste de la série) sans jamais créditer personne d’autre que lui.

Encore plus récemment, le cadre de Square Enix n’a pas hésité à mentir de manière éhontée lorsqu’on lui a demandé s’il travaillait sur Final Fantasy XVI. Il aurait pu rester évasif, ou simplement ne pas répondre. Mais il a choisi de mentir. Personnellement, je n’ai pas confiance dans ce genre de personne pour qui la fin justifie les moyens.

L’absence d’équipe

Crédit : Square Enix

Final Fantasy, depuis ses tout débuts en décembre 1987, c’est un jeu dans lequel on dirige une équipe. Mise à part Final Fantasy Crystal Chronicles qui nécessitait des partenaires réels, via Game Boy Advance pour la version GameCube, ou en ligne pour la version Remastered, tous les autres, que ce soit les épisodes canoniques ou spin-off qui restent du domaine du RPG (Tactics, Mystic Quest, The 4 Heroes of Light), on a une équipe de 2 à 21 personnages jouables.

Dans la bande annonce de Final Fantasy XVI on a pu voir quelques séquences de combat, notamment contre un Marlboro bien dégoûtant dans le bon sens, un chevalier Dragoon, ou un Coeurl, sauf que le personnage (que l’on suppose être le héros), est tout seul. Alors, oui, il s’agit peut-être de séquences spéciales et ce n’est que le premier trailer, et on aperçoit un autre personnage, passif au demeurant, dans un combat contre des gobelins, mais tout de même. Aussi loin que je me souvienne, tous les épisodes canoniques mettaient en avant l’équipe de héros qu’on allait diriger pour sauver le monde. Ce n’est pas le cas ici et ça m’inquiète. D’une part car, même si les Final Fantasy sont différents d’un épisode à l’autre (et c’est ce qu’on attend d’eux), il y a quelques règles immuables comme la présence des chocobos, des mogs, des invocations ou encore des cristaux. Mais surtout d’une équipe de héros.

Cela dit, le slogan de ce seizième volet est on ne peut plus clair : « L’hégémonie des cristaux contrôle la destinée du monde depuis trop longtemps… » Si on analyse quelque peu cette phrase, on peut en déduire que Yoshida et son équipe aimerait s’affranchir des codes de la série à commencer par les cristaux. Et pourquoi pas en faire un voyage solitaire tant qu’à y être ? Autant ne pas s’arrêter en si bon chemin, n’est-ce pas ? Sauf que, vu l’équipe en charge du jeu, j’ai peur qu’on ait droit à un titre à moitié online (je rappelle qu’il s’agit des développeurs de Final Fantasy XIV, donc des experts du jeu en ligne) avec création de personnage (ce serait pure hérésie) et/ou des joueurs qui nous rejoignent pour un jeu coop qui renierait la série au plus haut point.

Le combat en temps réel

Crédit : Square Enix

Quitte à modifier la série, autant changer son système de combat aussi… Introduit dans Final Fantasy IV, le fameux ATB (Active Time Battle) est présent dans tous les épisodes, sous une forme ou une autre, même Final Fantasy XV alors qu’il s’agissait à la base d’un jeu non-canonique ! Comment sait-on que ce ne sera pas le cas dans le XVI, tout simplement via la description de la vidéo : « FINAL FANTASY XVI est le nouveau action-RPG autonome en solo de Square Enix, disponible sur PlayStation 5. » C’est écrit noir sur blanc « action-RPG ». On ne se cache même plus chez Square Enix. Ce n’est d’ailleurs pas si étonnant puisque le Battle Director pour ce volet n’est autre que Ryota Suzuki, un transfuge de Capcom qui a travaillé sur Dragon’s Dogma et Devil May Cry 5. Tiens, tiens. Ce dernier a même dit dans une interview que les combats à base de commandes, comme dans les anciens Final Fantasy, sont désuets et que son but, avoué donc, est de créer un action-RPG percutant et captivant. Ça ne s’invente pas.

De plus, les quelques séquences d’affrontements que nous avons vues, semblent très inspirées de Final Fantasy XV et c’est un problème, bien qu’il s’agisse de l’un des rares bons éléments du RPG de 2016. Le personnage du XVI semble se téléporter et enchainer les coups comme dans Noctis dans l’épisode précédent. On a également une « vibe » très The Witcher qui est assez effrayante (on va y revenir).

Final Fantasy XV, l’exemple à ne surtout pas suivre

Crédit : Square Enix

Comme l’a dit une éminence grise du jeu vidéo, Final Fantasy XV est un pur produit marketing et loin d’être un exemple à suivre. En plus du jeu vidéo, nous avons eu droit à un film (Kingsglaive, en images de synthèse, certes, mais l’esprit transmédia est là) avec des doubleurs issus de la série Game of Thrones (on va également y revenir), un anime (Brotherhood), des jeux mobiles (Final Fantasy XV: A New Empire et Final Fantasy XV: Pocket Edition), et même une voiture (Audi R8). Comme si le jeu, seul, n’était plus suffisant. Surtout qu’il n’est fait aucune mention des personnages de Kingsglaive, par exemple, dans le jeu vidéo. Ce serait trop dommage que les deux œuvres se répondent et qu’il y ait une autre finalité, autre que mercantile, pour rendre cette décision intéressantes. Mais ce n’est pas mon seul grief et ma seule inquiétude quand je me dis que Final Fantasy XVI puisse suivre le même chemin. L’histoire de Final Fantasy XV est également un scandale avec des trous placés à certains moments précis pour justifier de la pire des manières possibles la présence de DLC (façon Assassin’s Creed) et donc de re-dépenser de l’argent. D’autant plus que certains ont été annulés à la dernière minute ! J’espère donc que ce Final Fantasy XVI ne suive pas le même chemin mais les ressemblances sont (trop) nombreuses.

Un melting pot des derniers succès de la pop culture

Crédit : Square Enix

Là où Final Fantasy innovait toujours, sans aller puiser ailleurs pour faire de son jeu un succès, ce seizième épisode semble s’inspirer de séries et jeux qui ont eu du succès. En effet, en voyant la bande annonce, difficile de ne pas voir Game of Thrones. Le chevalier, là pour protéger un enfant, lequel est doté de pouvoir mystérieux. En plus d’être assez cliché, on reconnait sans mal Bran(don) Stark dans l’enfant, et Osha, dans le héros qui lui a juré protection.

Pour les combats, on ressent un petit côté The Witcher, même si Final Fantasy XVI a l’air bien plus nerveux (et heureusement). Difficile de ne pas voir non plus de Devil May Cry 5 dans ce côté dynamique justement et qui mise beaucoup sur les esquives et les combos aériens, vu que c’est la même personne qui a travaillé dessus (voir plus haut). Mais ce côté solitaire rappelle vraiment les aventures du sorceleur. Et ce n’est vraiment pas pour me rassurer.

L’idée de s’affranchir du passé peut également venir des derniers volets de Star Wars, l’épisode VIII Les Derniers Jedi en tête, dont l’un des leitmotivs est : « Laisse mourir le passé. Tue-le s’il le faut. » phrase prononcée par Kylo Ren/Ben Solo. Donc il ne serait pas anodin que Final Fantasy XVI soit le plus polarisant, s’émancipant des règles du passé à la façon de The Legend of Zelda Breath of the Wild qui a connu un beau succès malgré tout.

Toutes ces raisons me poussent donc à penser que Final Fantasy XVI sera au mieux déroutant ou au pire complètement à côté de la plaque comme une bonne partie du XV. J’espère me tromper. Quoi qu’il en soit, nous n’aurons pas plus d’infos avant 2021. Donc autant prendre son mal en patience comme on dit. Personnellement, je préfère miser sur Project Athia qui semble bien plus prometteur.

Un texte de Antoine Clerc-Renaud de Jeux.ca

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