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Dany Turcotte: vieillir gaiement  

Dany Turcotte porte le documentaire «Le dernier placard: vieillir gai». Photo: Radio-Canada

Dany Turcotte présente son documentaire Le dernier placard: vieillir gai sur les ondes de Radio-Canada ce soir, à 21h. En 45 minutes, l’ancien fou du roi de Tout le monde en parle soulève des enjeux que peut rencontrer toute une génération de personnes aînées homosexuelles, notamment l’isolement qu’elles peuvent vivre, mais aussi le retour dans le placard que certaines font à leur arrivée dans une résidence privée pour aînés (RPA).  

Ce phénomène, on ne l’observait pas avant. «Les générations précédentes ne faisaient pas de coming-out. Ces gens-là mourraient avec leur secret», rappelle tristement Dany Turcotte en entrevue avec Métro.  

Il tempère toutefois son constat: «Je pense que c’est circonstanciel, c’est un moment dans l’histoire. Avec les prochaines générations, ça n’arrivera plus. Les plus vieux X et les plus jeunes baby-boomers vont révolutionner les RPA, d’après moi.» 

Le retour au placard 

Le documentaire est dédié à Laurent McCutcheon, militant 2SLGBTQIA+ et ami de Dany Turcotte décédé en 2019. Les problèmes rencontrés par des personnes aînées de sa communauté, c’était sa dernière lutte comme militant; c’est d’ailleurs lui qui a fondé le programme Pour que vieillir soit gai de la Fondation Émergence, qui donne des conférences comme celle qu’on peut voir dans Le dernier placard. 

«J’ai voulu faire ça en sa mémoire, parce qu’il a tellement travaillé fort pour nous, il a lutté toute sa vie», indique Dany.  

Le constat le plus frappant dans son documentaire, c’est que bien qu’il y ait une certaine fermeture d’esprit de la part des institutions, ce sont les personnes gaies elles-mêmes qui décident de retourner dans le placard en vieillissant.  

Le problème, c’est que souvent, les aînés vont se mettre une barrière eux-mêmes en croyant qu’ils ne peuvent pas le dire, que ça va être trop difficile. Finalement, s’ils le disaient, je pense que ça se passerait très bien, en général. La barrière qu’ils s’imposent vient des multitraumatismes qu’ils ont vécus.

Dany Turcotte 

Il faut dire que le coming-out, c’est quelque chose qui se fait constamment. Tous les jours, on se fait demander si l’on est en couple, si l’on a des enfants. «C’est certains qu’à tous les jours dans les RPA, les personnes gaies se font demander ça. Si elles décident de ne pas dire qu’elles sont gaies, c’est sûr que ça fait beaucoup de microagressions!» 

On observe cependant une belle ouverture de la part des personnes aînées rencontrées dans le documentaire. Il faut toutefois garder en tête que ce sont des gens qui ont choisi de s’inscrire à une conférence sur les enjeux 2SLGBTQIA+, ce qui implique qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un échantillon représentatif. «Si tu es homophobe, tu n’iras pas t’inscrire à ça!», lance Dany en rigolant. 

Vieillir gai.e, vieillir seul.e?

L’isolement ne touche pas que les personnes âgées des communautés 2SLGBTQIA+, mais les gais et lesbiennes de cette génération n’ayant généralement pas eu d’enfant et s’étant souvent brouillés avec leur famille en raison de leur orientation sexuelle, il s’agit d’un groupe particulièrement touché par cette problématique.  

«Il y a beaucoup de ces aînés-là qui ont aussi une situation économique difficile: ils ont quitté l’école plus tôt parce qu’ils étaient ostracisés», ajoute Dany.  

L’ancien membre du collectif humoristique Le Groupe sanguin affirme ne pas avoir peur de vieillir seul, mais plutôt de souffrir seul. «La solitude, ça s’apprivoise très bien, croit-il. Des fois, t’es peut-être mieux d’avoir un beau petit chien qu’un compagnon toxique! C’est être à l’hôpital sans entourage qui me fait peur et ça va arriver à plein de gens, pas seulement des homosexuels.» 

Il s’enthousiasme d’ailleurs de l’esprit de communauté qui semble plus fréquent chez les lesbiennes – qui ont longtemps été invisibilisées – que chez les hommes gais, d’après ses constats en travaillant sur le documentaire.  

«Les femmes avaient tendance à se rejoindre par les médias sociaux, à se réunir, à se faire des activités… j’ai l’impression que, même si elles sont moins visibles, elles ont toute une organisation sociale», dit Dany, qui rencontre dans le documentaire un groupe de lesbiennes aînées de Joliette qui se réunit chaque semaine.  

Cet esprit communautaire, on le retrouve également chez les jeunes, qui organisent des comités 2SLGBTQIA+ dans leurs écoles comme on ne l’aurait pas cru possible il n’y a pas si longtemps. 

«Avec les nouvelles générations, ça évolue bien. Peut-être qu’un jour, je pourrai faire un documentaire à l’autre bout du spectre, sur comment les jeunes LGBT s’organisent dans les écoles», conclut Dany, qui peut désormais ajouter documentariste à son CV.  

Le dernier placard: vieillir gai est diffusé le 6 avril, à 21h, sur les ondes de Radio-Canada.  

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