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«Il faut partir maintenant»: Maude Audet, artiste orchestrale

L’autrice-compositrice-interprète Maude Audet présente son cinquième album, « Il faut partir maintenant ». Photo: Fred Gervais-Dupuis

Ambiances rétro, mélodies douces et lumineuses, orchestrations au premier plan : avec son cinquième album, Il faut partir maintenant, l’autrice-compositrice-interprète Maude Audet va encore plus loin dans la veine de ce qu’elle avait amorcé avec son précédent opus, Tu ne mourras pas. 

Si Maude Audet tient les rênes de la direction artistique de ses albums, Il faut partir maintenant, paru sur l’étiquette Bravo musique, est le premier dont elle signe aussi la réalisation.  

Une étape franchie tout naturellement dans son parcours, raconte l’autrice de Gallaway Road en entrevue avec Métro au bar Darling, dans le Plateau-Mont-Royal. « J’ai toujours eu le mot final. Il n’y aura jamais quelque chose que je n’aime pas sur un disque. »  

L’autrice-compositrice-interprète Maude Audet durant l’entrevue avec Métro au Darling. Photo : Caroline Bertrand

Une première coréalisation 

Si elle n’avait pas endossé le titre de réalisatrice auparavant, c’est qu’elle estimait de pas détenir suffisamment de connaissances techniques. « Je n’étais peut-être pas prête à me faire à 100% confiance », réfléchit-elle. 

Au fil du temps, elle en est venue à la conclusion qu’au-delà des connaissances techniques, réaliser un disque requiert « une sensibilité ». Après tout, la plupart des auditeur.trice.s ne possèdent pas forcément cette expertise, ce qui ne les empêche pas d’apprécier la musique, fait-elle observer. 

En plus de se fier à ses tripes et à son expérience, elle pouvait compter sur son fidèle collaborateur Mathieu Charbonneau, pianiste et compositeur aguerri aussi minutieux qu’elle avec lequel elle prend plaisir à se « renvoyer la balle » en matière d’idées.  

Coréaliser son nouvel album avec lui était dans l’ordre des choses. « On a des forces différentes et ça fait un bel équilibre », dit Maude.  

La guitariste a par ailleurs collaboré avec une artiste qui l’inspire depuis longtemps, Mara Tremblay. C’est à elle que Maude a proposé de chanter en duo J’ai si peur, chanson la plus folk de son nouvel opus, inspirée des féminicides accablant notre société.  

En mariant sa voix à celle de l’autrice du Teint de Linda — chanson de 1999 que réécoutait Maude en composant J’ai si peur —, cette dernière a voulu créer une mini-chorale « empathique et bienveillante », puisant dans les racines country folk de sa complice, « qui sait aussi être très rock et actuelle », précise Maude. « C’est un honneur que Mara ait accepté. » 

Le vidéoclip de Je danse est réalisé par Charles-Antoine Olivier, alias CAO, membre du groupe blesse.

De cordes, de vents et de cuivres  

Impossible de ne pas discuter des orchestrations somptueuses au cœur d’Il faut partir maintenant, qui semblent être devenues la signature de Maude Audet.  

La preuve que les arrangements de vents, de cordes et de cuivres sont aujourd’hui fondamentaux à sa musique, Maude les compose, avec Mathieu, avant même les partitions de batterie. « Souvent, les gens superposent les arrangements orchestrés, mais nous, on s’appuyait dessus. » 

« Même si les orchestrations sont riches, elles ne sont pas nichées et elles restent actuelles », souligne la compositrice, ce que l’on corrobore. L’autoharpe et la harpe, qui apposent une touche baroque ou un brin celtique à certaines pièces, ne sonnent pas désuètes, pas plus que le mellotron et ses accents psychédéliques très années 60.  

« Le mélange de ces couleurs-là, c’est mon bagage d’auditrice », synthétise la maman de deux adolescents mélomanes qui lui font découvrir, en concert notamment, leurs artistes de prédilection. 

Bien sûr, Maude Audet aurait adoré se produire sur scène aux côtés d’une douzaine de musicien.ne.s, mais « c’est toujours le drame de la musique orchestrée au Québec : il n’y a pas beaucoup de monde qui peut se permettre de tourner avec autant de musiciens ».  

Afin de faire honneur à cette composante essentielle de sa musique, elle n’hésitera pas à recourir à des bandes-son de cordes, de flûtes et de cuivres, en veillant à ce que le tout « reste organique », explique-t-elle. 

« Pourquoi ne pas être un peu moins puriste et se permettre d’amener la musique d’une autre façon? », lance la scénographe de formation, éblouie par la « liberté vraiment assumée » avec laquelle des artistes vu.e.s en concert avec ses garçons peuvent se produire avec un simple ordinateur. 

Afin de faire honneur sur scène aux orchestrations fondamentales à sa musique, l’autrice-compositrice-interprète Maude Audet recourra à des bandes-son de cordes, de flûtes et de cuivres. Photo : Fred Gervais-Dupuis

Chez elle sur scène 

La timidité qui l’a déjà habitée sur scène, surtout à ses débuts, est aujourd’hui sentiment bel et bien révolu : elle s’y sent chez elle, intégrant même de « petits mouvements » inspirés du vidéoclip de sa chanson Je danse

Maintenant qu’elle peaufine son art depuis Nous sommes le feu, album sorti en 2015, auquel a succédé Comme une odeur de déclin en 2017, celle qui a repris la chanson Smells Like Teen Spirit de Nirvana est particulièrement fière de parvenir à traiter de sujets qui lui tiennent à cœur, mais de nouvelle façon sur chaque album.  

« Je suis heureuse d’avoir trouvé mon angle sur ce disque, affirme Maude Audet. Veux, veux pas, on finit par aborder un peu toujours les mêmes textes parce que ce qu’on vit, ça tourne autour de l’amour, de la peur, des échecs, du doute, du temps qui passe, des gens qui nous quittent, de ceux qui arrivent. »  

Empruntant les paroles de sa chanson-titre, souhaitons-lui de continuer à braver les flammes, les montagnes afin d’aller encore plus loin. 

Pour voir Maude Audet en concert 

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