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blesse: trio en ébullition

Xavier Touikan, Léo LeBlanc et Charles-Antoine Olivier (alias CAO) ont transformé la fin de leur band Zen Bamboo, en 2020, en un galvanisant renouveau : le trio blesse, qui présente « normal », un premier album effervescent qui n’a rien de banal. Photo: Jean-François Sauvé

Quelques minutes avant leur entrevue avec Métro au Café de la SAT, au centre-ville, les trois gars du groupe blesse venaient de se dire que « jamais ils ne s’étaient sentis aussi confiants », rigolent-ils. Léo LeBlanc, Charles-Antoine Olivier (alias CAO) et Xavier Touikan ont transformé la fin de leur band Zen Bamboo, en août 2020, en un galvanisant renouveau.  

Le trio présente aujourd’hui son premier album effervescent, normal, sous l’étiquette Simone Records. Un opus qui n’a rien de banal, au contraire!  

Guitares frénétiques, dégaine punk, rythmes survoltés accrocheurs, textures foisonnantes, écrin maximaliste : il s’agit là d’un abrasif amalgame d’influences entremêlant punk-rock, synth pop, hyperpop et alternatif, au sein duquel chante leur amie Sophia Bel le temps d’un duo.  

Retrouver leur noyau 

La fin abrupte de Zen Bamboo, expliquée sur les réseaux sociaux par une bisbille au sein de l’ex-quatuor, a raffermi le lien entre les trois amis, raconte CAO. « On s’était un peu perdus vers la fin de Zen Bamboo. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu… » « … un noyau », complète Léo. 

« On s’est beaucoup retrouvés dans ce drame. Ça nous a donné de la force, poursuit CAO. De belles choses en sont nées — ça dépend où tu regardes : vers l’avant ou l’arrière. »  

« Et c’était en nous qu’il fallait regarder, souligne Léo, car il y avait plein de belles choses qui se cachaient! On avait plein d’idées qui n’étaient pas exploitées. Il y avait un volcan prêt à entrer en éruption. » 

Paroliers en émergence 

Au sein de blesse, qui s’écrit sans majuscule, les trois gars endossent aujourd’hui les rôles de paroliers, eux qui s’en tenaient à ceux de musiciens et d’arrangeurs à l’époque de Zen Bamboo. 

« Ç’a été important pour notre cheminement personnel de prendre parole », affirme CAO. « On avait tous quelque chose à dire », renchérit Xavier, qui confie avoir eu un peu plus de difficulté sur ce plan. 

Les gars, qui font de la musique ensemble depuis l’adolescence, se sont demandé conseil et interrogés mutuellement sur leurs paroles, qui devaient passer par leurs trois « filtres » pour prendre vie en chanson. Certains morceaux fusionnent des bribes de textes écrits par l’un ou l’autre. 

La parole, les multi-instrumentistes se la passent également au micro, devant lequel ils alternent, délestés d’un frontman — en fait, il y en a désormais trois! Personne n’est effacé. 

Le groupe blesse durant le tournage du vidéoclip de la chanson météore. Photo : Indy Bouvier

Une année et demie de musique 

Dès les jours qui ont suivi la dissolution de Zen Bamboo, Léo, CAO et Xavier savaient qu’ils reviendraient sous un autre nom, avec un autre album. Et pas un mini.  

« Pour nous, c’était un statement d’arriver avec un album, indique CAO. On était un peu traumatisés des EP. » Zen Bamboo en avait fait paraître quatre avant de lancer début 2020 son premier (et seul) album long, GLU, qui s’est hissé sur la longue liste du prestigieux prix Polaris cette année-là.  

Les trois mélomanes férus de pop ont passé une année et demie à écrire, à composer… et à écouter considérablement de musique, même après avoir travaillé des heures durant. « Au lieu de se reposer les oreilles, on se remplissait la tank d’idées, se remémore CAO. Puis on revenait encore plus créatifs. »  

En s’imprégnant de tout ce qui les allumait des 50 dernières années, ils se sont ouvert « un monde de possibilités », explorant des sonorités qu’ils n’avaient jamais intégrées dans leur musique auparavant.  

« Toutes les idées valaient la peine d’être explorées, se souvient Léo. Et si une idée ne marchait pas, ça ne dérangeait pas. » Cet abandon leur a permis d’aller loin en empruntant plusieurs directions, et ce, au sein même d’une chanson, explique-t-il. 

« Zen, c’était pas assez pour nous en termes d’idées qu’on voulait explorer, laisse savoir Xavier. Les trucs plus synthétiques, ça faisait un bout qu’on avait ça en nous. Mais on ne savait pas comment blesse sonnerait. C’est pour ça que l’album est assez hétéroclite. Une chanson ne pouvait être aussi simple que la façon qu’elle était planifiée à la base; on ajoutait tout le temps des épices. » 

De musiciens à auteurs-compositeurs-interprètes et réalisateurs 

En plus de s’être réapproprié les textes, Léo, CAO et Xavier sont « tombés en amour » avec le processus d’enregistrement et ont coréalisé leur album, de concert avec Valentin Ignat (Ariane Roy, Hubert Lenoir, Helena Deland). 

« On n’avait jamais écrit de tounes, on ne savait pas vraiment comment produire la musique. On est passés de musiciens, en 2020, à réalisateurs, songwriters, interprètes, multi-instrumentistes », dit CAO, encore soufflé. 

« On a des outils qui sont la base pour l’avenir », affirme Xavier. 

Et la suite, les gars de blesse y réfléchissent déjà. « Notre musique va aller vers autre chose, indique CAO. On espère raffiner le langage qu’on a créé sur cet album-là. Peut-être s’éloigner du maximalisme, en conservant la même énergie, mais peut-être faire une pop un peu plus épurée… » Nul doute que les idées proliféreront. 

Mais c’est maintenant l’heure d’embraser la scène, et l’ambitieux normal de blesse s’annonce ardu à reproduire en concert — le trio planche fort là-dessus! « L’album n’a en aucun point été conçu pour le live! lance Léo. On voulait juste faire un disque qu’on aimait. » « Il a encapsulé une période de notre vie », ajoute CAO. 

« Je ne l’ai jamais autant aimé que maintenant! », se réjouit Xavier. Zen Bamboo n’est plus, longue vie à blesse! 

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