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Mado Lamotte pend la crémaillère à Juste pour rire

Mado Lamotte convie dans toute son extravagance le public à sa pendaison de crémaillère les 20, 25 et 27 juillet prochains dans le cadre de la 41e édition du festival Juste pour rire, qui se déroulera du 14 au 29 juillet.   Photo: Martine Poulin

Mado Lamotte convie dans toute son extravagance le public à sa pendaison de crémaillère les 20, 25 et 27 juillet prochains dans le cadre de la 41e édition du Festival Juste pour rire, qui se déroulera du 14 au 29 juillet.  

Humour, danse, chanson, improvisation : Les Mado shows, présentés gratuitement à l’extérieur, réuniront « tous les talents de Mado », expose en entrevue avec Métro celui qui incarne la reine-mère des drag-queens au Québec depuis 35 ans, Luc Provost. 

« C’est une pendaison de crémaillère pas comme les autres, parce que Mado est à la dernière minute, elle n’est pas prête! Elle est ben énervée, elle court, court, court… mais elle trouve le temps de se changer trois ou quatre fois, évidemment! » 

Mado a beau être une diva, elle ne déménage pas dans un penthouse! Plutôt dans un appartement sémillant de kitsch, où elle recevra trois convives par soir — dont une date surprise —, qui différeront d’une représentation à l’autre.  

Et la grandiloquente protagoniste habitera la scène (et le parterre) à chaque instant.  

« Pour ceux qui trouvaient que Mado n’était pas assez présente l’année passée, quand on fêtait ses 35 ans — elle regardait plus qu’elle animait le spectacle —, ils vont être gâtés. » 

La gang de Mado 

Alors, comment pend-on la crémaillère, chez Mado? « Ce sera fou, bon enfant! »  

Les ami.e.s Catherine Ethier, Sam Cyr et Jérémie Larouche viendront faire leur tour pour jaser. L’on verra aussi les « voisin.e.s », soit la designer Marie-Christine Lavoie, Bob le Chef et Josée Lavigueur, qui prodigueront des conseils en matière de déco, de kit de cuisine et d’entraînement maison facile. 

Finalement, Mado accueillera sa mystérieuse date du jour… avec qui elle poussera la chansonnette! Un groupe, comprenant le pianiste avec qui la pionnière travaille depuis plus de 25 ans, jouera en direct de son salon. « Des musiciens de la rue que j’ai ramassés », badinera la maîtresse des lieux. 

Cette fête « donne le prétexte à plein d’affaires. Ce n’est pas que des tounes pour des tounes ou des monologues pour des monologues; ça s’enchaîne comme une vraie histoire », précise Luc Provost. 

Le public de la partie 

La flamboyante hôtesse brisera allègrement le quatrième mur en s’adressant au public, au sein duquel elle se faufilera, disséminant ses « demandes spéciales ». « Les gens vont sentir qu’ils font partie du show », indique Luc Provost, qui a par le passé présenté à Juste pour rire le spectacle Mado’s Got Talent, renommé Extravaganza.  

Interagir avec le public va de soi pour Mado Lamotte, à la tête depuis 2002 du célèbre cabaret portant son nom dans le Village, royaume festif de la drag qui ne se désemplit pas.  

Luc se réjouit d’ailleurs de présenter ses Mado Shows à la lueur du crépuscule, alors qu’il verra les visages souriants de l’auditoire et « les gens qui te font des ta-tas ». « Tu les sens heureux, et tu te dis : “wow, je suis en train de faire de quoi, d’installer du bonheur dans le monde”, affirme-t-il avec émotion. Et ça te donne un boost. » 

Les réactions instantanées, son alter ego y carbure. « J’aime marcher sur cette corde raide quand tu ne sais pas toujours si ce que tu dis va passer », explique l’interprète, avant de garantir que « ça va en général très bien ».  

Biographie et théâtre  

Parlant de carrière, Luc Provost a achevé l’écriture de sa biographie (riche en photos d’archives, dit-il), qui paraîtra l’automne prochain.  

S’enchevêtront les voix de Luc et Mado, le premier relatant son cheminement vers la seconde. « Bien des fois, Mado m’interrompt en disant : “Eille, c’est ma vie que t’es en train de raconter là, laisse-moi faire” ou “T’as oublié une anecdote, là, c’est pas comme ça que ça s’est passé” », pouffe l’auteur. 

Ceux et celles qui se demandent de quoi pouvait avoir l’air Mado jeune le découvriront dans le livre, qui s’annonce jubilatoire. « Il y en a qui sont ben énervés parce qu’ils m’ont vu à La vraie nature et que, finalement, j’ai pas l’air d’une matante en gars », rigole Luc Provost. 

C’est d’ailleurs grâce à son passage à l’émission de TVA animée par Jean-Philippe Dion, où il a confié son désir de fouler les planches différemment, que son automne rimera de surcroît avec théâtre.  

Le comédien campera en effet le rôle-titre dans la pièce Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres de Michel Tremblay, fusion entre la pièce Hosanna de l’auteur culte, écrite dans les années 1970, et son plus récent roman, La Shéhérazade des pauvres, paru en novembre dernier. Elle sera présentée au Trident, à Québec, du 12 septembre au 7 octobre. 

Une interprétation qui exigera de la retenue, tout le contraire de l’excentricité et de l’exubérance propres à Mado. « C’est tout un challenge pour moi de jouer en profondeur et non en surface. Là, je dois être plus introverti », explique Luc au sujet de son personnage, un « ex-travesti » qui racontera son parcours. 

Le rôle d’une vie 

Luc Provost, qui a étudié en théâtre, se sait prêt à incarner d’autres rôles depuis des années, « mais il n’y a pas d’offres ». « À 25 ans, j’avais l’air d’un enfant de 14 ans », souligne-t-il, replongeant dans ses souvenirs. « J’ai toujours été tout petit, avec une face de bébé, de grands yeux de biche… On ne veut pas t’engager comme Roméo. » 

Aujourd’hui, nul doute qu’un Roméo de ce gabarit a le loisir d’exister sur scène. « On est sorti des stéréotypes, ce qui fait du bien », corrobore Luc. 

Outre les airs juvéniles de son créateur, reste que Mado a vu le jour avant même que Luc n’achève ses cours et a rapidement occupé une place prééminente dans la vie de ce dernier. Jusqu’à devenir au fil des années « presque une entité en soi » aux yeux du public québécois, relève Luc Provost.    

Et depuis les débuts des précurseures que sont Mado Lamotte et Michel Dorion, les drags en ont parcouru du chemin, juchées pour la plupart sur leurs talons surdimensionnés.  

« J’ai vu l’évolution se faire depuis que j’ai commencé. Au début, on me regardait comme si j’étais un extraterrestre, et aujourd’hui, on me court après pour des autographes », constate Luc Provost, qui se réjouit que la drag soit enfin considérée comme une forme d’art. 

« Maintenant, on peut voir des Rita Gaga, Barbada ou Gisèle Lullaby qui ont autant de succès qu’une Guylaine Tremblay ou une Ariane Moffatt. Qu’une Mona de Grenoble débarque en pleine télé populaire et gagne Big Brother [Célébrités], c’est extraordinaire, parce que ce n’est pas une compétition de drag-queens, ce n’est pas niché. On est enfin considérées comme des artistes. » 

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