Salon du livre – L’heure de gloire de Marie-Christine Chartier et Elizabeth Lemay
Encore l’année dernière, Marie-Christine Chartier avait peine à croire, en allant s’installer au kiosque des Éditions Hurtubise pour l’une de ses séances de dédicaces au Salon du livre de Montréal, que la longue file de personnes qui s’étendait à proximité patientait expressément pour la rencontrer, elle.
Elle l’avait même murmuré, au loin, à la copine qui l’accompagnait: «C’est donc bien une grosse file…»
«Je pense que c’est pour toi», avait rétorqué avec raison son acolyte.
Or, cette année, l’autrice sera – un peu – moins prise au dépourvu si elle aperçoit foule devant sa table et son tabouret. Ses sept premiers romans avaient tous obtenu un succès enviable. Elle en a publié huit, à la cadence d’un par année depuis L’allégorie des truites arc-en-ciel,en 2018. L’ensemble de l’œuvre, tous titres confondus, a trouvé preneur, et surtout preneuse, à plus de 150 000 copies, mais son dernier-né, Oasis, a frappé encore plus fort, s’étant déjà envolé à près de 18 000 exemplaires, trois mois et des poussières après sa parution.
Ses romances et tranches de vie contemporaines finement écrites, essentiellement centrées sur les relations humaines, ratissent très large. Marie-Christine Chartier se dit de plus en plus soucieuse de traiter de questions féministes et sociétales dans ses écrits, abordant déjà la notion des relations toxiques, par exemple.
«J’ai vraiment un public entre 15 et 80 ans, glisse Marie-Christine, 34 ans. Récemment, j’ai reçu plusieurs messages de personnes de 79 – 80 ans, qui m’avaient découverte et aimaient vraiment mes livres. Principalement, les gens qui me lisent sont souvent des femmes entre 25 et 40 ans. J’ai une façon de parler qui touche les enjeux des femmes, et ça vient les rejoindre. Je sais que j’ai un public qui est majoritairement féminin, mais je commence à le développer au niveau des hommes également.»
Première autofiction
Oasis, première autofiction de la carrière littéraire de Marie-Christine Chartier, a été l’ouvrage le plus demandé dans le cadre de l’événement J’achète un livre québécois! Le roman décrit une écrivaine et étoile montante du stand up et des comédie clubs,à-demi satisfaite de ses vies amoureuse et professionnelle, qui est chamboulée par son attirance envers Rhéaume, un humoriste populaire.
Parce que, oui, en plus de dominer les palmarès littéraires, Marie-Christine Chartier fait aussi ses classes en humour. Ses premières parties du nouveau spectacle de Mariana Mazza, Foie gras, constituent peut-être un début d’explication à l’engouement explosif qui bouillonne autour d’elle.

Ah, et elle est aussi ex-championne de tennis. Un sport qu’elle a pratiqué de l’âge de 6 à 23 ans et qui pourrait servir de trame de fond à l’une de ses prochaines histoires.
«J’ai longtemps pensé que ça ne serait pas intéressant à explorer en fiction. Mais j’en ai parlé avec des gens, et plusieurs m’ont dit que ma vie avait l’air intéressante et qu’ils aimeraient en entendre plus», dépeint-elle.
L’autrice travaille actuellement à adapter deux de ses bouquins, L’allégorie des truites arc-en-ciel et Le sommeil des loutres, pour le cinéma. Elle planche également sur une série télé et anime de surcroît le balado Vraiment Litt.
Marie-Christine Chartier sera présente pour des dédicaces au Salon du livre de Montréal vendredi, samedi et dimanche. Elle participera au Cabaret L’Amour avec un grand A vendredi, à 19h30. Dimanche, elle sera l’invitée de la causerie Sous la couverture avec…
«Je suis proche de mon public depuis le début. J’échange avec les gens en ligne, on s’écrit. Ce que je trouve le plus difficile, quand il y a des files d’attente [au Salon du livre], c’est de m’assurer que les deux ou trois minutes que je passe avec la personne signifient quelque chose, de ne pas seulement signer mon nom. C’est une belle responsabilité, qui me fait vraiment plaisir!»
Elizabeth Lemay, lue par Janette Bertrand
Une autre voix féminine de la nouvelle génération a déjà fait belle figure aux premières heures du 45e Salon du livre de Montréal, mercredi dernier.
L’autrice Elizabeth Lemay y a reçu, en fin de journée, le deuxième Prix littéraire Janette-Bertrand, décerné à une œuvre promouvant l’ouverture, l’inclusion et la justice sociale. Une récompense qui salue son deuxième roman, L’Été de la colère, sorti l’an dernier. À travers des fragments de réflexions, Elizabeth Lemay aborde les considérations et les expériences qui forgent intrinsèquement les femmes : consentement, viol, rapport au corps, féminisme, relations aux hommes…

«Juste le fait d’avoir été lue par Janette Bertrand était un prix en soi», a énoncé la lauréate, jointe par Métro au lendemain de sa victoire.
Le jury du Prix Janette-Bertrand est présidé par l’ancienne première ministre du Québec, Pauline Marois, qui n’a pas caché avoir été interpellée par le propos de L’Été de la colère.
«Madame Marois me disait qu’elle a lu des passages du roman à son conjoint, à haute voix. Ça l’a vraiment touchée, tout ce qui avait rapport aux relations intimes. Et Madame Bertrand avait beaucoup de questions sur notre féminisme, nos contradictions. On a eu de belles discussions. C’était formidable de pouvoir discuter avec ces deux dames-là», a confié Elizabeth Lemay, qui sera présente au Salon du livre de Montréal samedi et dimanche.
Le 45e Salon du livre de Montréal se tient au Palais des congrès jusqu’au dimanche 23 novembre.