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Un sentiment de déjà-vu

Sylvain Ménard

L’être humain est une bibitte particulière qui passe son temps à vivre avec ses contradictions. En été, il fait la file au Dairy Queen pour se payer de la glace et un coup rendu à l’hiver, il rêve de se pousser au soleil en pelletant son entrée. Il rêve de temps libre et de plein air, mais passe néanmoins ses journées à niaiser sur Facebook. Et, quand vient le moment de renouveler son décor, il part à la recherche de mobilier «vintage» qui lui rappelle son enfance. Plus contradictoire, ça ne s’invente pas…

Dans le même ordre d’idées, on a très souvent tendance à refaire exactement ce que l’on s’était bien promis d’éviter à l’avenir. C’est peut-être pour cette raison que Jean Charest pense à reprendre sa carrière politique sur la scène fédérale. S’il y en a un qui sait que l’humain est capable de remettre le pied exactement là où il a marché sur une crotte de chien, c’est bien un politicien.

Là où l’affaire devient troublante, c’est que les conservateurs savent très bien que leur avenir repose en grande partie sur la nécessité de faire un gros X sur le passé en épousant une nouvelle vision des choses. Et la première solution qui semble les séduire: ramener un gars de la vieille gang! Y comprenez-vous quelque chose? Pas moi. Surtout que dans la liste de priorités des bleus, la reconquête du Québec est un enjeu incontournable. Croyez-vous que le Québec a déjà amplement donné dans le dossier Charest? Poser la question, c’est comme pas mal y répondre…

Ce qui m’amène au cas de Denis Coderre. On raconte qu’il serait présentement en train de sonder le terrain pour jauger le volume d’appuis qu’il pourrait récolter quant à un éventuel retour à la mairie de Montréal. Ce même Denis qui disait qu’on ne l’y reprendrait plus après son amère défaite en novembre 2017.

Oui, je sais que l’eau a coulé sous les ponts depuis et que le gars s’est refait une santé physique et morale. Tant mieux pour lui, il faisait peur à voir dans la dernière année de son unique mandat. Je me demande seulement comment il fera fi de ses embardées avec son Grand Prix de Formule E (on attend encore les explications claires du principal intéressé dans ce dossier) et sur le pharaonique réaménagement du parc Jean-Drapeau. Des stigmates de ce fameux 375e anniversaire qui, autrement, a laissé une foule de souvenirs parfaitement périssables.

S’il décide de se représenter au prochain scrutin municipal de 2021, ça serait la moindre des choses que monsieur Coderre prenne le temps de s’essuyer les pieds avant de refaire son entrée dans le salon de l’hôtel de ville.

Jean Charest et Denis Coderre ont parfaitement le droit de changer d’idées. Drapeau, Bourassa, Parizeau et Trudeau l’ont fait aussi.

Et nous dans tout ça? Ben, comme je vous disais, on vit avec nos contradictions. On ne nous changera pas.

•••

Parlant de déjà-vu, la première rencontre avec le nouveau propriétaire des Alouettes m’a ramené dans un vieux cauchemar. Des acheteurs sortis de nulle part, un projet de nouveau stade, un futur centre d’entraînement digne des plus grandes équipes professionnelles, plein de ceci et encore plus de cela. Tout ça pour une équipe de la Ligue canadienne de football qui ferme des sections dans ses gradins et qui perd de l’argent à grands débits depuis des années…

La dernière fois que j’ai entendu un chapelet de promesses pareilles, c’est quand «l’illustre» Jeffrey Loria a acheté les Expos. Trois ans plus tard, il se débarrassait du club et cinq ans plus tard, les Expos n’existaient plus.

Dites-moi que je me trompe…

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