Il faut sauver les industries du transport aérien et aérospatial
Il y a urgence, Monsieur Trudeau, nos travailleuses et nos travailleurs du transport aérien et de l’industrie aérospatiale comptent sur vous.
Nous le savons tous, l’industrie du transport aérien est pratiquement paralysée depuis maintenant près de huit mois. Les vols se font au compte-gouttes et les transporteurs ont mis au chômage des milliers de travailleuses et de travailleurs. Le ralentissement du trafic aérien a des impacts dévastateurs sur la demande d’avions commerciaux. Cette situation a eu des répercussions sur l’ensemble de l’industrie aérospatiale qui doit maintenant fonctionner à une fraction de sa pleine capacité. Notre économie, nos emplois et nos entreprises en ressortent fragilisés.
On est au bord de la catastrophe, de la faillite pour certaines entreprises. Tant du côté du transport aérien que de celui de l’industrie aérospatiale, personne n’est à l’abri. Les travailleurs et travailleuses en cabine, en alimentation, en entretien d’aéronefs, les agents de contrôle, les préposés à l’escale, les gardiens de sécurité, ainsi que ceux et celles œuvrant dans l’assemblage d’avions, la fabrication de moteurs et de diverses composantes sont tous affectés par les vagues de mises à pied.
Monsieur Trudeau, des milliers de familles dépendent du soutien du gouvernement fédéral à ces industries. Il y a urgence d’agir. On ne peut plus attendre.
Partout à travers le monde, en Europe, aux États-Unis, en Asie, les gouvernements ont investi des dizaines de milliards de dollars pour maintenir à flot les entreprises et les emplois de ces secteurs hautement stratégiques. L’industrie du transport aérien et celle de l’aérospatiale, compte parmi nos plus importants créateurs de savoir et de richesses. Refuser de les soutenir adéquatement risque de compromettre une relance juste et efficace de notre économie.
Avant mars 2020, le transport aérien au Canada représentait 241 000 emplois directs sans compter les dizaines de milliers d’emplois dans l’industrie touristique et l’industrie hôtelière. Ici, on parle de 633 000 emplois soutenus par le transport aérien et le tourisme. Pour un gouvernement, chaque dollar investi dans le développement de son industrie aérospatiale nationale crée de 2 à 3 $ de retombées économiques. C’est donc un investissement rentable.
Des emplois perdus dans le transport aérien, ce sont des fournisseurs qui mettent leur personnel à pied, des employés d’entretien qui se retrouvent au chômage, des fabricants de pièces qui n’ont plus de contrat. C’est un savoir-faire, des compétences de haut niveau et des emplois de qualité qui disparaîtront. C’est aussi un secteur très innovant.
Pourtant, Ottawa n’a pas hésité à soutenir l’industrie automobile lors de la crise financière de 2008. Et une fois de plus, il y a quelques semaines, en annonçant des investissements de 295 millions de dollars en Ontario pour construire des véhicules électriques et des batteries, et maintenir des emplois, et cela c’est sans compter les milliards de dollars débloqués pour le secteur pétrolier. L’industrie du transport aérien et l’industrie aérospatiale sont des secteurs structurants et créateurs de richesse pour le Québec et le Canada. Ces secteurs doivent être soutenus. Si rien n’est fait, ce que nous perdrons ira ailleurs et ne reviendra plus.
Il faut aussi rassurer les voyageurs pour les vols intérieurs et internationaux une fois que les frontières seront rouvertes de façon sécuritaire. Selon le conseiller médical de l’Association internationale du transport aérien (IATA), le risque qu’un passager contracte la COVID-19 à bord d’un avion est très faible, surtout depuis le port obligatoire du masque à bord d’un vol. Pour aider à la reprise, il faut aussi insister sur la mise en place de tests de dépistage rapides.
Monsieur Trudeau, c’est un cri du cœur que nous lançons. On ne peut abandonner ces industries et les familles qui en dépendent. Bien sûr, toute aide devra être consacrée à la reprise des activités et au maintien des emplois et non pour garnir les poches des actionnaires et des dirigeants.
Signataires
Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
David Chartrand, coordonnateur québécois de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA)
Benoît Bouchard, président du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec)
Dominic Lemieux, directeur québécois du Syndicat des Métallos
Richard Lamoureux, président, section locale 931 du syndicat des Teamsters Québec
Renaud Gagné, directeur québécois du syndicat Unifo