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Des mesures hivernales qui donnent froid dans le dos

Photo: Archives
Sandra Babin, Marie-Eve Desroches, Diana Lombardi, Sally Richmond - Collaboration spéciale

Nous critiquons aujourd’hui les mesures hivernales en itinérance de la Ville de Montréal qui portent atteinte à la dignité et la sécurité des femmes. Depuis plusieurs années, de nombreux groupes de femmes dédient temps et énergies dans des concertations et consultations touchant l’itinérance. Encore une fois, nous constatons que nos expertises et recommandations ne sont pas intégrées. Les mesures hivernales tout comme celles de la première vague de la COVID-19 ne prennent pas en compte les réalités des femmes.

Actuellement, à l’hôtel de la Place Dupuis, un étage et un service de transport sont réservés aux femmes. Toutefois, les conditions d’accueil rebutent de nombreuses femmes. Nos inquiétudes concernent premièrement le retrait des portes des salles de bain et des poignées de porte de toutes les chambres ainsi que de l’importante présence d’agent-es de sécurité qui entrent dans les chambres durant la nuit. Alors que ces mesures sont justifiées sous le couvert de la sécurité et de la prévention des surdoses, les ressources d’hébergement utilisent des moyens moins imposants avec succès. Ces mesures perturbent la possibilité de se reposer et amènent des enjeux de sécurité bien plus importants puisque les personnes partagent leur chambre avec des inconnues et n’ont plus droit à leur intimité.

Deuxièmement, nous voyons un important problème lié à l’attente en file pendant des heures pour accéder à une chambre. En plus d’exposer les personnes au froid, aux intempéries et à de potentielles éclosions de COVID-19, cette attente engendre un accès tardif à un lit et réduit le temps de repos potentiel avant la fermeture de la ressource le lendemain matin. D’ailleurs, cette importante attente crée également un sentiment de peur chez de nombreuses femmes puisque des tensions et des situations violentes éclatent à l’intérieur de la file, mais également avec les résident-es et commençant-es à proximité. Cet été, des heures d’arrivée différentes étaient offertes pour éviter les files interminables et accommoder celles et ceux ayant besoin de plus de repos. Il fait maintenant trop froid pour faire patienter des centaines de personnes à l’extérieur pendant de longues heures simplement pour avoir accès à une chambre pour la nuit.

Devant ces conditions indécentes et inhumaines, nous craignons que les femmes refusent davantage d’utiliser ces ressources et, par exemple, retournent habiter avec une personne violente, d’autant plus que camper est de plus en plus réduite, voire nulle, avec le démantèlement du campement sur Notre-Dame. Nous interpellons aujourd’hui la Ville de Montréal sur l’urgence d’agir pour rétablir des conditions d’accueil décentes et humaines pour les personnes en situation d’itinérance, et ce, hiver comme été.

Rappelons qu’en 2018-2019, les ressources d’hébergement pour femmes ont dû refuser plus de 35 000 demandes par manque de place et ce nombre n’a cessé d’augmenter avec la pandémie.

Ainsi, un nombre croissant de femmes doivent se tourner vers les ressources mixtes où elles ne se sentent pas en sécurité. Il est temps que les ressources d’hébergement pour femmes reçoivent un financement adéquat pour répondre aux besoins des femmes en difficulté à l’année afin d’éviter des mesures d’urgence inadéquates qui se répètent année après année.

Sandra Babin, Réseau habitation femmes

Marie-Eve Desroches, Table des groupes de femmes de Montréal

Diana Lombardi, Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux

Sally Richmond, Logifem

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