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«Enfin, je passe à travers le mur virtuel»

Tribune libre

Le mur virtuel qu’est resté entre le Canada et les États-Unis au cours des 17 derniers mois m’a empêché de vivre chez moi à Sutton, mon Shangri-la. J’ai enfin pu passer la frontière à 6h le 9 août, le premier jour où les citoyens américains vaccinés pouvaient entrer au Canada sans être désignés comme « essentiel ».  Peut-être comme vous, j’ai souffert la douleur dans ma vie parce que certaines personnes me sont considérés comme non essentiel. Je ne me suis jamais habitué à être interdit d’entrée au Québec. Nous ne pouvons jamais nous habituer à perdre ce que nous aimons.  

Je suis beaucoup plus âgé et pas plus sage qu’il y a 17 mois. Je suis revenu au Québec le 9 août comme un homme las, épuisé émotionnellement drainé au fond de mon réservoir. J’ai vécu 17 mois en isolement dans le condo de ma mère de 96 ans, dans une banlieue de Long Island à 96 kilomètres/60 miles de Manhattan. Des drapeaux Trump et des drapeaux américains sont affichés partout dans cette région, avec le genre de fierté et d’agressivité qui caractérise les gens qui soutiennent les dictatures, je suis désolé de dire. 

J’ai jeté un baiser au panneau « Bienvenue au Québec » sur la 139 à Abercorn lorsque je suis passé devant pour la première fois en 17 looooooooongs mois.  Un roulement de tambour a joué dans ma tête lorsque j’ai mis la clé dans la serrure de ma modeste maison à Sutton. À un certain moment au cours du matin de mon retour, j’ai perdu la clé de la maison et le porte-clés. C’est une bonne chose que j’ai apporté un deuxième porte-clés, dont je prends soin maintenant comme s’il était en or. Je me souviens que Freud disait que les accidents n’arrivent pas. Après 17 mois d’absence de Shangri-la dans la belle province, je suis plus consciente de la préciosité de Sutton et de Québec.

J’ai passé une grande partie de mes premiers jours à Shangri-la à nettoyer les excréments des souris. Ce n’était pas la même chose que de pelleter de la merde d’éléphant sous la direction d’un maître zen, mais j’ai suivi le courant. Maintenant, je suis capable de méditer pendant de courtes cordes de moments tandis que je marche sur les sentiers du Mont Sutton. Chez moi j’alterne la musique minimaliste d’Erik Satie à faible volume et la musique des Rolling Stones à plus fort volume. Je sens encore une fois l’odeur des lieux familiers et des visages familiers de Sutton. Je suis apaisé et énergisé à Sutton. Je trouve quelque chose de plus précieux que l’or au Québec, je trouve de l’espoir pour l’avenir. Mais je ne suis pas sûr que mon équilibre psychologique sera jamais complètement rétabli, après mes 17 mois d’immersion dans ce que j’appelle la Guerre Civile Froide aux États-Unis. J’ai subi des pertes de famille et d’amis. 

La légende Mi’kmaq de la princesse du Mont Pinacle, qu’appelle les femmes à donner naissance à des personnes d’un nouvel âge, est une légende qui, j’espère encore, se révélera prophétique.

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