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Voter logement

Tribune libre
James Hughes - Collaboration spéciale

À moins d’une semaine du vote aux élections fédérales, nous assistons à un vrai combat en dents de scie. Et les personnes qui ont du mal à se loger pourraient faire pencher le vote… 

Ils sont 1,7 million de ménages canadiens à vivre dans un logement inabordable, surpeuplé ou nécessitant des réparations majeures. Les organisations canadiennes pour le logement disent à ces électeurs : Votez logement ! Elles interpellent aussi les 36 % de Canadiens qui ont été sans-abri ou qui connaissent quelqu’un qui l’a été. L’objectif de ce mouvement national : s’assurer que les partis politiques qui prennent le logement au sérieux obtiennent plus de votes que ceux qui le traitent comme n’importe quel autre enjeu électoral. 

Éviter un dérapage Pourquoi faire du logement et de l’accessibilité des logements l’enjeu décisif de la campagne fédérale ? La raison est simple : empêcher que Montréal devienne comme Los Angeles, Seattle ou San Francisco, où le phénomène de l’itinérance est hors de contrôle. Les tensions civiques et les énormes dépenses publiques auxquelles ces villes font face doivent être évitées à tout prix au Canada. Seattle, dont la population est à peu près similaire à celle de Montréal, compte trois fois plus de personnes sans-abri un soir donné (près de 12 000 personnes contre environ 4 000 à Montréal). 

La tendance à Montréal n’est cependant pas encourageante. Le nombre de personnes itinérantes a commencé à augmenter et la pandémie n’a fait qu’empirer les choses. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a laissé entendre que le nombre de personnes sans-abri pourrait avoir doublé au cours des 18 derniers mois. Les lits dans les établissements d’urgence de la ville sont pleins même au début du mois, ce qui est inhabituel. Au moment d’écrire ces lignes, les unités de débordement étaient également remplies au maximum de leurs capacités. 

Un fossé qui se creuse Ces chiffres augmentent en grande partie à cause de l’écart croissant entre les revenus et le prix des loyers. Une personne bénéficiant de l’aide sociale au Québec recevra en moyenne 700 $ par mois alors que les loyers moyens à Montréal pour un appartement d’une chambre ou un studio commencent à ce même niveau. Et ces prix sont plus élevés dans de nombreux quartiers de la ville. Il n’y a tout simplement pas de logements vacants en ville pour les personnes à très faible revenu. La seule façon de combler cet écart, c’est par des investissements publics immédiats et à long terme. 

Voici d’autres propositions : 

  • Mettre en œuvre une stratégie de logement autochtone dans les zones urbaines, rurales et nordiques. 
  • S’engager à prévenir et à éliminer l’itinérance. 
  • Investir dans la construction et l’exploitation de 50 000 logements avec services de soutien sur une période de dix ans. 
  • Construire et acquérir au moins 300 000 logements très abordables hors marché, en coopérative et sans but lucratif, sur une période de dix ans. 
  • S’engager à réaliser progressivement le droit au logement, en prenant des mesures pour limiter l’impact de la financiarisation du marché du logement locatif. 
  • Étendre l’aide au loyer pour les ménages à faible revenu. 

Si le prochain gouvernement ne prend pas ces engagements minimaux, nous pouvons prédire avec certitude que Montréal, Halifax, Edmonton et Ottawa verront leurs rues et leurs parcs publics de plus en plus remplis de personnes sans-abri. 

Nous vivrons inévitablement les conflits et les inégalités qui sévissent sur la côte ouest américaine. Les gouvernements canadiens devront dépenser de l’argent pour des refuges et des services de police pour gérer l’itinérance au lieu d’investir maintenant dans des logements abordables pour la prévenir.

James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery

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