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Le Canada doit ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Photo: Gerasimov174/iStock
François Avard, Ariane Émond, Martin Forgues, Jacques Goldstyn et Christian Vanasse - Collaboration spéciale

Le 26 septembre marquait la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, un objectif d’une importance capitale dans la période extrêmement dangereuse que nous traversons. Alors que les États-Unis font pression sur leurs alliés pour qu’ils adoptent une posture plus agressive vis-à-vis de la Chine, y compris sur le plan militaire, le Canada doit refuser et poser le geste responsable de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Le risque des armes nucléaires 

Il est connu depuis longtemps qu’une guerre nucléaire, selon son ampleur, causerait de dizaines ou des centaines de millions de victimes immédiates. Les modèles climatiques les plus récents confirment aussi ce qui a été appréhendé dès les années 1980, à savoir qu’une guerre nucléaire engendrerait des changements climatiques durables pouvant plonger une grande partie de l’humanité dans la famine. 

Ces risques ne sont ni théoriques, ni improbables, car nous sommes déjà passés très près de la catastrophe à plusieurs reprises. Plus récemment, en octobre et en janvier derniers, la Chine aurait cru à une attaque imminente de la part des États-Unis et le chef d’État-major étasunien Mark Milley – qui redoutait aussi que Trump ne déclenche une attaque nucléaire! – aurait secrètement téléphoné à son vis-à-vis chinois pour le rassurer à cet égard. 

Une nouvelle guerre froide… qui se réchauffe dangereusement 

Depuis 2010, sous Obama et Trump, les États-Unis ont entrepris de « moderniser » tout leur arsenal nucléaire : nouvelles armes nucléaires, nouveaux missiles, nouveaux sous-marins et bombardiers stratégiques. Le président Biden poursuit dans la même veine. De leur côté, la Russie et la Chine ont emboîté le pas de la « modernisation » de leurs arsenaux nucléaires. 

La nouvelle Guerre froide, mise en œuvre par les États-Unis, se manifeste par un discours antagonisant de plus en plus la Chine et la Russie. Cette rhétorique de confrontation s’accompagne des exercices militaires de l’OTAN les plus importants depuis la fin de la Guerre froide, aux portes mêmes de ces deux pays. En 2018, la nouvelle Stratégie de défense nationale (SDN) des États-Unis a substitué à la « guerre contre le terrorisme » une nouvelle priorité : la concurrence stratégique avec la Chine et la Russie. Puis, en mars 2021, le Royaume-Uni a adopté les mêmes orientations, en annonçant aussi une hausse de 45 % du plafond de ses ogives nucléaires. Il y a quelques jours, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie révélaient leur nouveau partenariat stratégique « pour contrer la Chine ». 

De plus en plus, l’idée d’une guerre à venir entre les États-Unis et la Chine prend place dans le discours public, une perspective d’une irresponsabilité et d’une inconscience totales, au vu des conséquences possibles. 

Que devrait faire le Canada ? 

Le Canada porte une grande responsabilité dans la genèse et la persistance du péril nucléaire. Impliqué dans le projet Manhattan pour mettre au point les premières bombes atomiques, il a ensuite vendu assez 

d’uranium aux États-Unis et au Royaume-Uni pour fabriquer 15 000 bombes nucléaires. Depuis des décennies, le Canada soutient en paroles l’élimination mondiale des armes nucléaires, tout en s’opposant aux mesures concrètes pour atteindre cet objectif. En 2016 il a voté contre la résolution de l’ONU établissant le processus qui a conduit au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et, comme 28 des 29 pays membres de l’OTAN, il a ensuite boycotté ce processus et refusé de ratifier le Traité qui est entré en vigueur le 22 janvier 2021. 

S’il veut contribuer à freiner la folie actuelle, le Canada doit changer de cap, renoncer à la politique nucléaire de l’OTAN et ratifier le TIAN, tel que souhaité par 74 % des Canadiens et des Canadiennes. Il doit faire valoir qu’aucun enjeu économique ou stratégique ne vaut qu’on risque la vie d’une grande portion de l’humanité, voire sa survie même. 

François Avard, auteur et scénariste 

Ariane Émond, journaliste indépendante, animatrice et auteure 

Martin Forgues, ex-militaire, journaliste indépendant et auteur 

Jacques Goldstyn (alias Boris), auteur, illustrateur et caricaturiste 

Christian Vanasse, auteur et humoriste 

Parrains et marraine de la campagne 2021 du coquelicot blanc.

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