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Combattre le racisme par des stéréotypes

Québec lance une nouvelle campagne pour lutter contre le racisme et mettre fin aux préjugés Photo: capture d'écran
Raphaël Fiévez - Technicien en travail social, étudiant en philosophie

LETTRE OUVERTE – Lundi 22 novembre dernier, le ministre délégué à la lutte contre le racisme au Québec, Benoît Charrette (Coalition Avenir Québec) a annoncé un programme de publicités s’étalant sur trois ans, avec un budget de 3,5 millions de dollars, en vue de lutter contre les préjugés et le racisme. Nous nous devons de féliciter le gouvernement de prendre acte qu’il existe bel et bien du racisme au Québec, comme ailleurs dans le monde. Nous ne sommes pas encore face à une reconnaissance du phénomène systémique, mais nous avançons.

Après avoir visionné les différentes vidéos, je dois avouer avoir eu un petit ricanement. Oui, il faut combattre le racisme sous toutes ses formes. Oui, il faut déconstruire des préjugés toxiques et rendant la société suspicieuse de chacun. Oui, nous devons apprendre à vivre avec la différence car elle est inhérente au genre humain (animal aussi d’ailleurs). Oui, nous pouvons faire des campagnes pour prôner la tolérance, le respect mutuel, l’universalisme humain ou encore défendant des valeurs humanistes et inclusives. Mais, ces vidéos publiées sont loin de cela.

Ainsi, dans une vidéo, nous pouvons voir à titre d’exemple: «Au Québec, un homme originaire d’Amérique du Sud avec des tatouages qui court dans la rue, on appelle ça: un voisin québécois. Mettons fin aux préjugés.» ; ou encore : «Au Québec, cinq personnes d’origine arabe rassemblées dans un appartement, on appelle ça: une famille québécoise. Mettons fin aux préjugés».

Que dire face à ces vidéos et ces phrases ?

Je dirais que nous combattons, au Québec, le racisme et les préjugés par des préjugés et des stéréotypes. De fait, nous pouvons voir par exemple l’association d’un homme venant d’Amérique du Sud avec la présence de tatouages. N’est-ce pas là justement un préjugé et un stéréotype ?

Dans l’autre exemple cité, c’est également un préjugé concernant le rassemblement de cinq personnes arabes dans un logement comme étant quelque chose pouvant susciter une forme de racisme. Non, il n’y a pas que des arabes ayant recours à ce type de rassemblement. Est-ce vraiment dans ce genre de situation que le racisme, les préjugés opèrent le plus ?

Que dire aussi de cette erreur monumentale d’oublier les populations autochtones de ces vidéos ? En effet, nous voyons dans ces vidéos des personnes noires, des personnes arabes, des personnes asiatiques et un individu latino-américain avec des tatouages ; aucunes traces des personnes autochtones alors que cette campagne serait suite aux recommandations entourant la mort tragique de Joyce Echaquan. Maladresse du gouvernement ? Oubli ? Peur de froisser ? Bonne question.

Que dire également de cette maladresse grotesque de ne pas inclure «québécois» dans les vidéos anglophone ? (Oubli aberrant qui va être rectifiée après la fronde de plusieurs personnalités politique).

Face à ce coup de publicité, je me demande si les 3, 5 millions n’auraient pas été mieux investis dans des mesures concrètes afin de contrer le racisme sévissant en matière d’accès au logement ou encore dans la lutte contre les arrestations arbitraires de certaines communautés.

Le racisme et l’intolérance ne se combattent pas avec des publicités. Non, cela commence par l’éducation et la sensibilisation aux différences jonchant ce monde.

Raphaël Fiévez
Technicien en travail social, étudiant en philosophie

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